« Pas du tout, mais alors pas du tout »
Tout d’abord, « pour une raison sécuritaire », avance-t-il. « Ça s’est bien passé, jusqu’à présent », confesse t-il, avant de remercier les forces de l’ordre françaises, Gérald Darmanin et ses équipes, ainsi que le préfet de police de Paris. « Et même après l’avoir vue, cette cérémonie, vous ne revenez pas sur… », coupe la journaliste Victoire Sikora, visiblement conquise, avant d'être interrompue à son tour par la réponse catégorique de l’ancien athlète olympique qui n'attend pas la fin de sa phrase pour s'exclamer : « Ah non, pas du tout ! Autant j’ai adoré à partir du moment ou la cavalière [traversait la Seine au galop] avec le drapeau [olympique pour cape], mais alors la première partie, on oublie », lance-t-il, en écartant l'idée d’un revers de main. Guy Drut aura eu la délicatesse de nous épargner l’évocation des scènes licencieuses concoctées minutieusement par Thomas Jolly. Aya Nakamura encensée depuis la cour d’honneur de l’Institut de France ? Non merci. Pour Guy Drut, semble-t-il, notre Beyoncé nationale affublée d’une perruque blonde et de plumes d’or « aurait mieux fait d’aller choisir [son] vocabulaire, pour [lui] plaire, dans la langue de Molière ». Le défilé de drag-queens et de queers en talons hauts, affublées de tenues excentriques et ostensiblement maquillés ? Une fois encore, non merci.
Alors que les organisateurs de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris portent plainte pour menaces de mort (Thomas Jolly) et cyber-harcèlement (la DJ Barbara Butch, qui figurait au centre du banquet lors de ce que beaucoup ont identifié comme une représentation de la Cène), Guy Drut veut porter plainte... pour profanation des valeurs olympiques. Dépôt de plainte médiatique, purement moral et symbolique, entendons-nous. Emmanuel Macron, lui, s’estime satisfait : « La France a donné le visage de ce qu’elle est […] Elle a montré son audace et l’a fait avec la liberté artistique qu’il convient », déclarait-il, lors d’un déplacement sur l’esplanade des Invalides. Guy Drut n'est pas de cet avis (somme toute présidentiel) : « Rien ne m’a plu », lâche l’ancien champion du 110 mètres haies, sans langue de bois, avant d’avouer que « beaucoup [de ses amis] sont partis avant la fin ». Dommage, c'était justement là que le beau l'emportait, enfin, sur la vulgarité.
Deuxième raison invoquée par Guy Drut : le budget. « Londres, ça a couté 53 millions d’euros. Là, ça va coûter beaucoup, beaucoup, beaucoup plus cher », explique-t-il, sous l’œil circonspect des deux journalistes du FigaroTV. « Est-ce que c’était le moment de faire ça ? » s’interroge t-il. Le coût de la cérémonie d'ouverture de Paris avoisinerait les 350, voire 500 millions d'euros, selon les estimations (qu'on ait aimé ou déploré le spectacle). Soit quatre fois plus que la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres.
Une position qui divise les deux France opposées
Sur la Toile, certains internautes raillent son coup de gueule réactionnaire : « Encore un vieux schnock », « un grincheux » ou un florilège sur le thème de « la vieillesse est un naufrage ». D’autres, au contraire, saluent sa prise de position et prennent sa défense : « C’est courageux à lui de s’exprimer », « Guy Drut, médaille d’or du 110 mètres haies en 1976 aux Jeux olympiques de Montréal et membre du Comité international olympique, sait de quoi il parle. » Proche de l’ancien Président Jacques Chirac, l'ancien député de Seine-et-Marne (sous les couleurs du RPR, puis sous celles de l'UMP) est également pris à partie pour avoir récemment soutenu l’alliance entre Les Républicains et le Rassemblement national à l'occasion des élections législatives anticipées. L’ancien ministre des Sports de Jacques Chirac avait déclaré, dans un entretien au Monde, qu’il apportait son plein et entier soutien aux « Républicains (LR), tendance Éric Ciotti » pour battre « la menace fasciste de gauche ». Face à ses détracteurs, partisans du cordon sanitaire entre les deux droites (« républicaine » et « lepéniste »), il déclarait du haut de ses 74 printemps ne plus avoir « l’âge de recevoir des leçons », estimant ce discours dépassé depuis que Marine Le Pen, « plus responsable » que son père, avait repris les rênes du parti.