Par Jim Reeves
Dans son éditorial du 13 mars sur France Inter, Bernard Guetta volait au secours du gouverneur Démocrate de New York, Elliot Spitzer, forcé à la démission après avoir été convaincu de fréquenter assidûment un réseau de prostitution mondaine. Gardons-nous de prendre à la légère ce « fait divers » égrillard qui cache en fait une liquidation politique. Le journaliste incrimine en effet le puritanisme borné d'une Amérique bushienne, dont, bien que sioniste convaincu, il s'accommode mal de l'usage qu'elle fait de la torture. Il salue le combat que Spitzer mena comme Attorney General (procureur général) contre la corruption en col blanc et le gangstérisme de Wall Street. Et il aurait pu ajouter que selon la presse d'Outre-Atlantique il se serait agi, pour le Pouvoir Républicain, d'éliminer la nouvelle étoile montante Démocrate avant qu'elle ne brille trop.
Pourtant, on n'est pas dans ce registre. Guetta, supporter de Hillary Clinton, sympathise avec Spitzer qui appartient à sa garde rapprochée. Né en 1951 à Paris dans une famille de commerçants sépharades prospères, Bernard G. est un proche parent du richissime Charles Guetta, distributeur BMW en Afrique du Nord et pétrolier au Texas, lequel, allié à la famille des milliardaires judéo-marocains Bénazéraf, s'empara en 1970 de 94 % des actions du Nouvel Observateur six mois avant que le tout jeune Bernard n'y entre comme pigiste. Sa trajectoire sera fracassante et pas seulement parce que l'amitié partagée par Charles et le tout-puissant Jean Daniel remontait aux bancs de la faculté d'Alger.
Bernard en effet, élevé dans la soie et le confort, a été baptisé au trotskisme et au militantisme d'extrême gauche par un père qui, dès la Libération, en aura été une des chevilles ouvrières, notamment par son activité au sein de l'organisation ultra-révolutionnaire Socialisme et Barbarie. Âgé de 13 ans en 1964, l'écolier fréquente Daniel Mayer à la Ligue des Droits de l'Homme, Pierre Joxe et Mendès-France. En mai 1968, lycéen à Henri IV il en organise l'occupation, ainsi que celle du lycée Fénelon. Puis il devient un des responsables des Comités d'Action Lycéens. En octobre 1968 il adhère aux Jeunesses Communistes Révolutionnaires et, dans la foulée, accède au comité central de la LCR. Ce qui le mènera à l’Obs' puis au Monde. Rédacteur en chef du très capitaliste Expansion de 1991 à 1993, c'est dire en quelle farce nous sommes constamment pris -, du Nouvel Observateur de 1996 à 1999, il est éditorialiste à L'Express, à la Repubblica de Rome, au Temps et à la Gazetta. Un pedigree impeccable pour un révolutionnaire exemplaire et pompeux donneur de leçons.
Depuis 1991, Guetta tient quotidiennement une chronique de politique étrangère sur France-Inter cependant que sur France-Culture se produit son clone, Alexandre Adler, même origine, même parcours et même loyalisme.
Dans son éditorial, Guetta réduit toute l'affaire Spitzer à un faux-pas certes regrettable exécuté par un homme admirable qui s'était fait tant d'ennemis en luttant vaillamment pour que le monde soit un peu plus propre et déplore que, « promis à un scrutin présidentiel », le gouverneur de New York ait dû renoncer à ce destin exceptionnel. Quand c'est de tout autre chose qu'il est question ici. Ni son combat contre l'Amérique financière ni sa croisade contre l'Amérique traditionnelle ne sont responsables de sa chute. D'autres s'y sont essayés avant lui, et avec plus de succès, sans pour autant être disqualifiés.
