Manque de places en foyers, éducateurs débordés, prostitution des mineurs, accompagnement des enfants inexistant… Les manquements de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), institution censée protéger les enfants en danger sur le territoire français, sont largement documentés. Le manque de moyens financiers et humains est pointé du doigt, alors qu’une autre cause est largement passée sous silence : l’ASE est prête à exploser sous le poids croissant des mineurs non accompagnés (MNA). Derrière l’humanisme affiché, une réalité alarmante surgit : celle d’un système transformé en filière d'immigration, pillé, et à la limite de l’effondrement.
En France, l’Aide sociale à l’enfance gère chaque année près de 400 000 enfants pour un coût de fonctionnement de plus de 10 milliards d’euros. Depuis plusieurs années, de nombreux professionnels du secteur tirent la sonnette d’alarme sur les conditions de plus en plus compliquées d’exercice de cette aide. Ces trois dernières années, plus d’une dizaine de rapports alarmants se sont succédé1. Mais leurs recommandations n’évoquent presque jamais la problématique majeure qui frappe aujourd’hui l’ASE : la présence de plus en plus massive de « mineurs non accompagnés » (MNA), des prétendus mineurs étrangers qui phagocytent le système, bien aidés par les associations immigrationnistes.
L’augmentation du nombre d’enfants pris en charge par l’ASE s’accélère années après années et a pris des proportions inquiétantes depuis 2015. Cette croissance s’est accompagnée d’une complexification des profils accueillis, notamment avec la présence accrue de MNA. Face à ces réalités, le secteur se trouve dans une situation de tension extrême, marquée par un manque de places d’accueil et une crise d’attractivité des métiers.
L’ASE en quelques mots
Gérée par les Conseils départementaux, l’Aide sociale à l’enfance a pour mission de venir en aide aux enfants et à leur famille par des actions de prévention individuelle ou collective, de protection et de lutte contre la maltraitance. Lorsqu’un mineur ne peut être maintenu dans sa famille, l’ASE est chargée de répondre à l’ensemble de ses besoins et de l’accueillir soit dans une famille d’accueil, soit dans un foyer d’enfants, soit dans des hébergements individualisés.
Ainsi, on trouve dans les foyers de l’ASE des garçons et des filles orphelins ou abandonnés, et le plus souvent, des enfants dont les parents ont été, partiellement ou totalement, temporairement ou définitivement, privés de leur autorité parentale, parce qu’incapables – d’un point de vue matériel, intellectuel, affectif… – d’élever leurs enfants, au pire parce que maltraitants.
Des chiffres en augmentation
En France, près de 400 000 jeunes relèvent du dispositif de protection de l’enfance et bénéficient de l’ASE. Ce nombre est en augmentation constante ; il s’élevait à 270 000 en 2000. Les dépenses de l’ASE ont doublé en vingt ans et atteignent aujourd’hui plus de 10 milliards d’euros2 ; 80 % de ces dépenses sont consacrés aux accueils, et notamment à ceux réalisés en établissements (foyers, maisons d’enfants à caractère social, hébergements autonomes). Cet accueil contribue à 80 % de la hausse totale du nombre de mesures d’aides depuis fin 2015.
L’ampleur de la progression du nombre d’accueils à l’ASE s’explique par trois phénomènes : l’augmentation du nombre d’adolescents accueillis, l’augmentation du nombre de jeunes majeurs suivis par l’ASE jusqu’à leurs 21 ans, mais surtout par l’augmentation du nombre de mineurs non accompagnés (MNA) pris en charge. Ce nombre a été multiplié par trois en moins de dix ans, passant de moins de 15 000 en 2015 à plus de 45 000 en 2023. Ils contribuent à 81 % de la hausse totale du nombre d’accueils à l’ASE entre 2015 et 2019. La part des MNA dans l’ensemble des enfants accueillis à l’ASE passe ainsi de 10 % à 20 % entre 2015 et fin 2023 ; cette part s’était stabilisée pendant la crise du Covid, et ne cesse d’augmenter depuis. Ces MNA occupent aujourd’hui plus de 25 % des places en foyers, maisons d’enfants et lieux de vie.
En 2023, 20 000 nouveaux MNA ont été confiés aux services de l’Aide sociale à l’enfance des conseils départementaux, ce qui constitue le record historique et représente une augmentation de plus de 31 % par rapport à l’année 20222. 92 % sont des garçons âgés prétendument de 15 à 18 ans, nés hors Union européenne, provenant majoritairement de Guinée, Côte d’Ivoire, Tunisie, Mali et Afghanistan2.
