Pendant la crise économique et les soubresauts politiques, l’ensauvagement de la France continue. Guerre des gangs à Dijon, le jeune Thomas tué par un prisonnier fraîchement libéré par Belloubet, fléau des mineurs isolés : trois situations révélatrices, trois coups de projecteur.
Le crime a mis un certain temps à émerger dans les médias et réseaux sociaux. Il faut dire que la victime n'est pas de celles pour qui les comités de soutien subventionnés montent des manifs et pour qui « l'émotion prime le droit ». Dans la nuit du 10 au 11 mai, Thomas, un jeune homme de 23 ans habitant Sarcelles, est poignardé à huit reprises. Pendant un mois, les médecins tenteront l'impossible pour le sauver mais le 10 juin, ils prononceront son décès. Il aura fallu le cri de douleur de ses parents dans Le Parisien, le 3 juillet, pour que les réseaux sociaux s'emparent de l'affaire. Thomas était travailleur, sportif (il pratiquait freeride - l'acrobatie - en trottinette à haut niveau) et sans histoire.
Son assassin - qu'il avait croisé chez une connaissance - sous l'emprise de l'alcool et la cocaïne, s'est acharné sur Thomas pour un obscur différend. Rapidement identifié et arrêté, il est retourné dans la prison qu'il n'aurait jamais dû quitter. Il faisait en effet partie des quelque 15 000 détenus libérés pour raisons sanitaires par Nicole Belloubet, garde des Sceaux, pendant la crise du Covid-19. Certes, c'est un délinquant qui a tué, mais il n'était dans le meurtre de Thomas que l'arme par destination du laxisme judiciaire.
Guerre ethnique à Dijon
Scènes de guérilla urbaine à Dijon. Vendredi 12 juin, armés de barres de fer et de battes de baseball, une bande de plusieurs dizaines de Tchétchènes viennent dans le « quartier sensible » des Grésilles venger l'un des leurs, agressé deux jours auparavant par une bande de dealers maghrébins.
C'est la débandade tant chez les racailles que du côté de la dizaine de policiers locaux, totalement débordés. Si chez la police, les renforts tardent à venir dès le lendemain, les racailles de Dijon sortent des caves pistolets, fusils à pompe et même fusils d'assaut en prévision du match retour. Le RAID finira par intervenir deux jours plus tard pour calmer le jeu. Si les Tchétchènes se sont gardés de revenir, les troubles, continuant sur leur lancée, ont duré quatre jours. La trêve entre les deux communautés n'a d'ailleurs rien dû à l'intervention des forces de l'ordre ou à la visite de Laurent Nunez, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Intérieur. C'est à la mosquée de la Fraternité, à Quétigny, près de Dijon, qu'elle sera conclue le 15, sous les auspices de l'imam Mohammed Ateb, représentant régional des Musulmans de France (ex UOIF), proche des Frères musulmans.
C'est d'ailleurs la première leçon à tirer de cet incident : si l'on savait déjà que dans les territoires perdus, c'est l'ordre des racailles qui règne, il nous manquait encore la preuve que c'est l'islam qui y rend justice. La seconde est la dissémination dans les villes moyennes, voire petites, de la délinquance ethnique une vague d'immigration chassant l'autre, les premiers arrivés se retrouvent dans une France périphérique jadis paisible. Et il suffit d'une ou deux dizaines d'individus pour transformer un quartier paisible en zone de non-droit. La réponse de l'État est, elle, sans surprise réaction tardive et bien faible - faute de moyens, dans un premier temps - des forces de l'ordre, apathie de la justice, exécutif promettant « une réponse extrêmement ferme ». Celle-ci sera d'ailleurs uniquement dirigée contre les Tchétchènes, les membres de la « mafia arabe » - comme se nomme elle-même la bande des Grésilles - semblant jouir d'une impunité réservée aux « minorités visibles ».
« Mineurs isolés », double plaie
Il aura fallu que des « mineurs isolés » se mettent à sévir dans le cossu XVIe arrondissement de Paris pour qu'ils fassent brièvement la Une des médias. Fin juin, une dizaine de jeunes clandestins y ont tabassé un adolescent. La police attribue aussi à ces délinquants la vague de cambriolages qui frappe ce quartier. La Goutte d'Or (nord de Paris), le 93, mais aussi de nombreuses villes de province subissent pourtant depuis des années les méfaits de ces bandes originaires du Maghreb - notamment du Maroc -, où repart leur butin.
La police démantèle régulièrement ces bandes organisées : 5 989 d'entre eux ont été arrêtés rien qu'à Paris en 2018. Appréhendés, leur défense est simple : ils ont 16 ans et refusent toute prise d'empreintes. Si les tests osseux et dentaires prouvent très souvent qu'ils sont majeurs, peines de prison et expulsions sont rares.
En attendant, au nom de l'Aide sociale à l'enfance ( ASE), ce sont les départements qui prennent en charge les « mineurs étrangers non accompagnés »: hébergement, école, etc. En septembre 2019, le budget de l'ASE était de l'ordre de deux milliards d'euros, en croissance exponentielle depuis 2015 : il était encore d'un milliard un an auparavant.
Richard Dalleau Monde&vie 15 juillet 2020 n°988