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Comment l’accélérer, la décomposition de la puissance médiatique occidentale

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par Jules Seyes

Parmi les avantages de l'Occident, il y avait sa puissance médiatique. Celle-ci s'effondre, voyons comment nous pouvons l'accélérer.

La République a de la chance, elle peut tirer sur le peuple ! Louis Philippe d’Orléans après les journées de Juin 1848 !

Aujourd'hui nous tirons avec de la propagande !

Selon Henri Guillemin, la démocratie fut seulement autorisée, car les dirigeants se croyaient capables de maîtriser le vote. Thiers aurait convaincu ses camarades.

Ils avaient vu l’avantage de façons concrète : La république ou le vote avait par deux fois pu réprimer le peuple et arbitrer par la force la question sociale en faveur de la bourgeoisie : En 1848 et en 1852. Un tel service valait bien un petit effort et en 1870 la royauté trop démonétisée ne pouvait plus s’imposer face à l’ampleur de la misère ouvrière.

Partout en Europe, des évolutions similaires eurent lieu en fonction de la proportion d’ouvriers et de l’urgence de la question sociale.

Aux États-Unis, le régime avait depuis longtemps le caractère d’une république, mais il tirait sans peine sur les mouvements de protestation et la mafia infiltra nombres de syndicats.

Seulement, si la forme démocratique du gouvernement réduisait le coût du maintien de l’ordre, elle imposait des prérequis :

Autrefois, les notables, fort de leur prestige guidaient le vote des paysans de leurs régions. Plus tard, la presse fut le relai, mais soyons sans crainte, presse libre ne signifie pas une presse populaire tant l’imprimerie exige de gros capitaux. Est-ce un hasard si le héros de "La Journée d'un journaliste américain en 2889" représentait justement un magnat de la presse favorisé par la fortune ?

Non bien sûr, la liberté de presse, la liberté d’expression restait ainsi limitée par les moyens économiques bien utile pour marginaliser les expressions dissidentes des mauvais penseurs. Le monopole intellectuel que s’arroge le monde de la culture n’est pas neuf. Valets stipendiés de tous les systèmes, leurs révoltes les chargeaient en crédibilité, mais fondamentalement ils savaient aller à la soupe dans les moments critiques.

Il y eut bien le parti communiste, scandaleuse exception, mais on oublie que Marx fut financé par Engels qui, pour le moins ne venait pas de la misère et de l’exploitation. On restait donc dans les voies dissidentes au sein de la bourgeoisie.

Et puis… le parti, ses syndicats fut intégré au jeu politique normal et privé de son potentiel disruptif. La chute du mur en 1989 précipiterait la fin de l’idéologie communiste réduite aujourd’hui au rayon des accessoires d’un passé brumeux et barbare.

Ce monopole de la pensée exprimée, ne fut pas seulement à usage interne, mais aussi externe. Pendant longtemps, la presse occidentale fut diffusée à travers le monde et constitua le mètre étalon de la mesure de la réalité.

C’était vrai, car c’était dans le journal. Le Times, le Monde, El Mundo, Die Welt, pour les Européens, puis les journaux américains marquaient un impérialisme des idées. Ho Chi Minh pensait certes communiste et nationaliste, mais il revenait de Métropole avec des concepts appris en France.

Ce que l’Occident vit comme une apothéose de sa pensée a certes produit de magnifiques plumes et des discours de qualité, mais demeure un outil de sa bourgeoisie pour imposer au monde abasourdi par la puissance de nos armes un moule à ses pensées.

Même les pensées orientales, ne revenaient dans le jeu qu’à la faveur de telle ou telle traduction effectuée par l’un ou l’une des bourgeois(e) occidentaux.

La télévision allait aggraver encore cette tendance. Véritable monopole d’état en raison des moyens nécessaires pour installer les relais de radio diffusion, elle favoriserait une vision monolithique du monde.

La démocratie libérale était donc le pire système à l’exception de tous les autres comme le disait Churchill, mais il suffisait à tenir les masses sous contrôle. Sauf que, l’Occident est une force en mouvement et plusieurs évolutions modifieraient les règles du jeu :

  • Le plein emploi des années soixante, ce n’est pas le but du présent article, mais l’autonomie financière imposait un rapport de force où les masses pouvait imposer leurs revendications. Plus qu’une poignée d’enfant de bourgeois occupés à des manifestations bon enfant dans les centres-villes, la bataille se jouait ailleurs : Dans cette concurrence entre patrons pour conserver leur force de travail, source d’augmentations de salaires. Honte et scandale, le plein emploi était une maladie à éradiquer d’urgence.