Un chevalier blanc
Né à Manhattan en 1959, Elliot Spitzer est le fils d'un milliardaire juif de l'immobilier. Après un cursus universitaire brillant Princeton, faculté de Droit de Harvard où il fut l'assistant d'Alan Dershowitz, l'un des plus sectaires défenseurs d'Israël -, il rejoindra le bureau du procureur du district de Manhattan, Robert Morgenthau. Toutefois, ce petit-fils d'immigrés autrichiens fut élevé à l'écart de la religion de ses ancêtres, n'effectua pas sa bar mitzvah ou confirmation - et épousa une chrétienne. En 1992, il devient célèbre en faisant tomber à la grande joie de la mafia russo-israélienne la famille Gambino qui tenait le marché du vêtement et du transport. Pour y parvenir, il créa un atelier clandestin en plein cœur du quartier des fripiers, embaucha trente sans-papiers et produisit à bas-coût T-shirts, pantalons et tricots jusqu'à ce que ses hommes parviennent à planter des micros dans les bureaux mêmes de Thomas et Joseph Gambino. On a là une bonne illustration de la « méthode Spitzer ». Il en est d'autres exemples. À Jim Tedesco, chef de la Minorité au Parlement de New York, il lance « Je suis un p... de rouleau compresseur qui écrasera tous ses opposants. » Il traite d'incapable le député Di Napoli que ce Parlement a nommé, contre sa volonté, à la place du Contrôleur général Hevesi qu'il a destitué pour escroquerie. Il qualifie le chef de la Majorité au Sénat, Joseph Bruno, 78 ans, de « vieux bout de merde sénile ». On comprend qu'il ne se soit pas fait que des amis. Et que, pour continuer à avancer, il aura fallu de solides appuis à celui dont on disait qu'il « était, hors de Washington, l'homme politique le plus puissant des États-Unis ». Grâce à la législation en place, il détenait des pouvoirs considérables l'autorisant à mener ses enquêtes, publiques ou secrètes, à sa discrétion. Tout en devant à la fortune de sa famille la liberté de combattre Wall Street non comme un adversaire mais comme « un familier éclairé », à son aise dans la finance, l'argent et l'Amérique "corporate"
En 1998, après une campagne houleuse financée illégalement - 5 millions de $ - avec l'argent de son père, Spitzer devient Procureur général de New York. Une stratégie qui avait réussi au futur maire Rudy Giuliani lorsque, à la tête du District Sud de la ville, il avait engagé la carrière politique que l'on sait en faisant tomber les escrocs israélo-américains Boesky et Milken. Son furieux zèle sioniste rehaussé d'un néo-conservatisme flamboyant le mit à l'écart des représailles en même temps qu'il confortait sa notoriété en s'en prenant au crime organisé, à la drogue, à la corruption boursière et à la criminalité en col blanc. Tel est le plan de carrière suivi par Spitzer qui, comme Giuliani d'ailleurs, comprit très tôt que la route la plus courte pour accéder aux sommets passait par New York. Sauf qu'il eut peut-être tort de se croire protégé par son origine d'éventuels manquements à la morale communautaire.
Dès sa nomination au poste de Procureur général de la « Grosse Pomme » Spitzer s'attaque à la fraude en col blanc, à la corruption boursière, aux escroqueries sur Internet. Il fait payer 1,4 milliard de $ d'amende aux dix plus puissantes sociétés financières du Dow Jones Bear Stearns, ruiné par les subprimes (crédits hypothécaires pourris) et racheté par Crédit Suisse First Boston, Deutsch Bank, Goldman Sachs, J-P Morgan, Lehman Bros, Merryl Lynch, Morgan Stanley Salomon, Warburg. Fait perdre 5 milliards de $ en bourse à Merryl Lynch, aujourd'hui à la dérive. S'en prend aux fonds mutuels industriels en commençant par celui de son coreligionnaire Edouard Stern. Cela lui assure une célébrité de chevalier blanc - qu'il est loin d'ailleurs de mériter puisqu'il fréquente déjà les demoiselles de l’Emperors's Club.
Le voici en position de convoiter le poste de gouverneur de New York en même temps qu'il apparaît comme l'irrésistible étoile montante du Parti Démocrate. Lequel ayant en 2008 défonce ses ultimes défenses immunitaires et ne laissant plus à ses électeurs de choix qu'entre un candidat noir et une candidate, ouvre la voie à un président des États-Unis juif. Dès 2004, n'avait-on pas évoqué son nom pour la vice-présidence de Kerry ?
