Sur BFMTV, le 11 mars, on a eu l’occasion de constater que Marine Le Pen a amélioré sa stature de présidentiable et l’on peut d’ores et déjà dire qu’à 406 jours du scrutin, les doutes qui, ces dernières années, ternissaient l’image de la présidente du Rassemblement national, sont derrière elle.
Au fil des sondages, la présence de Marine Le Pen au second tour est incontestable. Sa base électorale est solide et dans la dernière enquête Harris publiée par l’Opinion le 8 mars, on apprend que 84 % des électeurs qui ont voté pour elle en 2017, confirmeraient leur vote en 2022. C’est énorme mais c’est surtout le signe que malgré des changements dans sa ligne politique, malgré les départs de certains cadres, les “frontistes” restent fidèles à MLP. D’ailleurs aucun candidat putatif ou déclaré, ne peut concrètement, se vanter détenir une telle base électorale.
Marine Le Pen n’a pas besoin de faire des tonnes pour s’imposer dans cette pré-campagne, elle bénéficie de l’alignement des planètes dont Jupiter a tiré profit en 2017. Deux constats permettent de justifier cette situation.
En effet d’un côté, l’exécutif enchaîne les ratés et les approximations. On ne va pas rappeler les épisodes des Gilets jaunes, de la réforme des retraites, on ne va pas rappeler l’illisibilité de la politique migratoire, on ne va pas rappeler que l’islamogauchisme a atteint son paroxysme sous la mandature actuelle, on ne va pas rappeler les lois sociétales imposées comme la PMA sans père et l’IMG jusqu’au neuvième mois, on ne va pas rappeler la succession d’actions de repentances mémorielles vis à vis des ex-colonies et plus particulièrement de l’Algérie, enfin, on ne va pas rappeler la gestion chaotique de la crise sanitaire Covid-19.
Emmanuel Macron fait tellement d’erreurs qu’il est devenu l’adversaire idéal que tout le monde rêve de croiser au second tour de la présidentielle 2022.
Marine Le Pen a vite compris la fragilité politique d’Emmanuel Macron et finalement, en déclarant très tôt sa candidature, elle a préempté de facto tous les sujets, ce qui nous donne l’occasion d’évoquer le second constat.
De l’autre côté, on a une opposition inexistante. En effet les partis de gouvernement, LR, UDI, PS, EELV, PC, sont totalement inaudibles dans cette pré-campagne et leurs cadres se battent pour obtenir l’adoubement officiel…
La situation politique en France est kafkaïenne alors quoi de plus surprenant que de voir dans les sondages, le sortant, pourtant très bas dans les enquêtes de satisfaction, se retrouver face à une challenger, dont le mouvement politique fût jadis accusée de proximité avec des fascistes !
Finalement, Marine Le Pen a tout compris, elle que certains accusaient d’incapacité, démontre savoir faire preuve de stratégie. Elle affine son image, gère sa communication afin de permettre aux Français de mieux la connaître, elle n’exploite plus de façon systématique les éléments de langage de l’ex-FN, bref la femme politique se normalise.
Pour l’ancien de l’ESSEC que je suis, la transformation de MLP est assimilable à la stratégie de “l’océan bleu” développée par Chan Kim et Mauborgne. Elle a su créer une nouvelle demande dans un ensemble non contesté par ses adversaires, ce qui lui permet de passer pour précurseur et d’engranger de la satisfaction sans avoir besoin de paraître médiatiquement.
Sauf retournement exceptionnel ou arrivée d’un candidat sorti de nulle part par les oppositions, Marine Le Pen
semble bien placée pour arriver à l’Élysée. Macron, LR, PS, PC et LFI font de leur mieux afin qu’elle atteigne son objectif. Pourquoi voulez-vous qu’elle s’en prive ?
Verlaine Djeni