Le bracelet électronique, Il est beaucoup question de bracelets électroniques, ces derniers temps. Ils semblent être un ingrédient de l’actualité. Passons en revue quelques faits.
– Terry Dupin, blessé et arrêté par le GIGN ce lundi 31 mai après une cavale de 36 heures en Dordogne, était recherché à la suite de violences conjugales et de tirs sur les gendarmes. Ce récidiviste sortait de prison, portait un bracelet électronique avec l’interdiction de s’approcher du domicile de son ancienne concubine.
– Une femme de 33 ans est décédée à Douai dans la nuit de dimanche 30 à lundi 31 mai, manifestement sous des coups. Son concubin a été placé en garde à vue. Selon le procureur de Douai, il « bénéficiait d’une mesure d’aménagement de peine, détention à domicile sous surveillance électronique, pour l’exécution d’une peine de 10 mois d’emprisonnement pour vol aggravé et dégradations graves du bien d’autrui…»
– Avec neuf mentions au casier judiciaire, le réfugié politique kossovar qui a tué sa compagne à Hayange le 24 mai purgeait depuis le 20 novembre 2020 une peine d’un an d’emprisonnement pour des délits routiers, aménagée en peine à domicile avec bracelet électronique.
– A Alençon, le 25 avril, un homme d’une trentaine d’années tentait de poignarder son ex-conjointe. Il portait un bracelet électronique pour des faits de violence et de conduite sous stupéfiants.
A ces situations graves, il faut ajouter les cas où le port d’un bracelet électronique n’empêche aucunement la poursuite du business.
– A Plappeville (Moselle), un jeune homme vivant chez ses parents, purgeant une peine aménagée sous bracelet électronique, vendait du cannabis depuis… son balcon. Il a été arrêté ce week-end.
– Même chose à Angers le 3 mai où un jeune homme sous bracelet électronique pour vente de stupéfiants continuait de… vendre des stupéfiants.
– A Villeurbanne le 26 mai, un homme a été arrêté après un cambriolage. Il portait un bracelet électronique après des condamnations pour… vols.
– Le 19 mars à Grenoble, un homme de 35 ans a été arrêté pour huit agressions sur des personnes âgées en vue de leur voler leur sac à main. Condamné pour des faits semblables en 2014 et 2019, il avait été remis en liberté en novembre avec port de bracelet électronique.
Cette liste de divers crimes et délits ne prétend pas être exhaustive. Telle quelle, elle suffit à s’interroger sur l’utilité du bracelet électronique. Il était censé et résoudre le problème de la surpopulation carcérale et aider à la réinsertion. Or la surpopulation carcérale ne s’en trouve pas amoindrie puisque voilà des gens qui, loin de se réinsérer, sombrent dans la récidive, ou la réitèrent, ou passent au stade criminel supérieur. Quant aux femmes, on a bien compris que le bracelet électronique ne les protège en rien dans les cas des violences conjugales, n’en déplaise aux procureurs qui, dans plusieurs affaires récentes de « féminicides », ont assuré que la justice avait fait son travail convenablement. Il est vrai qu’elle l’a fait convenablement de son point de vue à elle. Tant qu’on ne sera pas sorti de la vision idéologique selon laquelle c’est à la société de payer sa dette envers le criminel, tant qu’on n’aura pas pris la décision d’expulser les délinquants et criminels étrangers pour désengorger les prisons, double peine et peine capitale seront réservées aux victimes.
Guy Denaere
Article paru dans Présent daté du 1er juin 2021