  • L’éducation, l’industrie moderne imposait de former les personnels pour les rendre capables de lire et d’écrire. C’était certes nécessaire pour leur apprendre à utiliser les machines, mais ainsi, ils accédaient au monde des livres, auparavant quasi monopole des classes supérieures. Avec la réduction du temps de travail consécutive au plein emploi, le risque de voir émerger une population cultivée capable de contester la répartition des biens de la terre existait.

  • La richesse, on l’oublie, mais la modernité, ce furent d’abords des machines capables de se substituer au travail humain pour créer des richesses. Si le textile est peu coûteux, c’est certes grâce aux salaires de misère payés aux ouvriers de cette branche dans le tiers monde, mais aussi car si mal payés soient-ils des machines leurs permettent une forte productivité.

  • L’internet, enfin, apporta un bouleversement profond par la rupture entre maîtrise du capital et possibilité de produire le message. Si les réseaux demeurent une affaire de gros sous, les moteurs de recherche aussi, leur rentabilité impose de créer de grandes quantités de contenus. Payer les créateurs à la hauteur de ce travail exigerait des fonctions de coordination et de lourds investissements. Impossible sans compromettre l’équation économique. Bien sûr, si les vidéos de chats correspondent à l’objectif, l’inconvénient de ce système était d’ouvrir la porte à une parole politique débridée et par là même dangereuse.

Le but de cet article est justement d’ouvrir la réflexion sur les conséquences de cette évolution sur la domination du monde exercée par la hiérarchie occidentale1.

En interne, sa domination s’est érodée, à la fois par une baisse de niveau intellectuel et il suffit de regarder les médias pour voir patiner nos dirigeants ou bien subir une propagande crasse liée à l’incapacité à construire un discours de qualité.

Par exemple la soi-disant urgence climatique de plus en plus démentie par les faits :
Association des Climato-Réalistes on X : "Les Maldives étaient censées être submergées d'ici 2018 ? En 1988 : « Une élévation progressive du niveau moyen de la mer menace de recouvrir complètement cette nation de l’océan Indien… au cours des 30 prochaines années. » Nous sommes en 2024 et les îles sont toujours là." / X (twitter.com)

https://twitter.com/BlancheDuSud/status/1758240754953003214/photo/1

A cela s’ajoute ses multiples échecs économiques : Moins d’ingénieurs, plus de manipulateurs de symboles, ce choix a conduit à ne plus savoir piloter l’évolution économiques et les peuples paient cette incapacité à réinventer l’infrastructure.

Bien conscient de ce drame toute une population se cultive de manière croissante et produit un discours alternatif de qualité croissante qui défie celui de la classe dominante et enraye ses moyens de domination.

Bien sûr, changer l’état d’esprit d’une population prend du temps et ne peut se construire sur un simple constat des carences du pouvoir actuel. Il convient au contraire de produire des contre discours :

  • Seule l’avidité produit du progrès économique par le jeu du marché, deux siècles de penseurs ont enkysté le dogme dans la pensée commune. Longtemps ce dogme fut attaqué par le communisme, mais son échec laisse le marché triomphant faute d’adversaire idéologique. Pourtant le laisser perdurer revient à permettre le maintient au pouvoir du capital financier. Quid des autres individus motivés par d’autres mobiles et aujourd’hui laissés de cotés.

  • L’héritage, issu de la civilisation agraire où la transmission des actifs ne pouvait pas être remise en question sans causer des troubles graves est désormais un facteur de perpétuation d’inégalités économiques dont le rendement devient d’autant plus décroissant que les inégalités de patrimoine se renforcent avec la complicité des états occidentaux. Là encore un contre discours et un système alternatif doit être réfléchi.

  • La mondialisation a créé une classe dirigeante fortement interconnectée libre de porter ses ressources sur les populations des pays les uns après les autres. L’échec de l’internationale communiste a là aussi laissé les peuples sans recours et une solution pour créer la nécessaire solidarité doit être pensée.

Comme on le voit une vaste tâche et les lecteurs ouvriront certains autres chantiers dans les commentaires, car cette liste ne saurait être exhaustive.

Mais, si les citoyens doivent travailler en opposition avec le pouvoir sur la base de leurs moyens propres, les autres pays du monde ont eux davantage de liberté de manœuvre. Comme états, ils sont par exemples capables de mobiliser des ressources bien supérieures à celles des oppositions internes2 !

La presse, outil de domination occidentale a été de plus en plus battue en brèche. Les médias comme le Times of India, autrefois relai fidèle du Times, se sont autonomisés, leurs procédures et leurs moyens deviennent indépendants. Surtout, la naissance d’Al Jazeera a créé une concurrence internationale. Pour la première fois des réseaux de médias indépendants de l’Occident sont nés. La Russie a emboîté le pas avec RT et Spoutnik et d’autres pays soignent aujourd’hui leur communication.

