Dans les Yvelines, en juin 2016, c’est un couple de policiers qu’on assassine à Magnanville. En octobre 2020, c’est un professeur d’histoire qu’on décapite à Conflans-Sainte-Honorine. En février 2021, c’est un professeur de philosophie qui, à Trappes, est menacé de mort.
Il y a quelques années, c’est le président du Sénat qui, alors qu’il rencontrait les élus d’Ecquevilly, avait été exfiltré par son officier de sécurité au moment où des salafistes se rassemblaient sous les fenêtres de la mairie en vociférant, comme me l’avait confié, à l’époque, un conseiller à la présidence du Sénat.
Dans les Yvelines, lors des élections départementales, on se moque de savoir dans les quartiers si le candidat est de gauche ou de droite, on ne veut savoir qu’une chose : « T’es Bédier ou t’es pas Bédier ? » Après avoir purgé sa peine de cinq ans d’inéligibilité, Pierre Bédier est revenu à la tête du département. Celui qui l’avait remplacé durant ces années lui redonna son fauteuil puis fut élu sénateur en 2017 sur la liste de Gérard Larcher. Après l’assassinat de Samuel Paty, Marianne consacra deux articles à Pierre Bédier dans lesquels on apprenait que celui-ci aurait contribué à évincer le président modéré du Conseil des institutions musulmanes des Yvelines au profit d’une personnalité proche de la mouvance salafiste.
Convoqués, au printemps dernier, au Sénat pour être auditionnés par la commission d’enquête sur la radicalisation islamiste, les représentants du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France) ne se sont pas présentés. Ils n’ont pas été pour autant poursuivis. Or, l’ordonnance de 1958 est claire : « La personne qui ne comparaît pas […] devant une commission d’enquête est passible de deux ans d’emprisonnement et de 7.500 euros d’amende. » Ayant fait campagne, en 2014, sur l’idée que « le Sénat peut relever la République », Gérard Larcher pense-t-il que c’est en laissant une organisation islamiste enfreindre la loi que le Sénat y arrivera ?
Comment les élus des Yvelines font-ils pour ne pas, malgré leur impuissance, se faire remercier par leurs électeurs ? Ne partagent-ils pas avec eux un même aveuglement sur l’Europe ? Non pas celle du fondateur de la Ve République mais celle du marché dans laquelle le citoyen doit abdiquer son appartenance à une communauté nationale pour n’être plus qu’un consommateur. Cette Europe qui est celle de George Soros, de Jacques Attali et d’Emmanuel Macron n’a de cesse de vider de sa substance notre Déclaration des « droits de l’homme et du citoyen ». Elle est celle des « droits de l’homme mais plus du citoyen ». Celle de l’homme abstrait, sans racine, sans passé, sans nation, sans frontière, sans drapeau. Là est le talon d’Achille de notre humanisme, dans cet abandon de la notion de citoyenneté au profit d’un universalisme abstrait. C’est à cet universalisme, défendu par la Cour européenne des droits de l’homme, que se réfèrent en permanence les islamistes.
« Cela fait trente ans que les politiques ne font rien », s’indignait Pascal Praud, sur CNews. Disons plutôt « qu’ils ne peuvent rien faire ». Prisonniers de cette Europe et livrés par elle à toutes les forces destructrices de l’idée de nation, ils s’adaptent à la progression du communautarisme des islamistes en leur cédant, jour après jour, du terrain. En 2022, cela fera quarante ans qu’est née aux Mureaux, dans les Yvelines, l’association Tariq ibn Ziyad qui a donné son nom au centre islamique de la ville. Tariq ibn Ziyad est un stratège berbère qui a conduit, en 711, la première grande expédition militaire de la conquête musulmane en Espagne.
Un musulman modéré suggèrera-t-il de « déboulonner » ce colonisateur ?