Pourtant, après un an à la tête de l’État de New York, la chute s'amorce. De 75 % au lendemain de son élection, les opinions favorables passent à 25 % lors de sa démission. En 2007 l’État enregistre un déficit de 4 milliards de $ et le plus fort recul des emplois. Ses méthodes expéditives ont fini par lui aliéner les sympathies que son nettoyage des écuries boursières lui avait attirées dans un premier temps. Il est vrai qu'il n'est pas seul responsable des difficultés financières croissantes de New York. En octobre 2006, une enquête était ouverte sur de graves malversations opérées par l'ancien Contrôleur général, l'israélo-américain Alan Hevesi, dont Spitzer, après en avoir été l'ami, obtint la tête. Or, ce Hevesi fut en 2006 lauréat, en même temps que Shimon Pères, de l'Israël Venture Association pour « son engagement au service de l'économie israélienne et du secteur high tech ». Le NYSCRF Fonds de Retraite Commun de l’État de New York -, pesant 100 milliards de $ et qu'il supervisait, étant devenu un investisseur majeur du principal fonds d'investissement israélien, le Markstone Capital Group. En 2003 le NYSCRF investira 200 millions de $ dans des fonds israéliens. 100 millions de $ encore en 2006. Celui qui fait tomber un tel ami d'Israël doit s'attendre un jour à être payé de retour. Même s'il fut établi que, se recommandant du Contrôleur général de Californie Steve Westly Hevesi, invita des investisseurs de la Côte Ouest à travailler avec le représentant de Markstone, un nommé Broidy dont la femme, Robin Rosenzweig, contribua pour 80 000 $ entre 2002 et 2003 à ses campagnes électorales.
Dès la mi-2007 l'opposition Républicaine s'organise contre le gouverneur de New York. Lui rappelle que, lors de sa récente campagne, il a à nouveau recouru à un financement de 5 millions de $ illégalement fourni par son père. Réitère les accusations de pratiques contestables que lui avait valu son acharnement contre Wall Street. S'étant attaqué au président du NY Stock Exchange, Dick Grasso, auquel il reprochait un parachute en or de 187 millions de $, celui-ci ripostait en démontrant tout l'intérêt espéré par Spitzer de cette manœuvre médiatique. Quelques mois plus tard, John Whitehead, président de la Lower Manhattan Development Corporation dans une lettre au Wall Street Journal l'accusait d'avoir proféré à son encontre de graves menaces. Afin de se débarrasser du président du sénat local, le Républicain Joe Bruno, roi des télécom, il monta contre lui une véritable cabale avec l'aide de la police. Ce qui se retourna contre lui et il fut accusé d'avoir manipulé la police.
Puis arrive le 11 septembre
Sur le plan politique, la brutalité de ses réformes braqua l'opinion publique. Ainsi, lorsqu'il veut renforcer le contrôle des armes notamment par une attaque frontale contre l'association des « Juifs pour le Maintien de la Détention d'Armes » -, il provoque une vive réaction d'un des plus puissants lobbies américains, la National Rifle Association. Farouche adversaire des opposants à l'avortement, il unifie contre lui familles et mouvements religieux. En vain tente-t-il de faire légaliser par ses assemblées le mariage homosexuel. Mais surtout, sitôt élu, afin de casser le prix des transports, il promet d'étendre l'accès aux licences de taxis à tout clandestin possédant un permis de conduire. Il doit battre en retraite devant les protestations.
Le 11 septembre 2001 pourtant montrera tout l'intérêt que représentait pour ses protecteurs sa fonction de Procureur général de l’État de New York. D'autant que Giuliani était maire de la ville et que le chef de la division criminelle du ministère de la Justice, auteur du Patriot Act avec l'avocat Viet Dinh, s'appelait Michaël Chertoff. Spitzer lui-même disposait d'un considérable pouvoir d'investigation sur la démolition des tours, les incendies, l'intervention suspecte des assurances, ainsi que sur les invraisemblances de la version officielle. On ne sache pas qu'il soit intervenu sur ces questions. Au contraire, le biologiste Mike Copass, l'un des coordinateurs du Mouvement pour la Vérité sur le 11-Septembre, l'accusa de s'être comporté comme un "pare-feu" et « d'avoir couvert les véritables auteurs de l'opération ». Il fut d'ailleurs l'auteur avec George Pataki, le gouverneur Républicain de l'époque, de l'Acte Anti-Terroriste de 2001 complément du PatriotAct. Plus grave, The Mégaphone, un trimestriel créé pour dénoncer les incohérences de la version officielle du 11-Septembre, produisit une série de documents prouvant la collusion entre Spitzer et Larry Silverstein, le baron de l'immobilier new-yorkais, aux accointances multiples avec Israël et le Mossad, qui obtint fin juillet 2001 la location des Tours avec à la clé un contrat d'assurance lui procurant des garanties pharaoniques en cas de destruction par acte de terrorisme. Le 15 janvier 2003, Spitzer, Procureur général de New York, vola au secours de Silverstein et obtint du tribunal les 4,5 millions de $ de compensation que celui-ci réclamait aux assurances.
