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Basculement en Ukraine ? Le modèle de l’avalanche

Un immense merci à maître de Castelnau et à la fine équipe composée De Mr Carresse et Robert pour leur dernière vidéo : LA GUERRE EN UKRAINE, VIDÉO N°90.

Excellent exemple de ce que les anglos saxons nomment food for though, mais au-delà de la qualité, je vais m’autoriser une forme de doute.

La vidéo N°90 de Maître de Castelnau fait preuve de la qualité habituelle : Excellents experts militaires, pondérés, avec des réflexions originales.

Il fallait un certain courage moral pour proposer au moment où avec l’élection de Donald Trump on ne parle que de paix aux frais de l’Ukraine, une vidéo pour déclarer que non, l’armée Ukrainienne a encore les capacités de combattre.

Il semblerait sur la base des analyses faites par les deux experts que l’armée Ukrainienne dispose encore de réserves qui rendent possible un nouvel effort.

De même oser déclarer qu’avec un financement des soldes ukrainiennes, ce pays pourrait trouver le potentiel humain qui lui fait défaut, exige un certain courage moral.

Comme on le dit : Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué et le rappel est salutaire.

Surtout dans l’environnement actuel où vient le moment où Trump, fort de son nouveau mandat dispose des moyens pour tirer sur la laisse du gouvernement de Kiev. Cette vidéo est l’occasion de constater que cette guerre a acquis une dynamique propre !

Le gouvernement russe ne cessera pas les combats avant d’avoir « réglé » voire « définitivement réglé » la question ukrainienne et l’argument d’Alexandre Robert sur l’autorité morale dont dispose Poutine, mais qu’un successeur n’aura peut-être pas est tout à fait pertinent.

S’y ajoute (Là, il s’agit de mon analyse) la perte totale de crédibilité des occidentaux, qui poussera les Russes à n’accepter un arrangement que garantie par des éléments matériels puisqu’après Minsk et le non-respect des promesses d’élargissement de l’OTAN, la valeur de la parole occidentale est nulle.

Le scénario d’une prolongation de la guerre est donc une option à considérer comme possible et probable.

On commence les guerres quand on veut, on les termine quand on peut !

Pourtant, oserais-je une objection, ou plutôt une nuance respectueuse ?

Tout le monde reconnaît la domination des moyens de feu de l’armée russe sur l’armée ukrainienne (Encore rappelée par le colonel Carresse). Celle-ci subit un matraquage en règle et semble incapable de résoudre ses problèmes. La contrebatterie ne suffit pas à réduire le nombre de piéces russes à un niveau suffisant pour ralentir le feu et si les attaques d’HIMARS ont connu un résultat temporaire, cet effet a cessé depuis longtemps d’être significatif). L’armée ukrainienne n’a plus l’initiative stratégique depuis longtemps et hormis des coups comme Karkhov, elle n‘a pas réussi la moindre opération offensive depuis l’opération sur Karkhiv/Kerson.

Surtout, malgré la brillante défense du narratif par nos médias, tout pointe vers un taux d’échange très défavorable en termes de pertes, conséquence logique du rapport des feux très en faveur de l’armée russe.

Nous sommes dans une situation où la meilleure analogie est probablement celle de l’anticipation d’une avalanche.

L’armée ukrainienne est depuis des mois entrée dans une situation de crise des effectifs, conséquence de la stratégie d’attrition appliquée par les Russes depuis leur mouvement rétrograde à Kerson. Celle-ci produit des effets lents, mais cumulatifs qui visent à dissoudre l’armée Ukrainienne.

Ainsi, les mesures ukrainiennes se multiplient pour trouver des effectifs : Baisse de l’âge de mobilisation, place plus grande faite aux femmes au sein de l’armée. Mesures habituelles en temps de guerre, mais qui témoignent d’une tension et d’une fébrilité croissante, alors que l’armée Russe parvient à continuer à recourir aux volontaires. (Durant la guerre de Sécession, le Nord est très vite passé à la conscription, la France Révolutionnaire aussi. Faites vos comptes !)

Celle-ci montre la situation d’une infanterie toujours plus fragilisée qui certes continue à tenir ses lignes, mais affronte chaque jour un risque croissant d’effondrement. Là joue l’analogie avec l’avalanche : La neige qui s’accumule crée un risque croissant de déclenchement, mais prévoir le moment exact du basculement est impossible.

