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Pourquoi craindre le coronavirus ? Il ne tue que les vieux hommes blancs ! Les rappeurs l’ont dit, les féministes allemandes ont applaudi…

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« Quand je me contemple, je me désole. Quand je me compare, je me console », disait Talleyrand. Regardez l’Allemagne et vous trouverez que la France ne va pas si mal. Voire, même, assez bien. Avec des rappeurs plutôt courtois, presque fleur bleue.

La scène se passe à , dans la Westfallenhalle. Nous sommes le 8 mars, le groupe K.I.Z. se produit en concert « nur für Frauen » (« seulement pour les femmes »). Une délicate petite attention parce que nous le valons bien, comme le répétait jadis, sur tous les écrans, la très teutonne Claudia Schiffer en se tapotant les cheveux.

Sauf que, pour qui connaît le répertoire rap en général, et celui de K.I.Z. en particulier – dans un précédent clip, l’assassinat très gore de trois politiques de l’AfD était simulé, notamment l’éviscération plus vraie que nature de la blonde Alice Weidel -, inviter ces messieurs en une telle occasion, c’est un peu comme demander au groupe Les Garçons bouchers de se produire à un festival vegan.

Pourtant, le concept semble fonctionner puisque « K.I.Z. nur für Frauen » est d’ores et déjà programmé pour le 8 mars 2021 (l’année prochaine, donc), à Cologne, cette fois. Il faut croire que le spectacle a plu.

Il est vrai que les rappeurs n’ont pas ménagé leur peine et brossé ces dames dans le sens du poil, en surfant sur l’actualité et étrillant le mâle blanc de plus de 50 ans : « Leute haben Schiß vor irgend’nem bescheuerten Virus. Die Wahrheit ist: Davon sterben nur alte, weiße Männer » (« Les gens ont peur d’un virus idiot. La vérité est que seuls les vieux hommes blancs meurent ! »).

Pour la faire courte, le coronavirus serait donc féministe intersectionnel, bras armé du féminisme ultraradical dont on a vu se déployer les slogans vengeurs en France (« Les hommes morts ne violent plus les femmes ») dans les rues de Paris, ce même 8 mars. Dont acte.

Car le plus fou et le plus inquiétant, finalement, est presque moins la surenchère odieuse des rappeurs – qui relève, en réalité, du prosaïque calcul d’épicier, leur modèle économique fonctionnant peu ou prou sur la même fusée à trois étages que l’art contemporain : provocation, indignation, valorisation – que les applaudissements fébriles de ces dames dans l’assistance. Qui, en plus, se fourrent le doigt : si le coronavirus milite pour l’égalité des sexes, c’est en n’en épargnant aucun. Pire : avec un tel patronyme (pas besoin d’être un éminent latiniste : un « vir », terminé en « us », accolé à une marque de bière a tous les stigmates de la masculinité toxique), on peut soupçonner cet agent infectieux prédateur n’aimant rien tant que les bains de foule de s’être invité dans ce rendez-vous confiné de petites Fräulein.

Peu de certitudes pour notre avenir, sauf celle-ci : quand nous aurons enfin tordu le coup à ce virus sanitaire, il en restera encore bien d’autres à combattre, idéologiques et délétères…

Gabrielle Cluzel

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