Un genou à terre. Voilà comment les joueurs du PSG et de Başakşehir ont tenu à exprimer leur colère, le 9 décembre, avant le coup d’envoi de la reprise de leur dernier match de poule de Ligue des champions, contre le propos raciste qui aurait été adressé, la veille, à l’entraîneur adjoint du club stambouliote, le Camerounais Pierre Achille Webó. En effet, le mot « négro » aurait été lâché par le quatrième arbitre, mais en roumain, celui-ci signifiant simplement « noir » (negru). En bref, son crime aurait été de croire ce qu’il voyait. Une tempête dans un verre d’eau, bien qu’il s’agisse, in fine, d’une opération politique coïncidant avec une sociétalisation exponentielle de la planète football.
Une posture, ou une imposture. Parce qu’en réalité, ce sont seulement trois joueurs qui ont provoqué la suspension de la partie. C’est d’abord un attaquant du club turc, le Franco-Sénégalais Demba Ba, qui s’est abattu vert de rage sur cet arbitre. Après quoi, les deux stars du PSG, Mbappé et Neymar, lui ont emboîté le pas. Pourtant, à Dieu ne plaise, Ba n’est pas blanc comme neige en matière d’indigénisme : il n’était pas Charlie, en 2015, au nom de sa foi musulmane, sans oublier, entre autres, ses engagements en faveur des Ouïghours et du panafricanisme. Ainsi, il n’est pas le dernier à s’inspirer du boxeur Mohammed Ali en mettant sa religion au cœur de sa communication, comme lorsqu’il avait obtenu le retrait d’un sponsor qu’il jugeait incompatible avec la charia, quand il jouait pour Newcastle, en 2012.
Par ailleurs, Ba pourrait-il s’indigner quand un Caucasien est dévisagé d’un bout à l’autre de l’hémisphère sud du fait même de sa couleur de peau ? Il est vrai, aussi, que les termes de « négro » et de « négropolitain » ne sont jamais utilisés dans le rap et nos écoles par ceux-là mêmes qui ne veulent l’entendre de la part d’un toubab, un « Blanc », comme on le dit au Sénégal. En définitive, à l’image de ce joueur, la métapolitique footballistique est et sera islamo-libertaire, si ce n’est djihadique avec des éclats de voix : un savant mélange de fric, de slogans et de chariatique, sur fond de chromolâtrie ou d’obsession de la race.
Pire encore : le joueur français Antoine Griezmann suit cette logique avec une pathétique servilité. En premier lieu, il s’est pris, en 2017, les pieds dans le tapis moraliste en se déguisant en Harlem Globetrotter et a fini par s’excuser aussitôt après. Ensuite, il a dit qu’il avait mal à sa France après la récente interpellation de Michel Zecler. Enfin, il vient de rompre son contrat avec l’opérateur chinois Huawei, par solidarité avec les Ouïghours, ces derniers étant devenus les nouveaux Palestiniens selon la sempiternelle volonté de fantasmer sur le combat de David contre Goliath. Juste de quoi rire jaune… En somme, le football mondial continuera d’évoluer ainsi parce que seule la moraline peut générer des parts de marché et des passeports échangeables à souhait. Là où les idées antiracistes ne pouvaient que devenir folles, qui plus est chez des citoyens d’exception. Un bel arc-en-ciel, mais sans couleur ni nuance.
Henri Feng
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