De vrais clandestins à faux MNA
Signataire de la Convention internationale des droits des enfants, la France se doit de protéger les MNA. Selon le droit français, les mineurs non accompagnés désignent la population des mineurs de nationalité étrangère se trouvant sur le territoire français sans adulte responsable et dont la situation a fait l’objet d’une évaluation, conduite par le Conseil départemental, concluant à l’âge du jeune et à l’isolement familial (décret 2016-840 du 24 juin 2016). Les articles L.112-3 et L. 221-2-2 du Code de l’action sociale et des familles font référence à la notion de « mineurs privés temporairement ou définitivement de la protection de leur famille ». Les MNA entrent ainsi dans le droit commun de la protection de l’enfance et sont d’abord considérés comme des enfants à protéger, plutôt que comme des clandestins dont le séjour en France est irrégulier.
Ils relèvent à ce titre de la compétence des départements qui doivent procéder à l’évaluation de leur situation pour déterminer s’ils sont effectivement mineurs et isolés, puis mettre en place une mise à l’abri provisoire d’urgence. Ces deux critères d’isolement et de minorité doivent être réunis pour que ces jeunes soient pris en charge par les services de l’ASE. Mais, déterminer rigoureusement l’isolement et la minorité des étrangers présents sur le territoire français se révèle, dans la quasi-totalité des cas, impossible.
Le fonctionnaire de l’ASE décide si le jeune étranger relève de l’ASE sur la base des éléments qui lui sont fournis. Pour être considéré comme isolé, il faut que le mineur n’ait aucun parent présent sur le territoire, ce qui est difficilement vérifiable, tant il est aisé de se déclarer séparé de sa famille. Il en est de même pour la détermination de l’âge des prétendus mineurs, qui sont la plupart du temps dépourvus de documents d’identité fiables.
Très souvent, les MNA ne possèdent pas de documents d’identité, et quand ils en possèdent, ces documents d’identité sont falsifiés ou empruntés. Selon un rapport de la Cour régionale des comptes des Hautes-Alpes : « Depuis 2017, plus de 90 % des jeunes migrants ne possèdent pas de documents d’état civil. Parmi les 10 % qui en présentent, il est constaté une augmentation du nombre de personnes qui produisent des documents d’identité sans lien avec le détenteur. »
En cas de doute des services du département sur la minorité du clandestin, avec le consentement du jeune et selon un protocole strict établi par la loi, il est possible de recourir à des tests médicaux d’évaluation de l’âge. Mais les tests de maturité osseuse sont loin d’être fiables (la marge d’erreur est d’environ dix-huit mois), et souvent pointés du doigt en raison de l’atteinte portée à la dignité humaine, car ils seraient « contraires aux droits fondamentaux des enfants ». En 2019, le recours à ces tests (radiographie de la main et du poignet) a été validé par le Conseil constitutionnel3, qui a malgré tout reconnu que ces examens comportaient une marge d’erreur significative et que leurs conclusions ne pouvaient pas à elles seules permettre de déterminer si l’étranger est mineur. Dans tous les cas, le doute profite au migrant.
On estime à environ 40 % le taux de reconnaissance du statut de MNA. Ce taux varie significativement selon le département, le niveau d’accompagnement associatif et d’une année à l’autre. Les départements n’évaluent pas tous de la même manière l’isolement et la minorité des jeunes migrants, ainsi ceux qui sont déboutés peuvent solliciter une nouvelle évaluation dans une autre région ou saisir le juge des enfants pour former un recours – toujours conseillés par des associations immigrationnistes, aux aguets dès qu’il s’agit d’aider les clandestins à bénéficier de la générosité des Français.
Une proposition de loi, portée par le député LFI Jean-François Coulomme, vise à ce que tous les étrangers arrivant en France et se déclarant mineurs soient considérés comme tels et puissent bénéficier des aides de l’État ; LFI, toujours en première ligne pour accélérer le Grand Remplacement. Cette proposition interdirait également le recours aux tests osseux pour vérifier l’âge d’un migrant4.
