Georges Feltin-Tracol
En septembre 1992, à quelques jours du référendum sur le traité de Maastricht, s’inquiétant de la dynamique favorable au « Non » et craignant que les Français rejettent l’œuvre de sa vie, François Mitterrand rendit public son cancer de la prostate. En 1996, son médecin personnel, le Dr. Claude Gubler, révéla dans son livre co-écrit avec le journaliste Michel Gonod, Le Grand Secret (très vite interdit par une justice aux ordres !) que le premier président socialiste de la Ve République souffrait de cette maladie depuis… 1980.
En redoutable tacticien politique, Mitterrand instrumentalisa son mal afin de culpabiliser les indécis. Le coup réussit puisque le traité de Maastricht fut adopté avec une courte avance de 539 410 voix. Des Français, bien incapables de comprendre un traité illisible, prirent pitié pour le locataire de l’Élysée et votèrent « Oui ». Avec l’épidémie de coronavirus, leurs descendants ne les remercient pas.
Lors de son allocution radio-télévisée du 16 mars dernier, Emmanuel Macron a répété à six reprises que la France était « en guerre » sanitaire. Il a même ordonné l’installation en Alsace d’un hôpital militaire de campagne. Or, mutatis mutandis, 2020 ressemble à 1914. Les premiers mois de la Grande Guerre sur le front occidental voient un nombre de pertes considérables dans l’armée française. Pourquoi ?
– L’affaire scandaleuse des fiches remontant à 1905, bien des officiers supérieurs, en particulier les ganaches étoilées, sont certes de bons républicains francs-maçons, mais ils se montrent de piètres commandants sur le terrain, guère soucieux de la vie de leurs hommes, souvent venus de ces campagnes profondes restées catholiques et traditionnelles qu’ils méprisent tant. Ils se focalisent sur la priorité accordée à l’offensive.
– Malgré le vote en 1913 du service militaire de trois ans, l’armée française est mal préparée. L’incessant bourrage des esprits autour de la « Revanche » et les guerres coloniales ininterrompues amoindrissent paradoxalement la combativité effective des troupes.
– Un équipement inapproprié favorise enfin des pertes françaises élevées. Le soldat français est visible de très loin avec son calot rouge, sa veste bleu foncé et son pantalon rouge garance pour le plus grand bonheur des tireurs d’élite allemands.
Rien n’a changé ! Les médecins, les infirmières, les aides-soignants, les pharmaciens ne disposent pas d’une réserve suffisante de masques sanitaires, de blouses de protection, de gants… En outre, le nombre d’appareils de réanimation et de lits est limité. L’hôpital pâtit de plein fouet de la réduction des coûts imposée par les critères de Maastricht. Ce n’est pas sans raison que le service des urgences a mené une grève de presque d’un an !
Non contents de subventionner en vain la lutte fantasmatique contre toutes les discriminations, de financer sur fonds publics les partis politiques, les syndicats et certaines associations, et d’inciter au clientélisme, y compris migratoire, tous les gouvernements depuis 1992 ont imposé au secteur hospitalier, à l’Éducation nationale et aux forces armées et de police une cure d’austérité qui se traduit par la diminution draconienne des effectifs, des moyens et des coûts, d’où un sous-dimensionnement général chronique, criminel en temps de crise majeure.
Pourquoi l’Italie, la France, l’Espagne ou la Belgique se confinent-elles ? Non pas pour des motifs sanitaires immédiats : le coronavirus ne circule pas dans l’air; il se propage de personne à personne par la salive, les postillons et le contact physique. Le confinement est décidé afin de retarder au maximum la contagion de la population. Les autorités savent que leur système de santé rationné se révèle incapable de surmonter l’afflux des victimes virales. En Italie, en Espagne et en Belgique, la fédéralisation et la régionalisation de l’hôpital ont favorisé l’embauche massive partisane d’agents administratifs inutiles, des détournements de fonds et une corruption systémique. Une vision comptable étriquée a primé sur l’intérêt des patients et du personnel médical. Résultat : en Lombardie et en Alsace, les services de santé doivent maintenant trier les patients à sauver des autres souvent d’un âge avancé. Nos sociétés « ouvertes » qui dénoncent sans cesse toutes les ségrégations pratiquent dans le réel une féroce et terrible discrimination. Un « gériocide » s’annonce…
Par ailleurs, les frontières retrouvent leur pertinence (l’île d’Yeu est sur décision préfectorale séparée du continent !). L’Allemagne, la Suisse, l’Italie réactivent les douanes et les contrôles frontaliers. L’Espace Schengen se ferme pour trente jours renouvelables. Bien trop tardive, cette mesure reste timorée. Avant le début du confinement, le mardi 17 mars à Midi, des centaines de Franciliens ont fui la capitale pour se réfugier dans leurs résidences secondaires auprès des ploucs. Quelle sacrifice de la part des chantres du « vivre ensemble » ! Les bo-bo risquent ainsi d’infecter des zones jusque-là épargnées.
En 2000 – 2001, l’Union dite européenne a connu l’épizootie de la vache folle. À l’époque, les gouvernements réagirent avec vigueur peut-être parce que ce n’était que du bétail. En parallèle à l’élimination de tous les troupeaux (horrifiés, les Indiens s’horrifièrent de ce zoocide), les États rétablirent non seulement les frontières nationales, mais imposèrent un confinement régional, voire départemental. Pour quelle raison, l’actuel gouvernement français, un ramassis de pense-petits, n’a-t-il pas pris des dispositions similaires assorties d’autres mesures spécifiques telles un couvre-feu et l’instauration de strictes barrières cantonales, communales, voire entre les quartiers d’une même ville dès la mi-janvier ?
Darwiniste social, le gouvernement hexagonal n’entend pas tester toute la population. Les tests manquent en raison des réductions budgétaires exigées par la règle pseudo-scientifique des 3 % que la Commission européenne vient d’abandonner dans l’urgence. L’Allemagne semble au contraire miser sur le dépistage systématique de ses habitants. Pis, les médiats centraux qui répercutent et amplifient les mensonges gouvernementaux n’évoquent jamais le contre-exemple de la Corée du Sud. Malgré un effort militaire important qui grève son budget et sans se confiner, la République de Corée parvient à juguler la pandémie par des tests nombreux et fréquents. Le régime macronien trouve son intérêt à dramatiser la situation.
Contesté par les Gilets jaunes et une forte opposition à la réforme des retraites, le régime veut éviter toute nouvelle réaction populaire. Il plonge le pays via un puissant « bobardement » médiatique dans une ambiance anxiogène. Il en profite pour placer tout l’Hexagone en résidence surveillée. Les militaires du plan Vigipirate deviennent des auxiliaires de la police. S’opère sous nos yeux la fusion sécuritaire des policiers, des gendarmes, des militaires, voire des vigiles privés. Si Internet ne se plante pas avant, le verrouillage des réseaux sociaux parachèvera l’avènement d’une tyrannie douceâtre aux forts relents cosmopolites.
Il ne faut pas croire les beaux discours de Macron et de ses sbires. La crise sanitaire donne à son gouvernement cynique l’occasion de revenir en catimini dans le cadre de l’« état d’urgence sanitaire » (en attendant l’« état de siège climatique » et la « loi martiale financière », c’est-à-dire la spoliation légale des comptes des particuliers et des entreprises par la pègre financiariste) sur les acquis sociaux. Le coronavirus constitue bien le stade ultime du traité de Maastricht. Nos amis de CasaPound – Italie ont raison d’afficher partout que « le patient zéro est la mondialisation ».
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• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°165.