Un vieil ami me signalait, en ce dimanche matin 22 octobre un article publié par le Parisien jadis libéré. Ce bon vieux quotidien alertait ses lecteurs à propos de l’inquiétant projet d’attentat d’une cellule d’ados radicalisés. « Notre but, c’est de terroriser les juifs » annoncent-ils.[1]
Et le journal de les décrire ainsi comme Fanatiques de Daech et d’explosifs, trois collégiens ont été mis en examen à Paris pour avoir projeté une attaque contre une ambassade israélienne. Tout ceci provenant d'une nébuleuse djihadiste d’adolescents français, belges et russes connectés sur les pires aspects de l'internet et de ses réseaux sociaux.
C'est effectivement effroyable. Relativement bonne nouvelle cependant : les arrestations ont commencé, ou au moins les interpellations, même si Mélenchon les dénonce… Cela fait penser aux anarcho-terroristes des années 1900, qui furent, au bout du compte, balayés. (version optimiste) Ils disparurent avec la Grande Guerre et cédèrent la place aux bolcheviks (moins optimiste). Il ne s'agit en l'occurrence, pensera-t-on, que de 3 collégiens (version optimiste) ; il faut tuer le crocodile quand il est petit, dit le proverbe africain. Le régime français le fait-il ? Cette dernière question relève hélas du registre le moins optimiste, car le gouvernement actuel a donné naissance au verbe macronner qu'on peut traduire par « je dis et je ne fais pas ». Quant à la magistrature syndiquée, elle a fait sienne une devise plus redoutable encore : « j'applique la loi… quand ça m'arrange ». Avec pareils pouvoirs, tant exécutif que judiciaire, l'ordre public est mal parti.
Annoncée de manière tonitruante par Me Dupond-Moretti, aujourd'hui garde des Sceaux, la réaction, encore timide, semble avoir commencé.
Le ministère de la Justice publiait ainsi en date du 10 octobre une circulaire enjoignant aux procureurs de poursuivre les « apologies du terrorisme ». Tomberont dès lors sous le coup de cette qualification les « propos vantant les attaques, en les présentant comme une légitime résistance à Israël », tout comme la « diffusion publique de messages incitant à porter un jugement favorable sur le Hamas ou le Jihad islamique ».
Au 16 octobre, Gérald Darmanin annonçait que 102 personnes avaient été interpellées pour des actes antisémites ou d'apologie du terrorisme depuis les attaques du Hamas.
Le 20 octobre, Dupond-Moretti faisait état, au micro d'Amandine Bégot sur RTL, de « 196 enquêtes ouvertes dont 47 pour apologie du terrorisme » depuis le début du conflit. « Je veux, déclarait-il, une réponse systématique [.] Des condamnations ont d’ores et déjà été prononcées, à Bobigny par exemple, 3 ans d’emprisonnement dont 2 ans ferme pour des propos antisémites et d'apologie du terrorisme » [les deux notions semblant indissociées.]
Or, parallèlement, la part extrême de la gauche, Mélenchon en tête, a fait clairement le choix de combattre cette esquisse de répression légale.
À la même date du 20 octobre en effet, on apprenait l'interpellation de 2 [deux] militants de la CGT, dont le secrétaire départemental, du Nord pour apologie du terrorisme.[2]
Vite relâchés, ces deux apparatchiks du syndicat communiste ont immédiatement bénéficié de la mobilisation de 60 de leurs camarades devant le commissariat de Lille.
Quant à Mélenchon, en concurrence avec le PCF, le parti socialiste et les écolos pour l'hégémonie à gauche et les débris de la NUPES, il choisit sans hésiter le soutien à toutes les actions de l'extrême gauche, y compris quand elles s'accomplissent au cri de « Allah akbar ».
À ce titre, notre admirateur du Venezuela de Chavez et de Maduro s'écriait le jour même : « Arrestation à 6 heures du matin de responsables CGT !!! "Apologie du terrorisme" qui peut le croire ? L'apologie du terrorisme c'est le soutien inconditionnel du gouvernement aux crimes de guerre à Gaza. D'interdictions en criminalisations et violences d’état de toutes sortes, Borne et Darmanin font de la France une sorte de régime autoritaire de type nouveau. »[3]
Jusqu'ici la montée en puissance de Mélenchon, qui ne parvient tout de même pas à se hisser jusqu'au second tour serait liée au vote musulman. À la présidentielle de 2012 il en aurait récolté 20 % ; en 2017, 37 % ; en 2022, 69 %. Sa très proche conseillère Sofia Chikirou semble, à vrai dire, particulièrement disposée à l'encourager dans ce sens.[4]
Et dès ce 22 octobre nous le voyons appeler à un rassemblement « pour un cessez-le-feu immédiat en Palestine ».