La déchéance d'Elliot Spitzer a été dévoilée, accompagnée et obtenue avec le soutien du MSM (Main Stream Media) US dominé par les zélateurs de l’État hébreu. Au nombre desquels tout laissait à penser que le gouverneur de l’État de New York dût être compté. Où que ce soit, en effet, un juif ou une institution communautaire attaqués suscitent une riposte immédiate des média. C'est ce qu'a fait Guetta en volant au secours de son coreligionnaire. Un espion juif arrêté en Amérique et la solidarité universelle joue. On l'a vu avec les époux Rosenberg, Jonathan Pollard, les fonctionnaires de l'Aipac Weissman et Rosen pris récemment la main dans le sac. Le lynchage au début du XXe siècle de Léo Frank, l'assassin juif de la petite Mary Phagan, provoqua une si violente émotion qu'en naquit l’Anti-Defamation League of B'naïBrith, véritable organisation de combat du judaïsme américain.
Séisme au congrès juif mondial
Aussi le traitement infligé à Spitzer intrigue. Se pourrait-il qu'il soit le prix de l'enquête publique qu'en 2004, il conduisit sur le conflit fratricide surgi au sein de la plus puissante organisation juive du monde, le Congrès Juif Mondial (CJM) ? Alors présidé par Edgar Bronfman, milliardaire dont on a cessé de s'interroger sur l'origine sordide de la fortune, en lutte à mort avec son adjoint, Israël Singer, un austère rabbin orthodoxe.
L'affaire commence lorsque le vice-président du CJM, Isi Leibler, un Australien installé en Israël, considérant qu'une lettre envoyée par Bronfman à Bush était trop critique envers l’État hébreu, réclame la démission du président du CJM car « les temps sont terminés où les présidents pouvaient considérer leurs organisations comme des fiefs ». Destitué par Bronfman, il se rend à New York pour organiser sa défense et découvre de graves anomalies dans les comptes financiers. En août 2004, à la suite de fuites, le mémorandum qu'il a rassemblé devient public et le Procureur général de l’État est saisi de l'affaire. En même temps était publié un audit du cabinet d'expertise PricewaterHouse-Coopers s'étendant de 1996 à 2004 et signalant notamment la disparition des comptes du CJM d'une somme de 3,8 millions de $.
Spitzer va surtout s'intéresser à la « Claims Conférence », une organisation chargée de collecter les "réparations" liées à la Shoah et placée sous l'autorité d'Israël Singer, président de l'Organisation de Restitution Juive Mondiale, ancien secrétaire du CJM, qui se vantait d'avoir arraché 20 milliards de $ aux gouvernements occidentaux. « Un nauséabond rat d'égout », dit de lui Norman Finkelstein, l'auteur de L'Industrie de l'Holocauste. Il lui sera reproché 1,2 million de $ passé en Suisse, sur 5 évaporés au total dont 2 auraient par ailleurs pris la direction d'une caisse noire détenue par Bronfman.
Devant la tournure des événements on se bat comme des chiffonniers le Congrès fait appel à un juriste de poids, l'ancien Procureur général de l'Etat de New York, Robert Abrams, membre de la Zionist Organisation of America, des B'naïBrith, de la National Association for the Advancement of Coloured People. Bronfman, lui, engage Stephen Herbits afin d'examiner en détail les comptes de l'organisation.
