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Guerre d’Ukraine – Jours 139-140 – Les premiers contours du monde d’après l’hégémonie américaine apparaissent – par Edouard Husson

La Bataille d’Ukraine 

Toujours et encore : Turenne ou Bonaparte ? 

Intéressant point de vue du rédacteur d’Actualités françaises et internationales

“De manière générale, ce qui ressort de l’ère Poutine, c’est une politique raisonnable et très mesurée. Beaucoup de pays et de dirigeants forts sont tentés par des politiques et des décisions très fortes. Ils se développent très rapidement, puis s’effondrent tout aussi rapidement. S’engager trop profondément dans une politique, ou dans un conflit, cela peut apporter un grand succès rapide, ou un grand échec rapide. Peut-être que les élites actuelles de la Russie l’ont compris après l’échec militaire de l’Afghanistan dans les années 1980, et par l’échec politique de l’URSS, et qu’elles freinent leurs engagements, se conservant ainsi une bonne marge de manœuvre 

C’est la raison stratégique par laquelle je m’explique logiquement et de manière cohérente la plupart du comportement et des déclarations des élites russes depuis 22 ans, en politique intérieure et extérieure. Le résultat est positif, bien que mitigé : il pourrait être bien meilleur, mais au prix de risques internes et externes trop élevés. Les élites russes suivent une politique modérée en tout, avec des avantages et inconvénients, mais les résultats sont là. 

Personnellement, j’aurais engagé 5 à 600 mille hommes, en commençant par attaquer sur l’axe Lvov – Odessa avec comme objectif l’isolement de toute la frontière ouest du régime kiévien en 3 à 4 semaines. Ensuite, le temps aurait joué pour moi, et je ne cache pas qu’après cet effort initial, j’aurais pris tout mon temps, en réalisant un siège gigantesque dans les plus grandes traditions historiques. Mais à quel prix ? Au prix de l’Afghanistan bis, avec une fuite en avant, une escalade militaire et économique terrible, une société russe plongée dans un retour aux années de 1940 par l’engagement total dans la guerre pour de longues années, y compris dans l’après-guerre avec la lutte anti-terroriste.

Je suis le premier à reconnaître qu’il est fort heureux qu’un Poutine modère les ardeurs de personnes de mon genre, certes compétentes en stratégie militaire brute (dans tous les sens du terme), mais absolument incompétentes en politique générale et en lutte non conventionnelle : les résultats le prouvent. (…) 

En ce qui concerne le problème soulevé en Ukraine, il faut espérer que les autorités russes pourront poursuivre leur opération selon le plan qu’elles se sont fixées (minimaliste/modéré), et que la volonté occidentale de les pousser dans une escalade militaro-économique continuera à trouver une réponse à la fois efficace et minimaliste/modérée“. 

Nous sommes ramenés, toujours et encore, au contraste de méthode entre Turenne et Bonaparte!  Entre Wellington et Napoléon. Si l’on veut construire du solide, c’est la prudence active d’un Wellington qu’il faut choisir. 

+ Le ministre ukrainien de la Défense Alexis Reznikov au Wall Street Journal: . « Il est nécessaire de mettre à jour nos unités, de les remplacer et de remanier, car nous avons de lourdes pertes. Nous voulons plus de véhicules blindés, plus d’armes de nos partenaires. Nous devons réaligner certaines zones, améliorer les fortifications et planifier une nouvelle stratégie opérationnelle »

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