Les élections européennes auront une portée cruciale cette année. Elles seront pour beaucoup de Français l’occasion d’un vote national en même temps qu’européen. Macron n’a été réélu en 2020 que par défaut comme l’a prouvé l’absence de majorité présidentielle aux élections législatives qui ont suivi. Cette fois le rejet de cet accident de l’histoire est sans risque. Les sondages annoncent donc une débâcle macroniste, une montée spectaculaire en faveur de la droite nationale, et une résurrection du parti socialiste. On peut alors penser que le mirage centriste qui a trompé les Français en 2017 va se dissiper pour faire apparaître un paysage plus réaliste.
Celui-ci se composera d’une extrême-gauche amoindrie mais agressive, avec LFI et EELV, des vieux partis de gauche, le PC moribond, et le PS, qui survit malgré tout aux désastres auxquels il a conduit la France depuis 1981, 1997 et 2012. Contre toute logique, il avait en partie gardé le pouvoir malgré la calamiteuse présidence de Hollande, puisque grâce au coup d’Etat médiatico-judiciaire contre Fillon, le socialiste, tendance caviar, Macron avait sauvé nombre de ses caciques, par sa victoire et l’élimination de la droite d’alternance en 2017. Celle-ci ayant perdu toute colonne vertébrale est résiduelle. Comme l’ancien parti radical, elle subsistera dans ses bastions locaux. La droite nationale avec désormais des positions claires, des arguments solides, et beaucoup de personnalités d’excellent niveau, capables de prendre en mains le gouvernement du pays, peut désormais gagner l’élection présidentielle et obtenir ensuite la majorité à l’Assemblée. La qualité et la jeunesse des têtes de liste, Marion Maréchal, Jordan Bardella, et la compétence de ceux qui les ont rejoints offrent une alternative, inconnue jusqu’à présent, à des Français, que les évènements rendront plus sensibles au discours et qui seront moins craintifs devant sa mise en pratique.
La défaite du camp macroniste mettra fin à une imposture qui a consisté à faire passer un gouvernement de centre-gauche à tendance wokiste pour un gouvernement centriste, voire même de droite. La trahison d’une partie importante des Républicains a entretenu cette illusion. La cohérence souterraine du macronisme, souvent cachée sous les contradictions apparentes du “en même temps”, dont des commentateurs de plus en plus nombreux se gaussent, est bien réelle. Elle prend tout son sens à l’occasion des élections européennes, car son axe essentiel tient à volonté de noyer définitivement la nation française dans une Europe fédérale, une Europe où la France perdra sa souveraineté au profit des votes à la majorité pour soutenir les directives de la technocratie bruxelloise, ce “despotisme doux et éclairé” comme osait la qualifier Delors. Macron, et ses proches, Attal par exemple, viennent du socialisme strauss-kahnien. Ils ont été bercés par les rêveries mondialistes d’Attali et ont puisé leurs idées dans les études et proposition de Terra Nova. C’est ce laboratoire d’idées qui a acté la séparation de la gauche de son électorat prolétaire pour lui faire préférer l’addition des minorités en tous genres.
Entre LFI et la macronie, la différence n’est pas de nature mais de degré, de degré dans le wokisme : toutes deux ont abandonné les ouvriers à la droite nationale, toutes deux ont considéré que cette nouvelle base électorale multiple allait gommer l’idée d’identité populaire ou nationale. Simplement, elles s’adressent à des publics différents pour obtenir un but identique. LFI a opté pour la voie courte qui s’appuie sur l’évolution démographique et le changement de peuple qui en résulte. L’idée d’une révolution des banlieues “créolisées” produit une utopie dynamique en apparence, totalement loufoque et débraillée en réalité. Comment peut-on à la fois revendiquer un néo-féminisme et une islamophilie ? L’addition des voix revanchardes ne peut être le support d’aucune politique. L’Islamo-gauchisme qui se passionne pour Gaza sans trop se préoccuper du statut de la femme dans les pays islamiques ni des pressions qui s’exercent sur le deuxième sexe dans les territoires perdus de la République, cumule des négations tellement contradictoires qu’il sera fatalement conduit à exploser. Peut-on à la fois vouloir protéger les animaux, gommer les sexes, favoriser l’homosexualité et être l’allié d’une religion qui égorge rituellement, légitime des statuts inégalitaires entre les sexes, et punit l’homosexualité de mort ? Les Frères Musulmans veulent logiquement un califat mondial. LFI ne serait donc que l’idiot utile de ce projet ?
