On a beau dire qu'il ne faut pas se réjouir du malheur d'autrui, il y a quand même des jours, voyez-vous, où on ne peut pas bouder son plaisir. Ce dimanche 2 octobre, une manifestation réunissait, à Paris, les opposants à la dictature iranienne, qui réagissaient (on le sait désormais) à la mort ignominieuse de cette jeune fille, décédée en garde à vue pour un voile mal mis. Curieux enthousiasme dans un pays qui, on ne cesse de nous le répéter, se caractérise par sa tolérance et sa vision quelque peu malléable de la laïcité dans l'espace public.
Or, justement, voici que Sandrine Rousseau, pasionaria des combats féministes, avait décidé de prononcer un petit discours. Qu'a-t-elle dit ? On ne le saura pas, et je ne suis pas sûr que ce soit vraiment dommage : elle n'a pas pu en placer une. Sous de copieux et bruyants sifflets, sous les cris de « collabo » et « dégage », la sorcière bien-aimée de toutes les sororités a vainement essayé de faire entendre sa voix. Interrogée peu après, elle a reconnu quelques sifflets mais a affirmé qu'elle avait aussi entendu des acclamations, peu discernables sur les vidéos. Avec une étanchéité à la remise en question qui force le respect, Sandrine Rousseau considère que tout ça, ce sont les combats des femmes enfin libérées.
Ces huées bienfaisantes signent peut-être (soyons optimistes) la fin de l'imposture morale de la gauche, donneuse de leçons insupportable, hypocrite et contradictoire, pleine d'assurance pour assener des inepties. Les femmes qui ont foutu dehors la promotrice du burkini ne s'y sont pas trompées. Les écolos racolent les voix islamistes. Ce n'est qu'un renvoi d'ascenseur. La même semaine, un conseiller municipal PS quittait Les Mureaux face au vivre ensemble qu'il avait contribué à créer. Ouvriront-ils les yeux ? On l'espère. Mais on espère surtout que les électeurs quitteront la prison mentale dans laquelle le gauchisme les a enfermés depuis si longtemps.