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La Troisième Guerre mondiale a commencé : c’est la guerre des masques !

 Osant un vilain jeu de mots, je dirais bien qu’avec la pénurie, les masques tombent enfin… Si les Bourses du monde entier n’en finissent plus de dégringoler, le business n’est pas mort pour autant.
Et à ce jeu-là, les vainqueurs sont évidemment ceux qui peuvent faire monter les enchères.
Je rappelais hier cette phrase de Donald Trump : « Nous mettons en place l’effort le plus agressif et le plus complet de l’histoire moderne face à un virus étranger. »
 Je sais que bien des gens, ici, applaudissent : « Cet homme-là, au moins, s’occupe de son peuple ! » Je le redis pourtant : vu de l’intérieur, il est évident que le peuple dont Trump s’occupe, quand bien même il monte des murs à la frontière du Mexique, n’est certes pas le petit peuple.
La « bonne santé » tant vantée de l’économie américaine – mais résistera-t-elle au Covid-19 ? – ne profite toujours pas aux petites gens mais aux grosses fortunes bien établies.
S’il y a donc une vérité dans la phrase citée plus haut, c’est à coup sûr le mot agressif.
On apprend, en effet, que, du fait de cet « effort agressif », nos commandes de masques à la Chine ont déjà en partie rejoint une autre destination que la France.

Jean Rottner, médecin urgentiste et président de la région Grand Est, région particulièrement touchée comme on le sait, l’a déploré hier : « C’est compliqué, on se bat 24 heures sur 24 pour que les masques soient livrés », a-t-il déclaré au micro de RTL.
Il explique : « Moi, j’ai une petite cellule au niveau de la région qui travaille d’arrache-pied pour, avec les commanditaires, pouvoir gagner ces marchés. Et effectivement, sur le tarmac, les Américains sortent le cash et payent trois ou quatre fois les commandes que nous avons faites, donc il faut vraiment se battre. »
Confirmation apportée par Renaud Muselier, président de PACA, relayée par Capital : au total, ce sont 60 millions de masques qui ont été commandés par les régions françaises à la Chine, mais une partie a été rachetée cash par les États-Unis sur le tarmac de l’aéroport de départ.
D’où le changement de braquet, la région tenant à récupérer les quatre millions de masques prêts à partir depuis samedi : l’acheminement a donc été confié à « la CEVA, filiale logistique de la CMA-CGM, une compagnie maritime d’affrètement française basée à Marseille », a dit Renaud Muselier à l’AFP.
Le 11 mars dernier – c’est si loin… –, Donald Trump affirmait : « Je vais toujours placer le bien-être des Américains en premier. Le virus n’aura pas de chance contre nous, nous sommes la nation la mieux préparée contre le coronavirus. ».
Cet « America First » sert à tout, notamment à corriger à coups de milliards de dollars une impréparation flagrante, laquelle vaut bien, hélas, celle des autres nations – la nôtre y compris.
Valons-nous mieux que cet Oncle Sam aux poches pleines de dollars ? Non.
Mais comme on a les poches vides, on fait les coups en douce.
C’est L’Express qui a révélé cette vilaine histoire : quatre millions de masques envoyés par Mölnlycke, une multinationale suédoise, à destination de l’Espagne et l’Italie ont été réquisitionnés lors de leur transit par Lyon, le 5 mars dernier, cela en vertu de l’arrêté pris par le gouvernement français deux jours plus tôt.
Il a fallu l’intervention du gouvernement suédois, furieux, pour que le secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale accepte de céder la moitié du stock à l’Italie et l’Espagne.
Vive l’Europe…
Primam partem tollo quoniam nominor leo, je prends la première part parce que je m’appelle lion, disaient les Anciens.
Le lion se sert encore le premier, mais c’est le dragon qui le nourrit… comme il nous nourrit tous. C’est la triste leçon qu’il va falloir tirer de cette crise sanitaire.
 Marie Delarue

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