Il faut, un instant, s'arrêter sur ce personnage clé de l'Histoire américaine contemporaine. À partir du milieu des années 1970, et pendant plus de vingt ans, Herbits appartint au ministère de la Défense, assurant les liaisons entre Weinberger, Cheney et Rumsfeld dont il devint conseiller dès 2001 Néo-conservateur efficace, on lui doit une bonne partie de la stratégie menant à la guerre d'Irak, notamment la nomination capitale à Bagdad de Paul Bremer Entre mai 2001 et le printemps 2004, lorsqu'il rejoint le Congrès Juif Mondial, il est consultant au Pentagone. Fonction qu'il occupe également auprès de la Force de Défense israélienne ! Lui-même, activiste homosexuel, très critiqué pour son action fractionnelle au sein du Congrès Juif Mondial, en démissionna en juillet 2007 pour s'occuper de la campagne d'Hillary Clinton en faveur des gays et lesbiennes.
Quel rôle exactement aura joué Spitzer ? Le 31 janvier 2006, il rendait son évaluation sur une organisation dans laquelle « au cours des dernières années, la corruption s'est étendue ». Il dénonce la mauvaise gestion financière, les accrocs à l'orthodoxie monétaire, d'importantes sommes prélevées en liquide, des millions de $ de dons utilisés de façon contestable, les salaires démesurés des responsables. C'est Singer essentiellement qui est visé. Le méchant de la pièce. Et pourtant les documents les plus accablants comme l'audit de PricewaterHouse-Coopers ne figurent pas au dossier. Voulait-on en faire un sympathique coupable ? Au final, Spitzer le disculpera de toute suspicion d'action criminelle. Bronfman sera mentionné une seule fois pour préciser qu'il ne saurait être concerné par l'activité courante du CJM. Celui-ci en retour donna quitus au Procureur de l'avoir blanchi et se félicita que l'accord signé avec son office « résumait les améliorations à venir fructueuses du CJM ayant pour ambition d'atteindre les plus hauts sommets d'efficacité ». Il n'empêche : ni financièrement, ni moralement le Congrès Juif Mondial ne s'est remis de ce séisme.
Bien que, marchant sur des œufs, il ait tenté de recoller les morceaux, Spitzer reste pour beaucoup le responsable du drame. On rappellera qu'une véritable haine oppose Bronfman, très épargné par le futur gouverneur à Leibler. Derrière celui-ci campe la section israélienne du CJM. Sans compter que le changement de camp du néo-conservateur Herbits n'a pas dû arranger l'image de Bronfman parmi les jusqu'au-boutistes israéliens et le Mossad.
En juin 2007 après trois années de luttes intestines, Singer et Edgar Bronfman durent démissionner. En mars 2008, selon le réseau Voltaire, le CJM renoncera à toute poursuite mais en faisant parvenir au juge qui enquêtait sur une agence de prostitution mondaine, l’Emperor's VIP Club, quelques informations sur Spitzer !
Homosexualité et prostitution, armes du Mossad
Dans la tradition juive, le mot mesira définit la trahison ou plus précisément la dénonciation d'un juif auprès d'un gouvernement. Le rabbin Daniel Korobkin en donne une bonne illustration dans la revue juive US Forward. Evoquant la dénonciation par un rabbin de Los Angeles d'un blanchiment d'argent effectué par une communauté juive orthodoxe. « Les gens, expliquait-il sont doublement scandalisés par cette affaire. D'abord par l'implication d'amis et de voisins. Ensuite parce que l'un des nôtres a pu se livrer à un acte de mesira. » Un second rabbin fut encore plus explicite : « L'informateur est désormais persona non grata chez nous. Tous sont dégoûtés que l'on puisse en heurter d'autres pour son propre intérêt. »
Ailleurs, pour se débarrasser d'un traître, une balle fait l'affaire. Ici la méthode, plus habile, n'entraîne pas de sanctions pénales mais la mort civique et politique.
