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Ordre nouveau raconté par... Rivarol

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Robert Spieler, Rivarol cliquez ici

Ordre Nouveau et la création du Front national

Ordre Nouveau… Ce sont des têtes chenues, des femmes et des hommes âgés de plus de soixante-dix ans aujourd’hui, qui se souviennent, cinquante ans après sa création, de cette aventure exaltante que fut Ordre Nouveau, qui fut à l’origine de la création du Front national, et sans qui, peut-être, Jean-Marie Le Pen ne se serait jamais relancé dans le combat politique. André Chanclu et Jacques Mayadoux nous offrent une plongée dans ce passé exaltant, que vécut l’auteur de ces lignes, dans un livre orné d’une croix celtique, paru aux éditions Synthèse. Son titre : Ordre Nouveau, 1969-1973, raconté par ses militants. On y trouve maints témoignages et documents passionnants. Les auteurs écrivent dans leur avant-propos : « Nous y avons vécu le moments les plus fulgurants de notre vie ». La bande son de cet ouvrage, disent-ils, est cette chanson d’Edith Piaf : « Non, je ne regrette rien. », ajoutant : « Oui, nos enfants pourront dire avec fierté : Ordre Nouveau… Mon père / ma mère y était ».

Alain Robert, le chef

Qui, sinon ceux qui ont vécu cette épopée, se souvient d’Alain Robert, qui fut pourtant le cofondateur et le chef d’Ordre Nouveau ? Consultez Internet, et vous aurez des pages consacrées à son homonyme, le « Spider-Man français », connu dans le monde entier pour escalader à mains nues les tours les plus gigantesques. Alain Robert était âgé de 24 ans. Bon orateur, sachant enthousiasmer les jeunes militants, peut-être plus chef de bande (sans aucune connotation négative) que chef de parti, il fait penser à Jean-Pierre Stirbois, en, sans doute,  plus charismatique. Après la dissolution d’Ordre Nouveau, la création du Front national et l’épisode du Parti des Forces nouvelles (PFN), il choisit de rejoindre le RPR, et devint un proche de Pasqua. Il réussit ainsi à se faire élire conseiller général et conseiller régional, mais jamais ne put décrocher la députation, qui était sans doute son rêve. Il en conçut certainement de l’amertume et eut peut-être  le sentiment de s’être trompé dans ses choix et de ne pas avoir été reconnu à sa juste valeur. Il a, depuis 50 ans, toujours refusé de témoigner. Il s’exprime pour la première fois dans la préface de ce livre passionnant. Il rappelle que cette époque était d’une très grande violence avec la Bande à Baader en Allemagne, les Brigades rouges en Italie, la Gauche prolétarienne en France. Des jeunes de droite, essentiellement anticommunistes au départ, « s’opposaient à l’abandon, par la bourgeoisie et le gaullisme, de leur génération au marxisme » Ils décidèrent de s’organiser, créant, après la dissolution d’Occident,  un syndicat étudiant, le GUD, dont un des lieux phares sera Assas. Peu de relais, dit Alain Robert  «  hormis quelques journalistes comme François Brigneau, Claude Joubert, Gabriel Jeantet ou Jean-Pax Méfret ». Cette phrase sonne étrangement quand on mesure le vide sidéral que nous vivons aujourd’hui. Le GUD et Ordre Nouveau vont créer un nouveau style à droite, très moderne, avec un nouveau graphisme. On se souvient des aventures des célèbres « Rats noirs », sous forme de bande dessinée, qui ridiculisaient les gauchistes et des extraordinaires polices d’écriture inventées par Jack Marchal, un illustrateur génial. Giorgio Almirante et le MSI servirent de modèle à la création d’Ordre Nouveau en décembre 1969.  Il y aura ces meetings, dont celui du Palais des Sports en 1971, violemment attaqués par les gauchistes, les ventes à la criée du journal Pour un Ordre nouveau, l’extraordinaire local-bunker du 8, rue des Lombards, puis la dissolution du mouvement en 1973. Nous y reviendrons.

