Tout a commencé le 17 novembre 2018. En quelques semaines, des milliers de gilets jaunes ont fait trembler Macron et son gouvernement. Bien sûr, il y avait parmi eux quelques excités, le plus souvent d'extrême gauche, prêts à semer le désordre. Le soir, des hordes venues des banlieues, qui n'avaient rien à voir avec la foule des manifestants, dévastaient et pillaient allègrement les vitrines. Il y avait aussi quelques personnes, sincèrement révoltées ou en mal de renommée, qui cherchaient à se mettre en avant. Mais la grande majorité d'entre eux représentaient la France périphérique, la France des territoires, la France abandonnée ; la France, tout simplement.
On se souvient comment Macron, déjà fragilisé par l'affaire Benalla, se terrait à l'Élysée, prêt à se faire exfiltrer en hélicoptère si les manifestations s'approchaient trop de son retranchement. Il finit, selon son habitude, par noyer le poisson en d'interminables débats, promettant de changer de méthode de gouvernement et donner la parole aux Français. Les promesses – c'est bien connu – n'engagent que ceux qui les reçoivent : on sait ce qu'il en advint. Il ne restait plus, pour l'hôte de l'Élysée, qu'à jouer la montre en attendant un second mandat, où il se posa en rassembleur des Français contre « l'extrême droite ».
Les gilets jaunes originels posaient les vrais problèmes, qui n'ont jamais été traités et se posent de nouveau aujourd'hui avec la même acuité : l'amélioration du niveau de vie des classes populaires et moyennes, le prix des carburants (déjà !), un peu de justice fiscale et sociale, un peu de considération, l'instauration du référendum d'initiative populaire, voire, pour les plus hardis et sans doute les plus lucides, la démission de Macron.
S'y est ajoutée, ces derniers mois, la question de l'immigration, trop longtemps occultée, malgré les avertissements de nombreux précurseurs, prophétiques mais toujours diabolisés par la bien-pensance. Le gouvernement est aujourd'hui contraint de discuter d'un projet de loi sur l'immigration, sans cesse retardé. Mais, malgré les modifications apportées par la majorité sénatoriale, malgré la fermeté, sincère ou opportuniste, du ministre de l'Intérieur, dans quel état sortira-t-il après son examen à l'Assemblée nationale ?
Le mouvement des gilets jaunes n'existe plus guère dans ses manifestations, mais ses causes sont plus présentes que jamais. Ce sont la morgue, le mépris, la déconnexion de nos dirigeants. C'est l'incapacité des élites, qui confondent l'intérêt de la France avec leurs propres intérêts. C'est la dépendance à l'Europe, elle-même dépendante de la superpuissance des États-Unis. Pis encore : ce sont les tergiversations, voire la soumission face à l'impérialisme islamique, comme le montrent les palinodies de Macron dans la guerre d'Israël contre les terroristes du Hamas.
Les gilets jaunes manquaient peut-être d'expérience politique, ils faisaient sans doute preuve d'un esprit utopique, mais force est de constater qu'ils étaient plus représentatifs de la France que la Macronie. Que penser d'un Président qui aurait pris conseil auprès de Yassine Belattar pour savoir s'il devait ou non participer à la marche contre l'antisémitisme ? Bien sage, qui préférerait manger un sandwich sur un rond-point, en compagnie de gilets jaunes, qu'être invité à la table de l'Élysée !
Philippe Kerlouan
https://www.bvoltaire.fr/point-de-vue-gilets-jaunes-5-ans-deja-le-mepris-macroniste-est-toujours-la/