« Je vais t'assassiner fils de p…, j’ai trouvé ton adresse, un petit de 15 ans que j’ai payé 25 000 euros te mettra une balle devant l’Assemblée ou chez toi, sale porc ! Tes jours sont clairement comptés, je te jure. » Contacté par BV, Julien Odoul nous précise qu’une « plainte a été déposée ce matin [18 novembre] au commissariat de Sens, pour menace de mort sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Julien Odoul ne s'en tient pas là. « J’ai aussi alerté Monsieur Retailleau concernant ces faits, ajoute-t-il. Ce n’est pas la première fois que je reçois des menaces, mais jamais de mort, et d’habitude, il s’agissait de publication sur X, alors que celui-ci m’a été envoyé sur ma boîte professionnelle de l’Assemblée nationale ». Pas de réaction, semble-t-il, pour l’instant, de la part de la présidence de l’Assemblée nationale. « J’ai eu un retour de la préfecture, ainsi que du cabinet du ministre de l’Intérieur, qui m’a assuré que tout était mis en œuvre, en termes de suivi et de vigilance, afin de veiller à ma protection. »
Deux messages, un même messager ?
Dimanche en fin d’après-midi, c’était au tour de Guillaume Bigot, député Rassemblement national du Territoire de Belfort, de recevoir un message assez ressemblant, autant dans son objet que dans son style et, là encore, à l’adresse de son destinataire à l’Assemblée nationale :
« Guillaume, tes jours sont clairement comptés. Je te demande pour la dernière fois d'arrêter de parler d'immigration sur CNews. Tu en reparle, je t'assassine chez toi. Je te découpe au couteau, fils de p…. » Auprès de BV, Guillaume Bigot confie avoir été immédiatement étonné par la référence à CNews : « Cette personne m’écrit sur ma boîte officielle de député, mais fait référence à un passé de chroniqueur sur CNews qui est révolu depuis un certain temps maintenant. Soit l’auteur a voulu brouiller les pistes, soit il est particulièrement peu informé. Par ailleurs, les messages que nous avons reçus, mon collègue et moi-même sont très proches et sans doute du même auteur, même si les adresses courriel sont différentes. »
« La peur doit changer de camp »
Guillaume Bigot nous confirme qu’il va lui aussi déposer plainte, car « la peur doit changer de camp, dit-il. Nous devons désormais attaquer systématiquement tous ceux qui font ce genre de chose. Au-delà de ma personne, c’est mon mandat qui est attaqué. » A l’heure où nous écrivons, les deux députés menacés ont reçu de très nombreux messages d’encouragement de la part de particuliers, mais ni réaction, ni soutien de la part de personnalités politiques hors RN. Si prompte à l'indignation, la gauche ou le centre sont aux abonnés absents.
L’affaire est pourtant sérieuse. Le message adressé à Julien Odoul fait mention d’un « contrat » sur sa tête. On ne peut s’empêcher de penser à Nessim Ramdane, un chauffeur VTC assassiné le 4 octobre dernier à Marseille par un adolescent de 14 ans, recruté par un individu en prison sur les réseaux sociaux contre la somme de 50.000 euros. Eric Zemmour, régulièrement menacé, est sous protection permanente et d’autres personnalités de Reconquête! ont aussi été visées, comme récemment Sarah Knafo.
Les journalistes aussi
Si elles se multiplient, ces menaces ne sont cependant pas nouvelles, et les élus ne sont pas les seuls visés. Des journalistes « gênants » en reçoivent souvent. En 2022, un homme a été condamné à 18 mois d’emprisonnement avec sursis pour avoir menacé de décapitation la présentatrice de CNews Christine Kelly. De son côté, notre directrice de la rédaction Gabrielle Cluzel a reçu ce 11 novembre cet étonnant message « Tu sais que tu n'es pas chrétienne, mais une suprématiste blanche, tu mérites une balle dans la tête, et une direction pour l’Enfer. » :
Ce n'est pas la première fois que Gabrielle Cluzel est visée. En juillet 2022, elle avait été physiquement menacée, devant ses enfants. Le suspect avait pu être arrêté, mais il avait été déclaré insolvable. « C’est souvent le cas, et on en est alors de sa poche pour les frais d’avocat, ce qui incite à réfléchir avant de porter plainte », nous confie Gabrielle Cluzel. Cette déconvenue n’étonne guère Maître Gilles-William Goldnadel, qui nous confirme que ces menaces sont « malheureusement trop souvent des impasses judiciaires ». « Soit on ne retrouve pas les coupables (ou ils fuient), soit ils se font pincer et s’avèrent insolvables, poursuit Maître Gilles-William Goldnadel. Mais ces menaces relèvent en réalité du pénal, et on parle là non pas de simples amendes mais d’un an de prison ferme. L’ordre public est atteint et le Parquet devrait se saisir d’office ! ». Apparemment, on en est loin.