La Macronie aussi choisit l’Autre, mais cet Autre, ce n’est pas l’immigré, c’est l’Européen, soumis à son suzerain américain dans la continuité de Monnet. Son public n’est pas celui des jeunes des cités, mais au contraire celui des classes moyennes supérieures, dont les enfants font en partie leurs études à l’étranger. LFI choisit les remplaçants, Renaissance choisit les remplacés heureux, expatriés de demain. LFI se fait élire en Seine-Saint-Denis, Renaissance dans les Hauts-de-Seine. LFI rêve d’une subversion par le bas et la marge. Le nom orwellien de Renaissance affirme le contraire de son projet : évaporer le peuple français, sa démocratie, sa souveraineté dans les structures technocratiques européennes complices de l’unilatéralisme américain à l’échelle du monde. Le cirque indécent de l’extrême-gauche, son soutien au Hamas en font un épouvantail. Son chef a remplacé en pire Jean-Marie Le Pen dans le rôle de repoussoir politique. Le spectacle offert par la macronie est plus équilibré. Grâce au soutien fidèle d’une majorité des médias, le positif est outré, et les échecs minimisés. On cherche à faire oublier aux Français que leur pays est sur le plan économique la lanterne rouge de l’Europe, réduit à financer la consommation par un endettement record, avec pour résultat un commerce extérieur dégradé. Alors on avance les investissement étrangers, attirés par l’électricité nucléaire que Macron a failli abandonner. Mais surtout on divertit la foule, avec les rencontres internationales ou les évènements sportifs. Que la France soit chassée d’Afrique et que sa voix soit de moins en moins entendue sur la scène mondiale malgré les rodomontades guerrières de son président, cela s’oublie sous la fierté factice et coûteuse de Jeux Olympiques. Plus sournoisement, le président continue à semer les symboles de l’effacement de l’identité française, de l’éclipse de toutes les identités, culturelles ou sexuelles. Président lamentable, il demeure un metteur en scène appliqué : les figures du progressisme sociétal, c’est-à-dire de notre décadence vont se succéder sur le parcours de la flamme et dans les festivités afin de montrer au monde que la France s’écrit désormais avec une gomme.
Ce sont là les valeurs que, paraît-il, les Européens doivent défendre en Ukraine face à la Russie : marché ouvert au détriment de nos produits, frontières béantes au profit d’une main d’oeuvre mal payée, conformisme de la transgression, démocratie écrasée par la technocratie et minée par la corruption. L’Eurovision 2024 a offert un condensé de cette Europe avec un choix fondé non sur la qualité des artistes mais sur leur degré de wokisme, de négation de l’identité : le vainqueur n’était pas le meilleur chanteur mais celui qui allait le plus loin dans ce sens puisqu’il se nomme “personne” et dénie son identité sexuelle. Il a battu ses concurrents transgresseurs tandis que la concurrente israélienne affrontait les islamophiles et que la Russie était exclue dans un mélange des genres aussi confus qu’injuste. Les Russes se consoleront en écoutant Shaman, chanteur branché, mais patriote et conservateur. C’est là aussi un beau symbole !
L’occident avait voulu exporter son progrès technique, scientifique, politique et moral, souvent par la force. Aujourd’hui il prétend imposer sa décadence comme un progrès qu’une grande partie du monde rejette, et il n’a plus la puissance nécessaire pour faire plier les réticences. L’Europe s’aveugle sur ses valeurs, et sur ses moyens. Il est urgent que les vecteurs de civilisation et de démocratie qu’ont été les nations cassent ce processus fatal. C’est pourquoi, il est nécessaire que les patriotes de tous les pays européens, ceux qui ne veulent pas être remplacés mais veulent au contraire conserver et transmettre, remportent les élections du 9 juin.