Ce que fut Ordre Nouveau

Pascal Gauchon, ancien membre du bureau politique d’Ordre Nouveau, ancien secrétaire général du PFN, historien de grande qualité, raconte l’ambiance de l’époque. Entré en terminale au prestigieux lycée Louis-le-Grand, il découvre «  les fils de ministres, de chefs d’entreprise, d’intellectuels et d’artistes dont beaucoup chantaient les louanges du président Mao, récitant en les savourant ses citations d’une platitude consternante et se montraient en toutes choses d’un sectarisme sans faille, faisant preuve d’une absence totale d’humour ». Gauchon nous livre cette image savoureuse : « Je me souviens de la façon dont ils se félicitaient de la décision chinoise de transformer les feux rouges en feux verts, le rouge ne pouvant être la couleur de l’arrêt » ! Il y avait pourtant des points communs entre les gauchistes et les militants du GUD ou d’Ordre Nouveau : l’engagement, l’absence de respect pour nos aînés, la certitude que nous ferions mieux qu’eux, le mépris des normes bourgeoises, le romantisme révolutionnaire alimenté de notre côté par le souvenir de l’Algérie française ou par l’épopée du Baltikum. Ordre Nouveau, nous dit Pascal Gauchon, « nous fit passer de l’adolescence à l’âge adulte. Ce fut notre roman d’apprentissage ». Jack Marchal nous entraine aux origines d’Ordre Nouveau. Après la dissolution d’Occident, l’objectif de quelques valeureux combattants fut de regrouper toute cette « opposition nationale » disparate, faite d’anciens de l’Algérie française, des comités Tixier, d’Europe-Action, de journalistes influents, d’ « indépendants et paysans » qui vivaient dans le souvenir de Pinay. Après l’échec de l’OAS, cette fois-ci sera la bonne… L’équipe autour d’Alain Robert va s’étoffer. On ira chercher un vieux, l’avocat Galvaire (pensez, il avait 31 ans !), et même de très vieux qui pourtant étaient encore jeunes tels Gabriel Jeantet et François Brigneau. Jack Marchal écrit : « Nous étions une bande de génies, de cloches, de n’importe quoi, de crétins et de héros, tout ce qu’il fallait pour faire un peuple, et nous étions les rois du monde » L’Europe ?  «  On y croyait dur comme fer », dit Marchal. Notre continent, par nécessité géopolitique, devait s’unir. La Communauté économique européenne en serait un instrument. Le génial dessinateur des Rats noirs décrit ainsi le crash final : « Nous ne soupçonnions pas que ce rêve se fracasserait un jour dans le traquenard de Maastricht. Avouons qu’à cet égard maints maurassiens et gaullistes ont été plus lucides que nous. » Mais il est fascinant de relire les plaquettes présentant le programme d’Ordre Nouveau, d’une incroyable modernité. Tous les thèmes sociologiques et politiques sont abordés, depuis le refus du libéralisme et de la transformation du travailleur et du citoyen en consommateur, jusqu’à la réforme de l’Etat et la refondation de l’Etat et la protection de l’environnement et des ressources naturelles. En cette époque où la droite voit en Israël le « bastion de l’Occident » (cela n’a pas changé), Ordre Nouveau revendique la création d’un Etat palestinien ouvert sur la mer par le rattachement de la  bande de Gaza et le retour aux frontières d’avant 1967.

La création du Front national et la dissolution d’Ordre Nouveau.

Fin 1972, les responsables d’O.N., inspirés par le modèle italien, s’attellent à l’élargissement du mouvement, avec pour objectif d’offrir un débouché politique aux électeurs, car les élections législatives de mars 1973 approchaient. La tentation de faire de la politique et plus seulement de l’activisme l’emportera au sein d’ON. Ce fut le choix, inspiré du modèle italien, de créer le Front national et de remplacer la croix celtique par la flamme tricolore empruntée au MSI italien. O.N. alla chercher un retraité de la politique qui se morfondait depuis l’échec de la campagne présidentielle de 1965 de Jean-Louis Tixier-Vignancour : Jean-Marie Le Pen. Il s’agissait de trouver un porte-parole quelque peu respectable, en aucun cas un chef. Ils ne connaissaient pas bien le Menhir. Cela finira mal. Insistons sur ce point méconnu. Le Front national a été créé à l’initiative d’Ordre Nouveau et non de Jean-Marie Le Pen ! Les ennuis n’allaient pas tarder à surgir. Il y eu très vite une scission, quelques purs s’insurgeant contre le projet. Marchal note : « Le J.-M. Le Pen des années 1990 restera dans l’histoire comme un magicien du verbe et un leader visionnaire, mais durant l’hiver 1972/1973, nous avons surtout connu le Le Pen des mauvais jours. » Il n’y avait aucune dynamique, l’argent ne rentrait pas, les adhésions encore moins. Marchal poursuit : « Il faut dire que Le Pen ne nous facilitait pas la tâche. Il se voyait trop qu’il sortait de sept ans de congélateur, il n’habitait pas bien son personnage, multipliait les annonces baroques, irréalistes, voire carrément foutraques, comme promettre des centaines de candidats aux législatives et plusieurs élus à la faveur de triangulaires. Il appliquait le principe selon lequel l’autorité d’un chef se mesure au diamètre des couleuvres qu’il est capable de faire avaler à ses subordonnés. » La campagne législative n’impactait pas. La faute, pour Le Pen, à Ordre Nouveau qui représentait tout de même les deux tiers des militants. Il en vint jusqu’à raconter à son proche entourage qu’O.N. avait été mandaté par les « services » pour saboter le grandiose Front qu’il n’aurait pas manqué de bâtir lui tout seul. Ambiance… Marchal évoque « un climat désagréable, pénible à raconter ». Les élections législatives furent évidemment un échec. Le Pen enjoignit à O.N. de se dissoudre dans le Front. Refus de l’organisation nationaliste, qui lança sous son nom une grande campagne contre l’immigration, apportant un nombre considérable d’adhésions. Très curieusement, Le Pen était hostile à une telle campagne anti-immigration. Il n’y croyait pas. Il désapprouvait ce thème « provocateur ». On connait la suite. Le meeting sanglant d’O.N., le 21 juin 1973, attaqué par de violentes hordes gauchistes, auquel Jean-Marie Le Pen refusa de participer. Le Pen avait craint que le gouvernement n’amplifiât la menace de dissolution et ne l’étendît à la structure fédératrice, à savoir le FN. Puis tomba la scandaleuse dissolution d’O.N. par le gouvernement, en même temps que celle de la Ligue communiste. Le Pen profita de la dissolution par Raymond Marcellin, ministre de l’Intérieur (et titulaire de la Francisque n°2239 !) pour faire décamper les valeureux militants d’ON du FN. Beaucoup ne l’ont pas oublié et ne lui ont jamais pardonné. Puis vint la création par ceux-ci du Parti des Forces nouvelles (PFN), avec Alain Robert et Pascal Gauchon. Mais ceci est une autre histoire. Jack Marchal dit : « Ce faisant, il a perdu dix ans de sa vie politique ». Le Pen devait qualifier, plus tard, en 1998, la tentative de « putsch » de Bruno Mégret, de « vengeance d’Ordre Nouveau ». Sans doute exagéré, mais pas complètement faux, commente Marchal.

