C’est une petite mais très symbolique victoire que viennent de remporter les eurodéputés RN face au « rouleau compresseur » de l’UE. Contraints depuis janvier par le président du Parlement européen de retirer les petits drapeaux nationaux qui trônent sur leurs pupitres au motif que les « banderoles et bannières » sont interdites dans l’hémicycle.
« Nier les histoires et les identités nationales »
Depuis toujours, les députés du groupe « Identité et démocratie » et autres élus patriotes ont l’habitude, lorsqu’ils siègent au Parlement européen, de poser sur leurs pupitres des petits drapeaux aux couleurs de leur pays respectifs. Or, au début de janvier, lorsque ceux-ci ont regagné l’hémicycle pour une nouvelle session, ils ont eu la surprise de découvrir que ceux-ci avaient tous été retirés en leur absence. Une consigne donnée par l’actuel président du Parlement, le socialiste italien David Sassoli, évidemment agacé par cette tradition qu’il juge contraire à l’idéologie fédéraliste qui anime la construction européenne.
Quoi qu’il en soit, cette mesure a immédiatement suscité la protestation des élus du groupe « Identité et démocratie ». Et notamment du chef de sa délégation française Jérôme Rivière (RN) qui, fustigeant des dérives « totalitaires », a accusé fort justement le Parlement de « nier les histoires et les identités nationales » et de vouloir « écraser les nations ». Une indignation partagée bien sûr par l’eurodéputé RN Jordan Bardella qui, dans un tweet, a rappelé que pour les dirigeants de l’UE « tout ce qui rappelle les nations européennes doit purement et simplement disparaître ». Une volonté d’« écraser les nations » dont s’est bien sûr défendu le Parlement, en affirmant avoir simplement voulu appliquer l’article 10 de son règlement intérieur, dont le troisième alinéa stipule que les députés ne peuvent déployer dans l’hémicycle… « ni banderoles ni bannières ».
« C’est notre fierté ! »
Une explication totalement ridicule car, comme l’avaient alors fait valoir les élus d’« Identité et démocratie », les drapeaux nationaux ne peuvent pas être assimilés à des « bannières » et encore moins à des « banderoles ». Cependant, cela ne devait pas empêcher Sassoli de camper sur ses positions. Aussi, les eurodéputés RN, tout en continuant de placer leurs petits drapeaux sur leurs pupitres, avaient-ils adressé mi-février une lettre à Jean-Robert Pitte, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques, et une autre à Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie française, pour leur demander de bien vouloir clarifier le sens linguistique du mot « drapeau ». Or, la réponse de l’Académie française, tombée cette semaine, est formelle et donne entièrement raison aux eurodéputés RN… Une bonne nouvelle dont s’est évidemment félicitée mercredi Marine Le Pen, en précisant sur Twitter : « Jamais nous ne remiserons notre drapeau au placard [car] c’est notre fierté ! »
Franck Deletraz
Article paru dans Présent daté du 6 mars 2020