C’est la grande question énergétique, le sujet à éviter en famille ! Avant toute velléité, posons-nous la première question : comment fonctionne une centrale nucléaire ? La réponse est simple : un réacteur nucléaire, c’est une chaudière grand format. Mais au lieu d’être alimentée au gaz, au mazout ou au charbon, c’est le combustible radioactif, à base d’uranium, qui, par le phénomène de la fission nucléaire, chauffe l’eau de la cuve du réacteur. Elle est amenée sous pression à l’état de vapeur, traverse des échangeurs étanches avant d’actionner un alternateur qui fournit l’électricité.
Qu’est-ce que la fission nucléaire ? Pour faire simple, le combustible est bombardé par des neutrons, une particule fondamentale qui forme la matière. Les neutrons cassent des atomes d’uranium, ce qui dégage une formidable énergie (le fameux E = mc² d’Einstein). Ces atomes cassés libèrent à leur tour quelques neutrons qui bombarderont d’autres atomes d’uranium. C’est la réaction en chaîne. Afin d’éviter l’escalade énergétique, ces opérations sont effectuées dans une cuve parfaitement étanche qui contient, d’une part, les barres d’uranium et, d’autre part, de l’eau enrichie en matières neutrophages (c’est-à-dire absorbant les neutrons ; l’eau est enrichie au bore). Voilà pour le côté technique.
Passons, maintenant, aux questions politiques (au sens noble du terme) et pesons le pour et le contre :
L’énergie nucléaire présente les avantages suivants :
– Ce type d’énergie présente l’avantage d’être extrêmement rentable : 1 g d’uranium 235 produit autant d’énergie que 2 tonnes de fioul domestique ou 3 tonnes de charbon.
– Le nucléaire ne dégage pas de monoxyde de carbone.
– L’uranium reste un élément abondant sur la Terre et bien réparti géographiquement (les réserves sont aujourd’hui évaluées à plusieurs siècles).
– Peu de déchets sont générés par les centrales et autres installations nucléaires (comparativement aux centrales à charbon, par exemple).
En revanche, il faut reconnaître que le nucléaire présente quelques inconvénients :
– Ce type d’énergie exige, au départ, des investissements lourds, ce qui pose problème dans les pays peu développés.
– La maîtrise de la sûreté est très contraignante, ce qui entraîne des coûts importants (là aussi, au départ : formation des agents chargés de la surveillance).
– Risque de prolifération pour la fabrication d’armes atomiques.
– Certains déchets sont dangereux : même s’il existe une psychose importante, il n’en reste pas moins vrai que certains déchets ne sont pas décontaminables et présentent une dangerosité pour l’environnement pouvant se compter en millénaires (la décroissance, c’est-à-dire le temps nécessaire à un élément radioactif pour perdre la moitié de sa nocivité, atteint les 4,5 milliards d’années pour l’uranium). Cela dit, un gâchis important est à noter, particulièrement en Allemagne et en France.
– Une forte dose de radioactivité absorbée par le vivant en un court laps de temps présente des effets nocifs, voir létaux pour les organismes.
Dans le cas de la France, les infrastructures existent déjà : les installations sont sûres et les personnels sont bien formés et sous stricte surveillance médicale. La dosimétrie, c’est-à-dire la mesure de la radioactivité artificielle absorbée par les agents, est étroitement surveillée (double degré de surveillance, la passive et l’active). Notre pays étant également à la pointe de la technologie spatiale, développer celle-ci afin d’envoyer les déchets non décontaminables dans l’espace interstellaire pourrait être une idée.
De plus, considérons les réalités : en France, la production de charbon coûterait aujourd’hui plus qu’elle ne rapporterait, les meilleurs filons exigeant de descendre de plus en plus profondément dans les mines (qu’il faudrait alors rouvrir). La production de pétrole reste dérisoire (1 % des besoins nationaux en 2016) et seule la présence présumée de gisements importants au large de la Guyane (300 millions de barils estimés) et dans le « couloir » de Saint-Pierre-et-Miquelon (pour l’instant hypothétiques) changeraient la donne, sans toutefois changer radicalement la dépendance aux importations. L’éolien reste à ce jour peu rentable et l’hydraulique (barrages et marémoteur), dans l’état actuel des choses, ne pourrait subvenir que de façon marginale aux besoins de la population.
L’arrêt du nucléaire compromettrait donc notre indépendance énergétique, sans parler des coûts engendrés par le démantèlement des installations existantes. Et puis, arrêtons la psychose : les agents du nucléaire ne sont pas plus malades que les autres et des économies seraient à faire si les pouvoirs publics avaient la volonté de développer le recyclage des déchets nucléaires décontaminables.
Pour conclure, avant d’envisager une sortie du nucléaire, il nous faudrait développer un éolien rentable et propre, développer l’énergie hydraulique (marémotrice, notamment) et, sur la Côte d’Azur, le solaire. En attendant ce jour, l’énergie nucléaire reste le meilleur moyen d’assurer aux Français une électricité bon marché et de qualité.