Maire : beaucoup disent que c’est le plus beau des mandats. Et tout le monde sait – plus ou moins – que c’est aussi le plus difficile, le plus passionnant, parfois le plus gratifiant, parfois le plus ingrat. Mais, depuis la mort tragique du maire de Signes, qui a ému à juste titre chacun d’entre nous, on découvre que c’est aussi un mandat dangereux.
Il faut bien convenir qu’avec les attentats islamistes, la crise des gilets jaunes, l’explosion des violences et, plus généralement, l’ensauvagement de la société, les temps sont devenus quelque peu anxiogènes. Et l’actualité politique des derniers jours est dominée par la violence frappant les élus, avec un amalgame assez dérangeant entre la mort du maire de Signes et les dégradations visant les permanences des députés LREM.
François Baroin, président de l’Association des maires de France, n’hésite pas à sauter à pieds joints dans l’amalgame avec le titre de son interview au JDD : « Haïr les élus, c’est haïr la République. » Or, le même JDD publie un sondage qui montre que les Français, eux, font quand même un net distinguo entre élus et élus, entre un tag anti-CETA sur une permanence de LREM et la mort du maire de Signes. En effet, ils sont 83 % à avoir une bonne image des maires, chiffre qui tombe à 33 % seulement pour les députés et sénateurs, et à 38 % pour l’ensemble des élus. Mais, surtout, le sondage révèle que, si 47 % des Français condamnent les dégradations des permanences de députés LREM, 44 % les comprennent (sans les approuver) et 9 % vont même jusqu’à les approuver.
Les Français ne sont pas dupes de l’instrumentalisation de la mort du maire de Signes par certains élus, notamment de la majorité, dans le but d’une part d’interdire toute critique de leur vote en faveur du CETA, d’autre part de faire oublier les causes réelles de la mort de ce maire : une recrudescence de la violence et de l’insécurité qui touche, non seulement les maires, mais tous les Français. Pas étonnant qu’ils aient été touchés par son dévouement et sa mort révoltante.