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La démographie ? Une arme électorale (texte de 2016)

L’implantation de centres d’accueil pour les migrants relance une question posée par la construction de logements sociaux : celle de cette volonté patente de la gauche d’agir sur la démographie des villes et des quartiers.

Ian Brossât, élu parisien du Front de gauche a récemment déclaré au Journal du Dimanche « les ghettos de riches à Paris, c'est fini ! » (JDD, 18 mai 2016) L'affaire des migrants relance ces démarches visant ouvertement à embêter le petit Français, sage et discipliné. La gauche dispose d'un vieux savoir-faire en la matière, masqué par des intentions généreuses. Paris illustre cette politique où l'implantation de populations étrangères ou d'origine étrangère a été utilisée comme levier de contrôle sur l'aménagement démographique de la ville. Un levier parmi d'autres, mais bien réel.

De façon récurrente, les élus de droite s'insurgent à Paris contre ces opérations qui visent à faire construire des logements sociaux à grosses doses dans certains quartiers de Paris. Ainsi, le 15e arrondissement, qui résiste à Anne Hidalgo depuis 2001 fait les frais de ces démarches intensives. Ce gros arrondissement du sud-ouest parisien a résisté à la pression électorale de la gauche en 2014. Il a même été un des symboles de la vague bleue. Pourtant, la gauche municipale poursuit certains projets qui fragilisent la présence de la droite. Ainsi, le Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, dans la pointe sud du 15e arrondissement, a été remplacé par une centaine de logements sociaux. Or, ce lieu est l'un des coins les plus difficiles pour le député des Républicains de la 13e circonscription de Paris. En 2012, dans certains bureaux de vote, cela s'était joué à une seule voix de différence… Plus généralement, il s'agit aussi de provoquer la droite. L'affaire des migrants permet de culpabiliser ceux qui refusent tel centre d'accueil.

La crise migratoire de l'automne 2015 a conduit à un emballement médiatique débouchant sur des annonces publiques. Le décès d'un enfant syrien a conduit les pouvoirs publics à mettre en place une politique d'accueil, suscitant l'indignation des SDF, qui ne disposent pas de l'arme médiatique à la différence des réfugiés. Invitée à définir des lieux d'accueil, la mairie de Paris a répondu rapidement à l'appel, s'offrant même le luxe de l'annoncer publiquement sur le site officiel de la mairie de Paris ! Dès le 10 septembre 2015, la rue du Bessin est choisie comme lieu d'accueil. Les habitants et les élus du 15e font savoir leur opposition. Et parfois ça marche, comme on l'a vu avec la polémique sur le centre d'accueil de SDF au Bois de Boulogne. En dénonçant la vive opposition des riverains et du maire du 16e arrondissement, cette polémique a été médiatiquement éteinte et les Républicains priés de rentrer dans le rang.

Les bourgeois avec les migrants ?

Il ne s'agit pas de crier à une transplantation massive et brutale. Le passage de Paris à gauche en mars 2001 est dû à la boboisation de certains quartiers et à l'usure d'une équipe municipale victime de divisions internes. Pour autant, il faut bien noter que la présence de logements sociaux consolide une implantation. C'est toujours utile d'avoir quelques bureaux de vote mieux acquis à la cause que d'autres, plus ambivalents… Les arrondissements de l'est parisien, dont certains ont basculé de peu en 2001 en savent quelque chose. Les écarts entre la droite et la gauche restent importants à chaque élection municipale, y compris en période de vague bleue.

Mais la sollicitation de la présence étrangère obéit à d'autres facteurs. L’homo festivus est aussi convié au débat. En effet, il y a cet imaginaire cool que l'on retrouve chez certains élus parisiens et habitants parisiens, certes avec moins d'ardeur depuis le 13 novembre 2015. Paris veut être ouverte sur le monde, donc sur les migrants, Anne Hidalgo en tête. Non sans hypocrisie. Les quartiers bobos restent hermétiquement blancs et pratiquent plus une mixité fantasmée que réelle. Le paradoxe est que dans certains quartiers parisiens (exemple du 2e arrondissement), il y a aujourd'hui moins d'étrangers que dans les années 1980. Paradoxe de la crise du logement, qui favorise un électorat blanc, mais anti-identitaire.

En décembre 2015, lors des régionales, des scrutateurs présents dans les différents bureaux de vote parisiens ont eu la surprise de voir, au second tour, davantage de votes de noms à consonance étrangère sur les cahiers d'émargement. Évidemment, dans la colonne du second tour Le message de panique de Claude Bartolone, qui accusait Pécresse de racoler au nom de la race blanche, a bien été répercuté. Même si Pécresse a emporté l'Île-de-France, la gauche est restée majoritaire à Paris, y compris dans deux arrondissements de droite (le 5e et le 9e arrondissement). Sans verser dans le complotisme, il existe donc des stratégies fines et subtiles, inavouables médiatiquement à gauche, mais impossibles à dénoncer à droite. Quand droite et gauche s'écharpent sur la construction de logements sociaux, c'est forcément subliminal. Par logement social : veuillez entendre plus d'immigrés chez soi.

François Hoffman monde&vie 9 juin 2016 n°925

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