Encore une information déroutante pour les consommateurs français ! Au mois d’octobre 2023, une note de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) transmise au gouvernement (et dévoilée par Franceinfo en avril 2024) évoquait un « niveau de confiance insuffisant » pour assurer « la qualité sanitaire des produits finis ».
Il s’agissait alors de pointer du doigt la qualité des eaux minérales naturelles commercialisées par le groupe Nestlé, ce dernier étant suspecté d’avoir utilisé des traitements illicites de purification de ses eaux minérales naturelles.
Plus récemment, le journal Mediapart a publié un article le 18 juillet dernier à propos du rapport d’enquête portant sur le « traitement frauduleux » des eaux minérales par Nestlé.
Selon le titre de presse, le groupe suisse aurait ainsi eu recours « à des techniques de purification interdites depuis 2005 voire 1993 » pour ses eaux minérales. Au total, cette fraude géante pourrait s’élever à plus de 3 milliards d’euros.
Portant sur les marques Hépar, Vittel et Contrex, les conclusions du service enquête de la DGCCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes) à l’origine du rapport en question sont accablantes. Ces trois eaux minérales embouteillées dans les Vosges seraient touchées par des « contaminations bactériennes fréquentes » qui auraient donc entraîné ce recours par Nestlé à des « traitements interdits » depuis de très nombreuses années.
Quant à la fraude 3 milliards d’euros évoquée, elle s’explique simplement : le rapport de la DGCCRF indique qu’une « utilisation de filtres non autorisés depuis au moins 2010 » aurait permis à Nestlé de vendre ses produits « en eau minérale naturelle au lieu d’eau rendue potable par traitement », à des prix bien plus élevés en conséquence.
Face à ces accusations, Nestlé Waters France a réfuté « fermement le mode de calcul et le chiffrage relayés par Mediapart » auprès de l’AFP.
Toutefois, toujours selon Mediapart, différents contrôles réalisés par Nestlé entre janvier 2020 et mars 2022 ont fait état de contaminations de plusieurs sources d’eau par des « pathogènes et des bactéries hétérotropes au-dessus de la limite légale ». Une limite parfois dépassée de 85 %…
Face à ces contaminations, une note interne du groupe suisse mentionnerait ainsi le recours à des « process qui ne sont pas conformes avec la réglementation française », comme par exemple les traitements par UV visant à supprimer les micro-organismes.
Auditionné, l’ancien directeur (de 2019 à 2023) de l’usine Nestlé dans les Vosges a indiqué aux enquêteurs que ces traitements par UV furent utilisés « sur des captages qui avaient des dérives microbiologiques », confirmant donc un problème de contamination.
Du côté de Nestlé, on attribue cette trop forte présence de bactéries « au changement climatique » qui aurait contribué à réduire les nappes d’eau et à favoriser les contaminations des sols versants.
Sur le plan judiciaire, le groupe Nestlé est actuellement visé par une enquête préliminaire pour tromperie ouverte par le parquet d’Épinal (Vosges).
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