Nostalgie…

« Nous avons eu une belle jeunesse », écrit Alain Le normand, un militant Havrais. Joël Dupuy, le fameux sergent Dupuy, qui créa plus tard le comité de défense de l’armée, dit : « C’est à Ordre Nouveau que je me suis formé politiquement et que se sont forgées les plus belles amitiés. Le slogan « Europe ! Jeunesse ! Révolution ! » était sans doute celui que nous préférions, car il avait du sens pour nous », évoquant « cette camaraderie qui demeure aujourd’hui (cinquante ans plus tard !), malgré l’éloignement et les choix différents que la vie réserve parfois ». Jacques Mayadoux, lui, parle de « cette communauté, cette concordance des âmes, indestructible malgré les chemins divers, tortueux, qui perdure à ce jour, et pour toujours » et cette croyance commune : l’honneur, le courage, la fidélité, l’amour de notre peuple ». Véronique Péan évoque Ordre Nouveau comme étant le « plus brillant des soleils qui ont traversé ma jeunesse ». Elle écrit : « O.N., c’était un clan, parfois une horde quand nous passions à l‘action. Nous étions liés les uns aux autres par une aspiration commune, cet ordre nouveau assez mal défini mais intrinsèquement nationaliste et pan-européen, et par des obligations de solidarité envers les autres membres du clan ». Jean-François Santacroche, aujourd’hui avocat des nationalistes (y compris corses) persécutés, définit ainsi O.N. : « Anticonformiste, antibourgeois, irrespectueux, amitié… c’était ça pour moi, Ordre Nouveau ». C’était ça, pour nous.

Pour conclure, replongeons-nous dans l’ambiance d’Ordre Nouveau. Son local, 8, rue des Lombards, que Franck Timmermans décrit ainsi : « La chicane, les portes blindées, l’ambiance des caves bondées, notre impayable Hilaire Chollet à l’administration ». Hilaire Chollet, qui m’accueillait au local, lors de mes passages à Paris. Un vieux monsieur, qui nous racontait son six février 34. On m’a dit qu’il pénétra parmi les premiers dans l’église de Saint-Nicolas du Chardonnet, brandissant l’oriflamme, au cri de « Au nom du Christ-Roi ! » Et puis, l’ambiance de la rue des Lombards, avec toutes ces « dames », une « ambiance que seul Fellini aurait pu imaginer » dit Timmermans, et ces meetings formidables, la voix d’Alain Robert qui savait galvaniser les troupes, le talent de François Brigneau, la ferveur militante. Et ces « cognes », à un contre dix, avec les gauchistes. O.N. fut, dit Timmermans « une école, celle de la camaraderie, du courage, du militantisme et une formidable initiation à la vie politique ». Nostalgie… Qu’est devenue l’espérance nationaliste ? Qu’est devenu le Front national ? Quelle misère…

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« Ordre Nouveau raconté par ses militants », d’André Chanclu et Jacques Mayadoux, 265 pages, 32 euros, port inclus, à Synthèse nationale, 9 rue Parrot CS72805, Paris 75012

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