Peut-on oser l’analogie avec l’armée ukrainienne ? Difficile à dire, tant celle-ci réussit à conserver le secret sur ses chiffres RH et elle possède quelques atouts en réserve : Les étudiants semblent encore dispensés du front, la corruption pour échapper au service fonctionne encore. On peut pourtant estimer que le risque d’un effondrement existe.

Est-il grave ? Évaluons les précédents et notamment l’exemple allemand où à partir de la fin 1944 les personnels des armes techniques furent affectés à l’infanterie pour compenser ses manques. Ainsi, l’armée parvint à se reconstituer sur le Rhin et l’Oder (un peu), et ensuite à ralentir les avancées des alliés, mais sans jamais parvenir à combler ses lacunes et reprendre l’offensive.

Le modèle semble pouvoir être transposé à l’Ukraine, une accélération des reculs, une dissolution des armes techniques -Il semblerait que des effectifs soient déjà prélevés sur l‘aviation-

En ce sens, la vidéo a l’avantage de nous rappeler que le régime de Kiev a peut-être encore les moyens de continuer à jeter des corps chauds (Pardonnez l’anglicisme délibéré, mais il est si parlant) dans les tranchées face aux Russes, mais même si Alexandre Robert envisage une offensive, cela suffira-t-il à compenser le désavantage et à inverser le cours de la guerre ? À la lumière des autres offensives ukrainiennes gaspillées pour obtenir un effet de communication, je n’y crois pas1.

Par contre, l’Ukraine peut encore faire durer l’affaire pendant quelques mois et si l’on regarde les actions en dehors, il existe une coterie apparemment décidée à y parvenir.

Outre, les motifs que j’ai déjà pointé dans d’autres articles : Récolter le dernier petit sous des entreprises ukrainiennes, optimiser les portefeuilles de commande de l’industrie de défense (Bien rentables pour ses actionnaires, les décideurs ont aussi un banquier et peuvent être sensibles à leurs bénéfices privés), deux nouveaux facteurs semblent être apparus :

Finaliser le vol des 300 mds d’actifs de la banque centrale russe saisis, refusés jusqu’ici par les opinions publiques (Regardez la nouvelle offensive dans cette direction) et bien sûr, infliger un camouflet à Trump qui s’est vanté de terminer la guerre en 24H, tout pointe vers une volonté commune entre les démocrates, les capitales Européennes et Kiev d’assurer une poursuite des combats dont ils ont les moyens pour un temps sans aucune perspective de victoire.

Seulement, ils prennent le risque du basculement, celui de voir l’armée ukrainienne s’effondrer d’un coup, car son infanterie rompt et de permettre alors aux Russes de se servir comme ils l’entendent.

Autre scénario, une insurrection interne qui provoquerait l’effondrement du pays, l’action des sergents recruteurs pave la voie pour un tel soulèvement.

Nous devons imposer une option différente :

  • Plus de commandes pour une industrie d’armement qui a échoué. Elle doit être nationalisée sine die, purgée et réorganisée (Et la Française n’est pas la pire).

  • Une paix avec expulsion immédiate des pays boute feu de l’UE et de l’OTAN, préalable à une accord de sécurité européenne décent avec les russes.

  • L’ouverture des dossiers PERSONNELS de tous les responsables qui ont plaidé pour la guerre et vérification des comptes en banques pour savoir QUI s’est enrichi avec les condamnations idoines sur la base des pertes ukrainiennes comme facteur aggravant.

  • Enfin, sur cette base, celle de tous ceux qui ont désinformé et contribué à la prolongation du conflit doivent aussi rendre des comptes et subir des prélèvements pour rembourser les fonds engagés par l’état à cause de leurs manœuvres frauduleuses. (Oui, il faut faire mal, pour dissuader TOUTE récidive)

  • Alors, nous pourrons peut-être obtenir un accord pas trop grave pour l’Ukraine, c’est probablement sa dernière chance d’obtenir un arrangement qui laisse un état ukrainien viable !

Si nous échouons, alors, nos dirigeants risquent de nous entraîner dans une guerre froide avec la Russie et la Chine et vu le niveau de compétences de nos saigneurs et maître, rien ne prouve qu’ils soient capables de la contrôler ! (Le pillage de la Russie continuera à les tenter !)

1Nous aurons sûrement un sale moment à passer avec l’exultation de tous les « experts » de plateau, venus en service commandé nous expliquer le génie de la brillante manœuvre digne du rejeton de Napoléon et de Manstein !

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/basculement-en-ukraine-le-modele-257715

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