L’Emperor's Club passait pour être une couverture du Mossad. Son gérant Mark Brenner - qui était un agent du Trésor - et son adjointe possédaient tous les deux des passeports israéliens. On y revendiquait une touche internationale avec correspondances dans plusieurs capitales européennes. Les tarifs affichés faisaient le tri entre 1 400 et 5 000 $ de l'heure, selon un barème de un à six "diamants" Spitzer y aurait dépensé quelque 80 000 $ au cours des dernières années. Une visite sur le site Internet d'Emperor's suffit à se convaincre qu'on évolue ici dans un monde réservé. « Les prix, peut-on lire, varient en fonction de l'éducation, de la sophistication, et de l'ambiance créée par chacun de nos modèles. Beauté, élégance, éducation/carrière sont des facteurs préliminaires décisifs dans leur sélection… »
Le journaliste américain Robert Friedman démontra que la « mafia russe » était beaucoup plus israélienne que russe. Et l'on sait que jusqu'à une date très récente, la « traite des blanches » n'était pas illégale en Israël à condition que les "blanches" ne soient pas juives. Dans ses livres décapants By the Way of Déception et The Other Side of Déception -, l'ancien espion israélien Victor Ostrovsky exposa toute l'importance que la prostitution mondaine et les réseaux internationaux d'escortes jouent dans la stratégie habituelle du Mossad.
Le plus étrange est qu'un individu aussi intelligent et informé que Spitzer ait pu se faire ainsi piéger, lui qui, à deux reprises, eut à traiter d'affaires liées à la prostitution mondaine. Selon le New York Times du 10 mars, lors d'une de ces affaires, en 2004, « il manifesta sa révulsion et sa colère en envoyant en prison seize personnes impliquées dans un tel réseau ».
Il y a quatre ans à peine, son voisin, le gouverneur du New Jersey, James McGreevey démissionnait après qu'eut été dévoilée la liaison qu'il entretenait avec son chef de la sécurité intérieure, le sabra Golan Cipel. Lequel lui avait été présenté par le richissime promoteur immobilier Charles Kushner, connu pour sa générosité en faveur des Démocrates et ses œuvres de bienfaisance israéliennes. On peut aussi rappeler l'affaire Gannon. Le faux reporter Jeff Gannon, de son vrai nom James Guckert, homosexuel juif sans formation de journaliste, n'ayant d'autre référence que les publicités suggestives de lui-même qu'il passait sur plusieurs sites Internet homosexuels, fut recruté par Ari Fleisher, le secrétaire à l'Information de Bush, titulaire de la double nationalité américano-israélienne. Une ascension fulgurante le propulse en quelques mois, soutenu par Scott McLelland, le porte-parole de la Maison-Blanche et par Karl Rove, dans l'entourage immédiat de George Bush. On lui doit notamment la divulgation du nom de Valéry Plame, la femme-espion de l'ambassadeur Joseph Wilson qui se battit en vain pour faire admettre qu'il n'existait aucune Arme de Destruction Massive en Irak. « Introduire un agent directement dans l'équipe de Presse de la Maison-Blanche était une opération très risquée » reconnut dans un article du Guardian de Londres du 17 février 2005, Sydney Blumenthal, ancien conseiller de Bill Clinton.
Spitzer, de surcroît, était très proche d'un autre conseiller de Clinton, Dick Morris, dont le père était l'avocat du père de Spitzer. Or Morris dut mettre un terme à ses fonctions lorsqu'il fut convaincu d'une liaison prolongée avec une prostituée du nom de Sherry Rowlands. Et l'on ne saurait oublier la "stagiaire" Monica Lewinsky qui entraîna le président Clinton dans un scandale sexuel.
Elliot Spitzer a construit sa météoritique carrière sur la propreté, la transparence, la moralisation de la vie économique et politique. C'est en effectuant des contrôles sur les transferts financiers douteux d'un gouverneur en pleine ascension, dont le passé le faisait soupçonner de distribuer des pots de vin, que le FBI découvrit la vérité. La leçon à méditer et elle l'est plus que jamais avec les trois pantins présidentiels dont le Media aux Ordres nous tympanise depuis des mois est qu'il existe toujours quelques cadavres providentiels dans les placards de ces hommes politiques, serviteurs du Système. Au cas où, la tête leur enflant, ils s'aviseraient de faire cavalier seul.
En se retirant, Spitzer fit un dernier cadeau à ses électeurs : son successeur, qui était son adjoint. Premier gouverneur africain-américain de New York, David Patterson est un extrémiste noir, admirateur des Black Panthers et militant de toutes les causes anti-Blancs.
Jim Reeves. Écrits de Paris N° 709