Comme nous l’annoncions début octobre, la purge estivale a joué les prolongations en automne au sein du RN. Après avoir été déchargé de sa fonction de délégué départemental du Rhône, Antoine Mellies, en plus d’un blâme, est désormais suspendu du RN pour une année, ce qui l’empêchera d’être candidat aux régionales. De son côté, la courageuse conseillère régionale Agnès Marion a reçu un avertissement.
Inutile de préciser qu’ils sont tous les deux proches de la sensibilité politique de Marion Maréchal et que la raison est futile :
L’ex-délégué départemental du Rassemblement national dans le Rhône, Antoine Mellies, a été suspendu du parti pour un an à l’issue d’une convocation disciplinaire la semaine dernière. « Je suis atterré », a déclaré l’élu régional mardi (…) Antoine Mellies a été entendu le 27 octobre par la commission des conflits du parti avec une autre élue régionale du RN, Agnès Marion. Cette dernière a reçu un avertissement dans cette affaire qui a servi de « prétexte » pour régler des comptes, selon des sources internes au parti à Lyon (…)
Le parti reprochait officiellement aux mis en cause d’avoir maintenu, comme tête de liste d’arrondissement aux municipales à Lyon, un avocat qui fut candidat aux législatives en 2017, dans le Rhône, sous l’étiquette des « comités Jeanne » lancés par Jean-Marie Le Pen. De quoi « déstabiliser le mouvement », selon leurs détracteurs.
Une source proche du RN estime qu’il y a “une volonté folle de purger tous ceux qui ont fait la bise à Marion Maréchal-Le Pen” :
Cela fait des mois qu’on essaie de lui mettre des bâtons dans les roues. Ce n’est plus le Rassemblement national, c’est un rétrécissement national
Au sein du RN, il semblerait que les critiques portées par la “droite hors les murs” (Robert Ménard, Jean-Frédéric Poisson, Eric Zemmour, Philippe de Villiers…) trouvent un écho malgré le dénigrement méprisant des fidèles de Marine Le Pen (Wallerand de Saint-Just, Bruno Bilde, Philippe Olivier…) :
Robert Ménard, le maire de Béziers, réélu en mars avec le soutien du RN, prêche désormais pour son retrait de la course pour 2022 (…) “Il faut la convaincre qu’il peut y avoir un candidat plus rassembleur qu’elle [Marine Le Pen], dit-il. C’est tout l’enjeu des prochains mois.” Outre son programme économique, qu’il juge “inaudible”, l’édile estime que la présidente du RN est dans “l’incapacité de réunir l’ensemble de la droite pour battre Macron“. “Sa candidature empêche toute alternative d’émerger mais, en même temps, on ne peut pas gagner sans elle“, poursuit-il.
Alors, pour sortir de l’impasse, Ménard propose une solution : que Marine Le Pen se range derrière un autre candidat, capable de dépasser le cadre “rabougri” des partis politiques et de rassembler plus largement. Pour le moment, personne ne semble en mesure d’incarner ce projet, mais le Biterrois consulte, comme récemment Eric Zemmour ou Patrick Buisson, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy.
Au RN, on regarde ces manœuvres avec exaspération. “Soit M. Ménard n’a pas de cerveau, soit il ment, tance Wallerand de Saint-Just, le trésorier du parti. On a vu aux européennes que nous rassemblions en faisant venir des gens comme MM. Mariani, Garraud et Juvin.”(…) “Tous ces gens mis ensemble feront 2%, rétorque Philippe Olivier, l’un des conseillers de Marine Le Pen, au sujet de la droite hors les murs. Et au second tour, leurs électeurs voteront pour nous.”
Mais les critiques du turbulent édile s’ajoutent à celles d’autres figures de la droite “hors les murs”, ce courant informel réunissant médias et personnalités d’extrême droite en dehors du cadre des partis (…)
En interne, si personne n’ose se positionner publiquement, ce diagnostic trouve bien un écho. “On ne peut rien faire sans ou contre le RN, mais le RN seul, sous sa forme actuelle, n’a pas la capacité de faire gagner nos idées, estime ainsi un cadre régional. Il faut opérer une révolution culturelle, comme ce que Macron a fait, mais de l’autre côté de l’échiquier.” (…)
Surtout, certains élus s’inquiètent de son manque de dynamisme, à dix-huit mois de l’échéance présidentielle. “Il n’y a pas une appétence extraordinaire pour le duel Macron-Le Pen, constate l’un d’eux. Il n’y a pas eu de dynamique électorale aux municipales, on ne sent pas de ferveur militante…” (…)
Les soutiens de Marion Maréchal au sein du parti s’inquiètent, eux, que la purge se poursuive dans le cadre des investitures. “Des consignes ont été données, affirme un cadre régional. Les responsables départementaux testent les pré-candidats sur leur proximité idéologique avec Marion“