Un proverbe albanais le disait, jadis, en termes fleuris : "quand l'Osmanli est à la peine, le fils de l'Aigle peut se réjouir". Quand le New York Times grince des dents un défenseur de la Liberté, ne saurait se lamenter. Et quand, en France, Le Monde fronce des sourcils, l'Européen bien né doit généralement se trouver d'excellentes raisons d'espérer.
D'une victoire de Giorgia Meloni en Italie notre chronique datée du 14 février pouvait déjà se féliciter, soulignant que "Ça bouge en Europe".[1]
Aujourd'hui, on commence à comprendre, même à Paris, que la majorité des Européens ne supportent plus ni le chaos migratoire, ni l'inflation fiscaliste, ni le wokisme.
Toutes ces nuisances sont associées : nous laissons entrer trop d'immigrés illégaux et inassimilables, parce que nous acceptons de payer trop d'impôts et parce que nos politiciens ne savent répondre aux problèmes qu'en augmentant la dépense publique, et que la culture subventionnaire sert essentiellement à la destruction des identités… Cette chaîne logique s’est emparée de nos sociétés du nord au sud de l'Europe.
Un quotidien comme Le Monde, en ligne ce 19 juin, pouvait donc se lamenter à propos, d'abord, du cas suédois, que nous soulignions déjà en février : avec un peu de retard, l'article est orné d'une photo remontant au mois d'octobre 2022. Le chef, Jimmie Akesson, qui préside, depuis 2005, le parti des Démocrates suédois, que l'organe central de la bien-pensance étiquette comme "d'extrême droite y côtoie, de la façon la plus officielle du monde le conservateur Ulf Kristersson, chef de ce gouvernement de coalition, flanqué de Mme Ebba Busch présidente des chrétiens-démocrates, et de Johan Pehrson le chef du parti libéral. Ils venaient alors de former, à Stockholm, une alliance de gouvernement.
Sans doute, pense-t-on à Paris, que Stockholm, c'est loin :1 546 km à vol d'oiseau. Et puis, pendant des décennies le royaume de Suède a semblé un paradis de la social-démocratie, de la bien-pensance, etc. Or, ce que souligne à juste titre, tout en s'en offusquant les journalistes enquêteurs du Monde, c'est sur tout le Vieux Continent que le ressac du wokisme, le rejet des excès immigrationnistes, et surtout la convergence des droites se répand. Début 2000 "on" avait monté en scandale paneuropéen l'entrée du parti libéral autrichien dans le gouvernement fédéral de Vienne ; 23 années plus tard, Mme Meloni participe aux réunions du G7, à Helsinki, le parti des Vrais Finlandais s'accorde avec le mouvement des chrétiens-démocrates et compose le gouvernement le plus à droite depuis 1945. Et, en Espagne, le mouvement nationaliste Vox est allié au parti populaire à la tête de 10 importantes municipalités et se prépare à gouverner le pays si l'effondrement de la gauche, croulant sous le poids de ses provocations, de ses excès et de ses échecs, se confirme aux élections législatives.
Seule la France, en fait, s'en tient à l'héritage putride des années Mitterrand, continuée par Chirac. Seul le gouvernement Borne s'acharne à vouloir ouvrir, par un nouveau texte de loi, un nouvel appel d'air migratoire au titre des prétendus métiers en tension, alors même que le pays compte 5 millions d'inscrits à Pole Emploi, exactement 5 089 400 personnes au premier trimestre de 2023.
Seul notre Conseil constitutionnel valide l'aide à l'immigration illégale au nom du principe de Fraternité, hérité sans doute des "Patriotes" de l'ère jacobine qui noyaient les Nantais dans la Loire. Seul le gouvernement de Paris juge "dans leur rôle" les perturbateurs imbéciles d'une Assemblée générale d'actionnaires et laisse, sous le "répressif" Darmanin libre cours aux éco-extrémistes du "Soulèvement de la Terre", aux "Antifas" qui s’attaquent à des signatures de livres… tout en interdisant les plus inoffensifs colloques…
Seule la France reste gouvernée par l'anti-France.
JG Malliarakis
[1] cf. L'Insolent du 14 février "Ça bouge en Europe".