Toujours aussi avisé, le gouvernement a envoyé, jeudi soir, Gérald Darmanin et Sibeth Ndiaye pour défendre la réforme des retraites sur le plateau de France 2, dans l’émission « Vous avez la parole ». Il est vrai que Jean-Paul Delevoye étant déjà carbonisé, on fait avec ce qui reste en magasin…
Pour ceux qui soutenaient encore cette réforme, une chose est sûre : après avoir entendu les deux ministres répondre aux questions du panel de Français, de Martinez et des autres, il y a de fortes chances qu’ils n’y croient plus du tout. Face à des Français très bien informés, ce sont les ministres qui ont fait figure d’amateurs. On aurait dit deux Séraphin Lampion, assenant slogans et plaisanteries de mauvais goût pour placer le produit…
Darmanin a multiplié les blagues balourdes sans jamais parvenir à dérider personne, les suppliques du style « Moi, je vais vous faire du mal ? », les évocations incessantes de sa mère, femme de ménage de profession, pensant sans doute faire larmoyer dans les chaumières. Ndiaye a passé son temps à contourner les questions dans un style ampoulé, énumérer les approximations, réclamer de la confiance, quand le gouvernement est passé maître dans l’art de rouler la contestation (voir le Grand débat)…
Deux moments forts : à la directrice d’école qui lui évoquait une baisse de plus de 600 euros mensuels de sa retraite, la porte-parole du gouvernement a évoqué, apparemment à l’improviste, un plan de hausse des salaires dans l’Éducation nationale. Mais la soi-disant hausse surviendra-t-elle avant la réforme des retraites ou n’est-ce qu’un mirage pour calmer les colères ?
Puis, on a vu le sourire soulagé de Darmanin en incrustation pendant un reportage dans la ferme d’une agricultrice présente sur le plateau : les agriculteurs semblaient satisfaits de la réforme (enfin un compliment, a dû se dire le ministre). Sauf qu’une fois le reportage terminé, la fameuse agricultrice a fustigé la politique agricole nocive du gouvernement…
On sentait vraiment les deux embarrassés, peu convaincus de leurs propres arguments. Dans ce naufrage, c’est Martinez, sourire jusqu’aux oreilles, qui s’est régalé : on ne l’avait jamais vu à pareille fête, reprenant de volée chacune des erreurs, approximations, omissions et contre-vérités des deux ministres – et Dieu sait s’il y en eut. Si c’est avec ça que le pouvoir espère redresser la barre…