Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Nouvelle « PPE » : un pas de plus vers le suicide économique français !

Capture d'écran France 24 sur YouTube
Capture d'écran France 24 sur YouTube
Fixant les grands objectifs pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, la « loi de programmation énergie et climat » (LPEC) est une obligation légale, imposant tous les 5 ans une consultation nationale et un débat Parlementaire. Ses objectifs sont ensuite déclinés dans la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), le Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC) et la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE). Ces textes législatifs auraient dû être publiés fin 2023. Avec près de deux ans de retard, les nouvelles SNBC et PPE ont été présentées par le gouvernement le 4 novembre et sont ouvertes à la concertation durant 6 semaines.

Haro sur les énergies fossiles

En ligne avec le « Green Deal » européen rebaptisé par l’Institut Sapiens « Pacte des 4i » (irréaliste, injuste, insoutenable & inutile), la France mise désormais sur une réduction de ses émissions territoriales de 50 % par rapport au niveau de 1990. Cet objectif qui implique une baisse de 5 % par an contre une moyenne de 1,5 % depuis le début du siècle. Il se lit en filigrane d’une réduction drastique de la consommation d’énergies fossiles et s’appuie sur un double levier : l’électrification des usages (mobilité, habitat et industrie) et l’accroissement de la production d’électricité bas carbone. Il a en partie été décliné par Emmanuel Macron lors de son discours fondateur de Belfort du 10 février 2022. Il nécessiterait entre autres de construire à l’horizon 2050 40 GW d’éolien marin, 100 GW de solaire photovoltaïque ainsi que 14 EPR2.

Représentant aujourd’hui plus de 50 % du mix énergétique français (selon le World Statistical Review of Energy Institute 2024), les fossiles devront être réduits à 42 % en 2030 et 30 % en 2035. Cette réduction devra se concentrer avant tout sur le pétrole (66 % de la part fossile) surtout utilisé dans les transports. À moyen terme, la décarbonation reposera donc essentiellement sur le déplacement massif de la mobilité thermique vers la mobilité électrique. L’objectif apparaît à la fois irréaliste, insoutenable pour l’industrie et les citoyens et surtout pratiquement inutile en termes climatiques.

Depuis un an, l’industrie automobile européenne qui enregistre une chute vertigineuse des ventes de VE est en grandes difficultés. Les raisons sont multifactorielles : augmentation importante des prix des VE, prix de l’électricité avec des recharges devenues parfois plus onéreuses au km parcouru que des carburants, raisons purement pratiques liées à l'autonomie sur longues distances et au manque de bornes de recharge notamment dans les grandes villes, concurrence chinoise. En conséquence, Volkswagen et Stellantis envisagent de fermer des usines en Allemagne et en Italie, Michelin licencie en France tandis que toute la filière européenne des batteries est en complète déconfiture. Faute de subventions massives, il y a peu de chances que la filière s’auto-relance. D’autant qu’à l’électrification de la mobilité peuvent être associés de redoutables effets pervers.

Le mirage du tout électrique automobile

Malgré l’électrification « à vitesse grand V » d’un parc automobile hyper subventionné (90 % de véhicules électriques en 2024), la Norvège n’a réduit ses émissions de GES que de 10 % depuis 2015 (soit nettement moins que la moyenne de l’UE) tandis que sa consommation de diésel & d’essence est restée quasi-stationnaire. Ces résultats plus que surprenants sont attribués au fait que, parallèlement à l’effet d’aubaine sur les VE, nombre d’automobilistes ont conservé un véhicule thermique pour les longs trajets. D’autre part les poids lourds et utilitaires, très nombreux à sillonner les routes norvégiennes sur les milliers de km, ont conservé leur motorisation thermique.

Plus généralement, la nouvelle PPE s’inscrit dans une ambiance climatique plus que morose. Alors que les évènements météorologiques dramatiques se succèdent en Europe, la décarbonation mondiale est en panne sèche. Malgré des investissements pharaoniques dans les renouvelables (près de 7000 milliards de dollars depuis une dizaine d’années), les émissions continuent de s’accroitre tandis que les fossiles battent des records année après année. En cause, d’une part les pays émergents pour qui le développement humain prime largement sur les objectifs climato-énergétiques mais aussi, l’évolution du Monde vers une nouvelle logique de blocs largement défavorable à la décarbonation mondiale. Et sur ce plan l’élection récente de Donald Trump, dont on connaît les penchants climatosceptiques, ne devrait pas améliorer la situation. Son élection pourrait définitivement sonner le glas de l’Accord de Paris : selon Patrick Pouyanné « la transition énergétique ira au rythme que décideront les-États-Unis ». Pour le bouillant PDG du 5ème groupe énergétique mondial, la consommation de pétrole devrait continuer de s’accroitre au moins pendant 10 ans pour atterrir sur un plateau à 90 millions de baril par jour à l’horizon 2050 soit une baisse de seulement 10 % par rapport à aujourd’hui.

Coincée entre le marteau chinois et l’enclume américaine, l’Europe doit se ressaisir et revoir son Green Deal du sol au plafond. Dans la mesure où nous évoluons inexorablement vers un monde réchauffé à + 2,7°C, il est indispensable de transférer une partie significative des moyens aujourd’hui injectés dans la transition énergétique vers l’adaptation. Sans cette décision radicale, l’Europe risque de se retrouver sans défense face à des évènements climatiques de plus en plus critiques.

Philippe Charlez

Les commentaires sont fermés.