Alors que des intérêts économiques énormes s'emploient à ménager la Chine quelques voix courageuses s'élèvent. Or, c'est actuellement sur ses frontières que se focalisent les critiques.
À cet égard, ce que fait le régime de Pékin dans le territoire que l'on appelait autrefois Turkestan chinois mérite certes les condamnations que l'on commence à entendre dans le monde entier. Dans cette seule région, les autorités communistes ont détenu plus de 1,5 million de Ouïgours et d'autres minorités accusés d'avoir "des idées religieuses fortes" et "politiquement incorrectes" dans un vaste réseau de camps d'internement depuis avril 2017.
Jusqu’à une date récente le pouvoir central et ses relais de désinformation niaient l'existence de tels camps. Devant l'évidence de leur découverte, en 2019, on a assisté à un changement de discours. À une dénégation contre-productive, a succédé une présentation édulcorée : il s'agirait tout simplement de "pensionnats" dispensant une formation professionnelle et veillant à la déradicalisation des populations. En somme on détient préventivement les intéressés en vue de lutter contre le terrorisme.
Remarquons d'abord qu'on y voit les choses en grand, puisque cela concerne des centaines de milliers de personnes.
N'ironisons même pas sur les effets ordinaires de la détention sur la propagation des idéologies extrémistes : le problème se pose de la même manière dans nos pays occidentaux, où les prisons cessent de fonctionner comme "écoles du crime", pour devenir celles du salafisme.
Constatons que la Chine n'a rien inventé dans le mensonge par journalistes internationaux interposés, n'hésitant pas à organiser la visite de complaisants professionnels en provenance de pays tout à fait objectifs et démocratiques, en l'occurrence la Thaïlande, l'Indonésie, le Kazakhstan et la Russie.
Or, le respect de la vérité amène à constater que si les dénonciations de ce qui se passe dans cette région, théoriquement autonome, sont indiscutablement fondées, on doit rappeler que plusieurs territoires mériteraient autant l'attention de l'opinion mondiale.
Le Xin-jian, – écriture pinyin, on écrivait naguère "Sinkiang", – cela signifie "nouvelle frontière", car cette province de 1 660 000 km2, 3 fois grande comme la France, n’a été conquise par l'Empire du Milieu qu'en 1759.
En s'en tenant à la carte officielle des régions [faussement] autonomes, amputées chacune de la moitié de leurs territoires ethniques, on comprend qu'elles représentent pas loin de la moitié de la superficie de la Chine continentale et que leur conquête récente remonte au XVIIIe siècle, sous la dynastie Mandchoue (1644-1912).
Mais en l'occurrence c'est d'abord le réseau du politiquement correct islamiste, qui, depuis le choc pétrolier de 1973 dispose des fonds de propagande les plus fonds considérables, et qui le met en évidence.
Les bouddhistes de Mongolie et du Tibet n'ont pas autant de chance : et comme le bouddhisme s'oppose à des immigrés islamiques, rohingyas en Birmanie, tamouls à Ceylan, les bouddhistes ont beaucoup moins la cote. Plus mal traités, d'ailleurs, par la désinformation politiquement correcte, les hindouistes qui osent faire front face aux réseaux du terrorisme basés au Pakistan.
Bien entendu, on se préoccupe beaucoup moins encore des 60 millions de chrétiens chinois. Ils sont pourtant les victimes de la même répression. En effet le gouvernement chinois riposte à l'opposition des autochtones du Xin-jiang, comptabilisés comme musulmans, par une persécution de toutes les religions.
Ainsi en est-il de la fameuse "secte" Falun gong. Ses dangereux principes s'appellent Authenticité, Bonté et Tolérance. Mais, en 1999, elle a refusé d’être satellisée par le parti unique. Elle a donc été cataloguée ennemie du peuple. À l'époque de Jiang Zemin un bureau "610" fut alors créé pour coordonner la répression dans tout le pays. Outre les mauvais traitements habituels on a pu identifier des cas de trafics d'organe. Les choses sont aggravées depuis l'ascension de Xi Jinping, secrétaire général du Parti et président de la Commission militaire depuis 2012.
Le gouvernement communiste de Pékin n'opprime d'ailleurs pas seulement les minorités ethniques, les religions et les régions périphériques, il exploite, quadrille, espionne et terrorise tout son peuple. Il a restauré une nouvelle forme d'esclavagisme.
Et c'est à ses fabricants de jouets en plastique que des millions d'Européens vont acheter des jouets pour Noël, et des téléphones.
JG Malliarakis
https://www.insolent.fr/2019/12/les-regards-fausses-sur-la-chine.html