Ce à quoi l’essayiste Laurent Obertone, auteur du tryptique La France orange mécanique, La France Big Brother et La France interdite, (Ring éditeur) répond, non sans humour : « Rappel, Manon Aubry fait partie des 3% des Français les mieux payés. Avec notre argent. »
Il est vrai qu’avec 7.300 euros net par mois, pour son mandat de député au Parlement européen, (soit un peu plus de cinq fois le SMIC), nous sommes loin du salaire de Cosette, ou de ce qui en tenait lieu.
Ce sans oublier ses 4.800 autres euros mensuels, permettant de prendre en charge frais de bouche, de déplacements et de secrétariat. Auxquels viennent s’ajouter 338 euros quotidiens de présence aux séances de Strasbourg et de Bruxelles. À ce niveau de fonction exercée, sans dire que le salaire perçu n’est qu’argent de poche, force est de constater qu’on ne s’appauvrit pas en exerçant ses talents dans les instances européennes.
Manon Aubry n’est certes pas la seule à vivre sur un train aussi confortable. Mais au moins, la majeure partie de ses collègues ont-ils la décence de nous épargner les leçons de morale. En frôlant le seuil des 3 % de Français les plus riches, Manon Aubry n’a évidemment pas rejoint le très sélect club des « 1 % » des plus fortunés de la planète, tel que dénoncés par les manifestants américains du collectif Occupy Wall Street de 2011, qui assuraient représenter les « 99 % » restants de petits Terriens que nous sommes. Elle a encore de la marge ; même si n’ayant pas besoin de compter les pièces jaunes pour s’en aller acheter son pain, au contraire d’un nombre grandissant de nos compatriotes.
S’ensuit une autre question : est-ce en taxant davantage ce « 1 % » des contribuables qu’on enrichira mécaniquement les « 99 % » restants ? Il faut être bien naïf pour l’imaginer. Les plus riches auront toujours les moyens de payer moins d’impôts ; ils entretiennent des conseillers fiscaux à l’année pour ce faire. Quant à l’administration fiscale, elle sait bien qu’il sera toujours plus rentable de taxer une majorité de smicards qu’une minorité de milliardaires. La preuve en est que la pression en la matière pèse davantage sur les plus modestes en général et les classes moyennes en particulier.
Les multinationales ont les moyens d’y échapper, en délocalisant et en défiscalisant. Les petites entreprises et les artisans ne les ont pas. En l’état, plutôt que d’imaginer pouvoir davantage taxer les puissants, ne faudrait-il pas plutôt détaxer les humbles ? Pis que tout, le monde que Manon Aubry appelle de ses vœux, sans frontières et sans États forts, n’est-il pas en totale contradiction avec sa feuille de route ?
Le mondialisme « No Borders » exigé pour les immigrés clandestins est aussi celui des holdings transnationaux et de leurs capitaux dont le montant dépasse désormais en puissance celui de nombre de nations, elles-mêmes dépassées par cette planète ouverte aux quatre vents.
Après, on a le droit d’être friquée et de gauche. Mais s’en trouve-t-on forcément la mieux placée pour jouer aux redresseuses de torts fiscaux ? Surtout quand on ne cesse de traiter le bas peuple avec une arrogance de classe à nulle autre pareille, le tenant pour horde de crasseux ayant le mauvais goût de voter hors des clous.
Nicolas Gauthier
https://www.bvoltaire.fr/manon-aubry-la-riche-qui-veut-taxer-les-riches/