Qu'on se rassure, Mélenchon entend faire feu de tout bois. Cela s'appelle, dans le jargon gauchiste, l'intersectionalité. Le même jour sur ce même compte Twitter on le voit :
1° vanter son nouveau livre Faites mieux, épinglé depuis le 19 septembre ;
2° donner Rendez-vous à 15 heures Place de la République à Paris. « halte au massacre à Gaza, pour un cessez-le-feu immédiat" à l'appel de la CGT, FSU, Solidaires, Attac, FO Île-de-France, mouvement de la Paix, et une centaine d'organisations dont nous, LFI ». [Demander un cessez-le-feu immédiat à Gaza, alors que l'infrastructure militaire du Hamas n'a pas été détruite, c'est lui permettre de préparer de nouveaux pogroms, répond un internaute. Il faut dissoudre @FranceInsoumise, qui sous couvert de pacifisme, soutient les terroristes du Hamas.]
3° reposter une annonce de son prétendu Institut La Boétie, école de cadre du mouvement, qui organise un colloque exceptionnel sur le thème « Qui vote pour l’extrême droite ? Structure sociale et motivations électorales ; Extrême droite : le dessous des cartes. Comment la vaincre. » suivi en direct par 7 600 spectateurs.
4° soutenir les actions éco-extrémistes et zadistes contre le projet d'autoroute A 69, tout en ricanant du fait que « Grâce au travail d'alerte des militants, 61 % des habitants de la région (??) sont contre. Sauf Delga [présidente de la Région], le PS, le PCF et le groupe de presse local. »
Dans ce salmigondis de mobilisations additives, dont la liste du jour ne saurait, hélas, être tenue pour limitative, on ne doit évidemment pas tout confondre. En particulier identifier la cause des droits légitimes des Palestiniens à celle du Hamas relève, à l'évidence, de l'imposture.[5]
Simplement, pour justifier une mobilisation en faveur du Hamas au nom de la gauche, il faut recourir à une idéologie qui porte un nom : l'islamo-gauchisme.
Pendant fort longtemps, la sympathie pour l'islam, en France, comme en Angleterre ou en Allemagne s'est ancrée dans les milieux de droite. Citons les noms d'auteurs aussi différents que Pierre Loti, René Guénon ou Jacques Benoist-Méchin. Plus tard, de 1945 jusqu'au milieu des années 1950 au moins, ce courant s'est investi dans l'idée que, l'URSS persécutant la religion mahométane, cette dernière était une alliée dans la lutte contre le communisme. [6]
Dans la gauche laïque au contraire, on y voyait le plus souvent le comble de l'obscurantisme et, corollaire, de l'oppression de la femme.
Il ne faut pas confondre à ce sujet le choix stratégique du Komintern choisissant au Congrès de Bakou de se servir des "nationalismes musulmans" contre l'occident.[7]
Tout a changé, dans le paysage politique français, du jour où la gauche socialiste ayant largement échoué aux yeux de l'opinion populaire, il fallait retrouver un nouvel électorat.
La mission donnée à l'extrême gauche islamo-gauchiste, qui l'accepte, tend à recruter, dans les banlieues perdues de la république, les votants disparus. C'est d'une clarté totale et il faut une immense mauvaise foi à des Sandrine Rousseau, et tutti quanti, pour faire semblant de ne pas s'en rendre compte.
Là où le bât blesse, en revanche, c'est que, sur cette base, le rapport numérique au sein de l'opinion populaire est de 30 % contre 70 % des Français qui en ont par dessus la tête de l'immigration et de l'insécurité. Même la désignation de la [très méchante] extrême droite, cela ne prend de moins en moins. La division des Gaulois reste encore une vieille recette qui a très bien pris, de Jules César à Mitterrand. Mais qui sait ?
JG Malliarakis
Apostilles
[1] cf. Le Parisien du 22 octobre 2023.
[2] cf. "Deux militants de la CGT du Nord interpellés à leur domicile pour apologie du terrorisme" sur le site du Monde.
[3] sur Twitter le 20 octobre à 10h42
[4] cf. Twitt de Joris Hanser le 14 octobre
[5] "Ni le Hamas ni le Fatah ne peuvent prétendre représenter le peuple palestinien" souligne ainsi Fadi Quran, directeur de campagne de l'ONG Avaaz. Il remarque que ni en Cisjordanie ni à Gaza aucune élection ne s'est déroulée depuis 15 ans...
[6] On lira à cet égard "Le Soufi et le Commissaire" sur Les confréries mulsulmanes en URSS, par Alexandre Bennigsen et Chantal Lemercier-Quelquejay, Seuil, 1986, 310 pages
[7] Mais lorsqu'un choix s'impose entre "nationalistes laïcs" et réactionnaires c'est évidemment le choix des kémalistes contre Enver Pacha que fait l'URSS. Lénine et Staline livrent à Mustafa Kemal les armes avec lesquelles, il chassera les Grecs autochtones d'Asie minure en 1922. Au préalable, l'Union soviétique s'était partagé le Cuacase avec la Tiurquie au traité de Kars de 1921, qui permit de liquider la Géorgie et l'Arménie alors indépendantes. cf. "La Faucille et le Croissant" par JG Malliarakis, Trident, 225 pages
https://www.insolent.fr/2023/10/fonction-de-lislamo-gauchisme.html