Le programme du Nouveau Front populaire fait partie de ces livres qu’il vaut mieux ne pas lire avant de s’endormir.
Cauchemars et angoisses nocturnes garantis.
Certains s’y sont risqués et s’en mordent les doigts. « Je n’ai pas dormi de la nuit », reconnaît, ainsi, l’imprudent Alexandre Avril, maire de Salbris et conseiller régional Les Républicains. Parmi toutes les fables horrifiques du bloc d’extrême gauche, l'une a particulièrement effrayé l’élu trentenaire : celle qui raconte la libération de quelque 16.000 détenus au nom d’un obscur principe de « régulation carcérale ». « Dès lors qu’un juge veut mettre un délinquant en prison, il doit en faire sortir un autre. C’est adapter le nombre de délinquants au nombre de places de prison et non l’inverse, résume Alexandre Avril. Ça a déjà été fait. Je vous rappelle qu’en 1981, François Mitterrand avait libéré 5.000 prisonniers pour fêter sa victoire. Et 1981 a été l’année où la délinquance a le plus explosé. »
Très critiquée pour ses propositions lunaires en matière de justice, La France insoumise a tenté de s’expliquer, jurant qu'il n'était « pas question de libérer 16.000 prisonniers d'un coup en arrivant au pouvoir, mais de refonder la politique pénale ». Il s’agirait simplement, pour le NFP, d’« agir contre la surpopulation carcérale », comme le stipule de manière bien vague son programme.
Regardons-y de plus près. Selon les statistiques du ministère de l’Intérieur, il y aurait, aujourd’hui, 77.880 détenus, en France, pour 61.694 places de prison, soit un excédent de… 16.000 détenus. Les calculs d’Alexandre Avril sont donc exacts. Alors, certes, l’extrême gauche réduirait ce qu’elle nomme « surpopulation carcérale », aussi, par un recours généralisé au bracelet électronique et autres peines alternatives, mais des amnisties et d’innombrables libérations anticipées de prisonniers seraient néanmoins à son programme. Elsa Faucillon, une des principales promotrices de la « régulation carcérale », ne s’en cache pas, d’ailleurs : « C’est cela, la régulation carcérale, c'est organiser une sortie encadrée, préparée, quand un détenu doit entrer et qu'il n'est plus possible de respecter l'encellulement individuel, avouait-elle en commission, en juin 2023. Il s'agit de la seule solution pour lutter contre l’indignité des conditions de détention, la surpopulation et la récidive par la réinsertion. »
La « surpopulation carcérale » : avant tout, une « sous-dotation carcérale »
Du PS au PC en passant par EELV, c’est toute la gauche qui milite, aujourd’hui, contre le principe même d’incarcération. « Le tout répressif n'a jamais fonctionné […] nous voulons changer d'approche », affirme Aminata Niakaté, porte-parole des Écologistes. Mais contrairement à ce que prétend le camp du Bien, le « tout répressif » n’a jamais été appliqué en France. Il parle de « surpopulation carcérale » pour faire croire que les juges emprisonnent à tour de bras. C’est faux. Notre pays incarcère, en réalité, bien peu par rapport à ses voisins : il est le 16e de l’UE pour le nombre de prisonniers rapporté à sa population, derrière l’Allemagne, le Danemark, la Suède, l’Italie, la Belgique ou l’Autriche. En revanche, il est 10e du hit-parade européen pour les homicides volontaires, 5e pour les vols et 2e pour les viols et agressions sexuelles. Voilà le problème. Si les prisons sont pleines à craquer, c’est parce que la France fait face à une explosion sans précédent de l’insécurité. La « surpopulation carcérale » est avant tout une « sous-dotation carcérale » due à un manque de volonté politique et n’a donc rien à voir avec une pseudo-sévérité de notre institution judiciaire. Cette dernière est, au contraire, connue pour sa sacro-sainte « individualisation des peines », sa bienveillance envers les malfaiteurs ou encore pour les multiples avertissements qu’elle leur adresse avant de les sanctionner réellement.
Le mépris des victimes
Cette culture de la réhabilitation qui transforme l'office du juge en psychothérapeute et les établissements pénitentiaires en centres aérés est au cœur de l’idéologie d’extrême gauche. « L’objectif de la prison est de faire en sorte qu’une personne se réinsère dans la société », professait sans sourciller David Guiraud, porte-parole de La France insoumise, le 4 août 2020, sur CNews.
Sans doute faudrait-il rappeler à certains que le but premier de la prison est de punir un méfait, de rendre justice aux victimes et de mettre à l’écart de la société des personnes dangereuses. « Depuis 30 ans, le seul objectif est la réinsertion des détenus, sans tenir compte des victimes ou de la Justice », déplore Pierre-Marie Sève, directeur de l’Institut pour la justice. La souffrance des Français qui subissent l’ensauvagement de la société n’est en effet jamais prise en compte. C’est l’angle mort de cette ultra-gauche qui milite pour la « régulation carcérale ». « Les magistrats demandent ça. Les avocats demandent aussi ça. Et les surveillants pénitentiaires demandent aussi ça ! », s’égosille la communiste Elsa Faucillon. Et les victimes ? Demandent-elles aussi la libération anticipée de leurs bourreaux ? Non, bien évidemment. Ce mépris des victimes constitue, d’ailleurs, une des raisons du succès électoral du RN. Les Français ne supportent plus la mansuétude perverse d’une gauche davantage préoccupée par le bien-être des prisonniers et le retour à l’emploi des criminels que par la sécurité des honnêtes gens. À leurs oreilles, Front Populaire rime avec laxisme judiciaire.
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