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Avec l’affaire Mila, l’islamophobie en prend un coup

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L’« affaire  » se dégonfle peu à peu. Nicole Belloubet est allée à Canossa en passant par Le Monde pour expliquer que le délit de blasphème n’existe pas en France, que « juridiquement, l’insulte à la religion n’existe heureusement pas dans notre République. Seules sont réprimées les injures faites à autrui en raison de son appartenance à une religion déterminée, comme celles adressées à une personne en raison de ses origines, de ses orientations sexuelles, de son sexe… » Dont acte.

Revenons au contexte et au texte. Une adolescente repousse les avances d’un jeune homme en déclarant qu’elle préfère les filles aux garçons et que les Arabes ne sont pas « son style ». Question : a-t-on encore le droit d’avoir un style ou de ne pas en avoir, et surtout de l’exprimer ? Est-ce, alors, raciste de dire que les Arabes, les Blancs, les Noirs, les Jaunes, que sais-je encore, ne sont pas « mon style » ? Ne dit-on pas que tous les goûts sont dans la nature ? Le jeune homme réplique alors sur Instagram : « sale gouine »« sale pute »« sale Française ». Propos homophobes, racistes ? Pour le moins injurieux. La jeune fille « monte en gamme », si j’ose dire : « Votre religion, c’est de la merde, votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci, au revoir. » On a vu manière plus élégante et polie de mettre les points sur les « i » et les barres sur les « t » au lourdingue du coin, mais bon, mettons ça sur le compte de l’énervement du moment, le fait que la demoiselle n’a pas fait ses classes à Buckingham Palace ou peut-être que le professeur de français n’avait pas mis au programme La Princesse de Clèves.

Si l’on fait une analyse de texte stricte de cette phrase, désormais historique, comme du reste l’a fait le procureur de Vienne qui a classé l’affaire sans suite, Mila n’injurie pas autrui en raison de ses origines, etc., pour reprendre les mots de Nicole Belloubet. En d’autres termes, la demoiselle a voulu dire qu’elle ne tient pas l’islam en haute estime dans son cœur et qu’elle a un respect tout à fait relatif pour Allah. Sous d’autres cieux, elle serait lapidée. Mais en France, le délit de blasphème n’existe pas. C’est donc son droit.

Cette « affaire Mila », à bien y réfléchir, vient de donner un coup d’arrêt sévère à la tentative de faire de l’islamophobie un délit en l’assimilant au racisme. « Tu n’aimes pas l’islam, donc tu n’aimes pas les musulmans, donc tu es raciste, donc tu tombes sous le coup de la loi. » CQFD. C’est, en gros, la logique qui essaye de s’imposer dans notre pays depuis des années. Consultez le site du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), que lisez-vous dans le manifeste fondateur ? « Parce que l’islamophobie n’est pas une opinion, c’est un délit. » À force de marteler cela, jour après jour, on finit par tétaniser toute expression qui tendrait à critiquer l’islam, l’islamisation et, pourquoi pas, l’islamisme.

En novembre dernier, dans la Revue des deux mondes, Fatiha Boudjahlat, enseignante et « féministe universaliste », évoquait « le piège de l’islamophobie ». Pour elle, l’accusation d’islamophobie relève du délit de blasphème et elle récuse même ce terme d’« islamophobie ». « Leur victoire est déjà là : en imposant les termes de l’échange, ces activistes souhaitent nous contraindre à être sur la défensive (“je ne suis pas islamophobe”) ou sur l’offensive, tout aussi contre-productive (“j’ai le droit d’être islamophobe”). » Elle va même plus loin en déclarant que « le terme “islamophobie” relève d’un “montage rhétorique de la terreur”… » Un texte à relire à la lumière du cas concret que nous venons de vivre.

« L’affaire Mila » aura eu ceci de bénéfique que la « rhétorique de la terreur » a, semble-t-il, reculé. Un coup d’arrêt, espérons-le, pour tous ceux qui voudraient en faire un délit spécifique.

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