Il en est né un récit alternatif, d’abord irritant pour nos dirigeants, puis avec internet accessible depuis nos pays par les citoyens les plus curieux. Ses bases se sont affinées au fil des années :

  • Dénonciation du double standard moral occidental qui consiste à ignorer certains coupables et au contraire à accabler ceux mal en cours à Washington.

  • Demande d’une égalité de traitement entre les pays, de plus en plus difficile à ignorer. Elle est d’autant plus puissante que la supériorité de l’Occident au plan militaire, industriels et humains cesse d’être une évidence. Moins d’hommes, moins d’usines et de richesses produites et maintenant une force de combat qui se délite dans ses mains. L’Ukraine a ouvert la voie à la mise au défi de l’Occident : Houtis, Syrie, Niger ces derniers mois deviennent autant de fronts secondaires que l’envoie d’un diplomate ne calme plus comme autrefois3.

Autrefois, la presse occidentale pouvait jeter l’opprobre4 sur les adversaires et même nos salopards comme aimaient à le dire les Américains pouvaient être passés sous silence.

Alors, la terrible repression de Pinochet ou de l’opération condor restaient limitées à une frange politiquement engagée. Aujourd’hui, qui ignore les crimes de MBS, même les SMS de madame Von der Leyen demeurent dans l’actualité sans pouvoir en être retirés.

Confrontée à la concurrence, la presse occidentale perd sa capacité à dicter les indignations et cette arme utilisée avec trop de légèreté se délite. Qui accorde aujourd’hui crédit au Monde ? Les héritiers d’Hubert Beuve-Méry ont repris son indépendance à l’égard du pouvoir et l’ont dilapidé en tombant sous le contrôle de nos oligarques. Partout dans le monde, il en va ainsi et la reprise des dossiers fournis par le pouvoir, les narratifs et la propagande ont ruiné leur crédibilité.

Comme pour tout, à force de refuser de prendre en compte les évolutions du monde et la relativité de son pouvoir, l’Occident en a abusé et ainsi brisé l’outil.

Alors qu’en attendre ? En interne, l’Occident pourra imposer la censure5, car aucune force d’opposition structurée ne peut s’opposer au redoutable système de confiscation politique en place. Il s’agit d’un recul grave pour la démocratie, mais qu’attendre d’autre d’une classe dominante aux abois ? Ils iront jusqu’à l’explosion violente.

Par contre, le reste du monde a fait sa mue et n’a aucune raison d’accepter les ukases de génies révélés comme le sont nos hommes politiques6. Ils vont donc poursuivre leur émancipation aussi par leurs propres informations et ce sera encore un des outils qui ont assuré le bien être des peuples occidentaux qui disparaîtra.

Et nous boirons le calice du déshonneur jusqu’à la lie !

1- La híérarchie occidentale a connu de profondes évolutions. Autrefois noblesse, celle-ci s’est fondue dans la bourgeoisie par les intermariages et au XIXème siècle la bourgeoisie a détenu un pouvoir sans partage. Au XXème siècle, les guerres et les services publics ont imposé d’importantes technostructures au sein de l’état et des entreprises. La nouvelle classe dominante se caractérise donc par la fusion d’une très haute bourgeoisie composée des milliardaires et des millionnaires, détentrice du capital économique et des cadres supérieurs, détenteurs d’une certification du capital culturel par le diplôme-La réalité du capital culturel peut différer de celle annoncée par les diplômes-.

2-En Occident, mais surtout en France nous avons tendance à considérer un monde des idées désincarné. Il convient de se débarrasser de ce dogme, conceptualiser, écrire, réécrire, éditer, exige du temps et des moyens. Les bénévoles ont, comme les autres besoins de se nourrir et de se loger et cette ignorance des contraintes matérielles crée un monopole de la bourgeoisie sur la politique.

L’action conceptuelle exige une structure logistique et donc les traductions dans le monde moderne : De l’argent.

Je vous renvoie à l’article :

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/de-l-imposture-democratique-248985

3-Regardez bien l’exemple du Niger où les diplomates US ont tout juste obtenu quelques mois de répit aux USA. Il est aujourd’hui possible de défier Washington et de penser y survivre !

4Pardon, eau propre pour me mettre au niveau macroniste !

5https://x.com/PAMartin111/status/1811812116044628019

6https://x.com/mowassolon/status/1601644033201225728

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/comment-l-accelerer-la-255810

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