Rassemblés à l’initiative du Collectif "apolitique" pour la Préservation de la Pierre Attelée, les manifestants ont bon espoir d’être entendus par le maire de Saint-Brévin qui compte quelque 13 500 habitants. "Nous avons découvert en février dernier qu'en catimini, la mairie de Saint Brévin les pins avait décidé d'installer un CADA au sein même de la petite école de la Pierre attelée, au sein même de la forêt domaniale protégée de notre petit quartier", explique un membre du collectif qui a organisé et animé la manifestation et préfère rester anonyme. De l’autre côté de la place, les opposants à la manifestation sont venus nombreux également, rassemblés par le collectif des « Brévinois atterrés », œuvrant pour l’accueil des migrants. Les objections des opposants au projet sont nombreuses mais tiennent essentiellement à l’emplacement du site. Située en bord de mer, au lieu dit de la Pierre Attelée, la parcelle de terrain concernée fait partie d'un espace protégé jouxtant une école. La construction, a priori interdite par la loi sur l’urbanisme, a pu être autorisée du fait de la vocation « médico-sociale » du projet.
Le collectif est composé de riverains opposés à la dégradation du site naturel et de parents d’élèves craignant de voir s’installer une population issue de l’immigration dans le voisinage de l’école de leurs enfants. On y rencontre également des Brévinois outrés par les propos du maire qui refuse que les demandeurs d'asile s'installent "de l’autre côté de la 2x2 voies ». Il tient à « leur offrir un lieu hyper agréable, à proximité de la mer ». Peu importe si bien des habitants n’ont pas les moyens de s’offrir une telle situation. Le collectif précise que la parcelle a été cédée par la mairie à un prix dérisoire par rapport au prix du marché (environ 100 euros du mètre carré).
Si les partisans du projet font mention d’une future population composée majoritairement de familles, les membres du collectif subodorent qu’il n’en sera pas ainsi. Et pour cause, les plans de construction prévoient une majorité de studios individuels. Par ailleurs, ces migrants s'ajouteraient à un autre centre d'accueil déjà opérationnel sur la commune de Saint Brévin. Les contre-manifestants affirment ainsi « qu’un centre d’accueil existe déjà depuis quelques années et aucune conséquence néfaste n’est à déplorer ».
Une Parisienne venue chercher le calme dans cette petite ville balnéaire constate l'absence de familles : « J’habite à proximité du centre d’accueil déjà existant, et je n’y vois tous les jours que des jeunes hommes ! ». Elle s'oppose elle-aussi à l'ouverture du nouveau centre de migrants.
Vers 11h30, une poignée de gendarmes se précipite vers un groupe d’antifas dont l’un porte une cagoule. Il n'y aura pas d'interpellation. Mais peu après, ces mêmes individus provoquent les manifestants qui restent calmes, même lorsque la contre-manifestation se met à scander en cœur « Fachos ! Fachos ! ».
Vers midi, alors que « les Brévinois Atterrés » se sont dispersés, quelques membres du collectif sont reçus par l’adjoint à la sécurité et l’adjoint à la voirie. Les deux émissaires de la mairie affirment qu'ils ont entendu les revendications et promettent de les porter à la connaissance du maire. Pour quel résultat ? Déjà sollicité à de nombreuses reprises à ce sujet, le maire de Saint Brévin Les Pins a déjà refusé toute entrevue ou discussion. L’équipe municipale souligne aussi qu'elle n’a pas le pouvoir d’arrêter les travaux, la décision revenant au sous-préfet. Perçue par les manifestants comme une avancée mais non comme une victoire, cette entrevue n’empêchera pas les protestataires de poursuivre la lutte active : d’ici quelques semaines, une occupation du site est prévue.
Les manifestants ont promis « de ne rien lâcher ! ». Outre l’occupation envisagée, une pétition à l’attention du maire rassemble déjà 700 signatures. De nombreuses réclamations sont aussi envoyées directement au préfet. Cela suffira-t-il ?