Associations immigrationnistes et réseaux de passeurs main dans la main
Les réseaux de passeurs et les associations immigrationnistes connaissent et tirent profit de notre juridiction qui ne différencie pas les mineurs français en situation de vulnérabilité et les mineurs étrangers. Très souvent, lorsqu’un migrant arrive en France métropolitaine, des associations ou des réseaux d’entraide lui indiquent les pratiques à appliquer et les discours à tenir pour être officiellement reconnu comme mineur et bénéficier de la prise en charge matérielle et éducative de l’ASE. Carole, éducatrice spécialisée qui travaille depuis cinq années pour la protection de l’enfance interrogée par nos soins, nous confirme que les jeunes étrangers sont accompagnés par des militants d’associations d’aides aux migrants rompus aux procédures : « Des associations travaillent avec eux pour leur expliquer quel discours adopter quand ils passent devant le fonctionnaire de l’ASE, ils leur expliquent quoi dire et insistent surtout sur le fait qu’ils sont mineurs. Il leur rabâche : ”N’oublie pas, tu es né à telle date.” »
François Sauvadet, président de l’Assemblée des départements de France (ADF), explique quant à lui que 70 % de ceux qui se présentent spontanément comme des mineurs isolés ne le sont pas5. Un constat vérifié empiriquement par Carole qui valide cette évidence – que seuls les gauchistes refusent de voir : « Les jeunes étrangers se déclarent mineurs alors qu’ils sont en réalité majeurs pour bénéficier de l’ASE. »
Et même lorsque l’ASE reconnaît leur statut de mineur, ils sont dans la majorité des cas majeurs : « C’est une réalité, ils sont tous plus âgés que ce qu’ils déclarent. » Émilie, conseillère en insertion professionnelle auprès des MNA, confirme : « Huit sur dix sont majeurs. On sait qu’ils sont majeurs, ils nous le disent, mais ça se voit physiquement, dans leur manière d’être, de réagir, de se comporter, de se présenter. » Carole surenchérit : « Dans leur culture, quand ils sont plus âgés que toi, tu es censé te taire et ne pas être en position de domination ; avec certains ça ne passe pas, ils estiment que tu n’as pas à leur parler comme ça. Ils se sentent infériorisés, à cause de leur âge officiel qui est largement sous-estimé. »
Ce système est un gigantesque appel d’air, ceux à qui ça a réussi en font part dans leurs pays : « Tu as juste à dire que tu es mineur et à connaître ton discours par cœur. » Ils ne sont pas à blâmer : la France, bien secondée par les associations gauchistes, leur laisse cette porte ouverte, ils s’y engouffrent. Ainsi, un nombre significatif de jeunes étrangers pris en charge sont des fraudeurs. Il est raisonnable d’estimer que plus des trois quarts des étrangers qui bénéficient de l’Aide sociale à l’enfance ne sont pas mineurs. Cette fraude massive est un détournement de l’ASE, censée protéger les enfants qui en ont besoin.
Les MNA sont accueillis très majoritairement en maisons d’enfants à caractère social (MECS) et en foyers de l’enfance (86 % d’entre eux). Dans ces structures, le taux de MNA s’élève à 25 % des jeunes accueillis6. Les autres MNA bénéficient d’une prise en charge dans un autre lieu de vie plus autonome (foyer d’étudiants ou de jeunes travailleurs, en location, voire à l’hôtel – même si son recours est proscrit).
Un quart des places en foyers sont donc prises par des majeurs étrangers, et cette proportion n’est pas près de baisser. Carole constate : « On en aura de plus : on a des entrées régulières. L’ASE nous propose des dossiers et ils estiment que les MNA sont des situations “complexes” qui rapportent plus d’argent à l’association qui va les gérer. » Les associations mandatées par les départements pour prendre en charge au quotidien les enfants privilégient donc la manne financière que constituent les MNA. Carole continue : « Mon association essaie de faire un mélange entre MNA et enfants Français, mais depuis cinq ans que j’y travaille, chaque année on a de plus en plus de MNA. Aujourd’hui, on est arrivé à 50/50, alors que les années précédentes on avait moins de MNA. »
Les MNA sont considérés comme des cas « complexes », en raison du suivi administratif que les éducateurs doivent réaliser : ils les aident dans toutes leurs démarches administratives, ce qui représente un temps colossal non consacré aux vrais mineurs. Carole confirme que dans son département, la liste d’attente est longue pour obtenir un placement : « Il y a beaucoup de jeunes Français qui sont en demande, qui ont besoin des places d’hébergement et d’accompagnement, mais on priorise des MNA. Dans mon association, on propose des studios en autonomie pour les jeunes que nous suivons, on est très peu à proposer ça et tous les jeunes du département qui pourraient obtenir ces studios et cet accompagnement ne peuvent pas en bénéficier, car des MNA prennent ces places. »
MNA et troubles psychiques
Un enfant sur deux pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance souffre de troubles psychiques, souvent causés par des traumatismes vécus : maltraitance, violences physiques, verbales ou sexuelles, abandon… Ce taux est cinq fois supérieur à la moyenne nationale7. Le placement en foyer ou en famille d’accueil peut exacerber ces problèmes en perturbant leur stabilité émotionnelle et leur sentiment de contrôle sur leur vie. Le Code de l’action sociale et de la famille stipule que l’ASE doit apporter un soutien psychologique7, mais les ressources humaines et la coordination avec le secteur sanitaire sont limitées. Ces enfants sont ainsi très peu suivis par les dispositifs de pédopsychiatrie.
On retrouve la même prévalence de troubles psychologiques chez les MNA accueillis par l’ASE. Certains MNA, venus de zones de guerre ou ayant eu des parcours de migration extrêmement compliqués sont sujets à une très grande détresse psychique à laquelle s’ajoute une quasi-absence de suivi psychologique dans leur pays d’origine et à leur arrivée. Certains ont fui la guerre, la persécution et la violence. Certains, au cours de leur trajet migratoire, ont été violentés, exploités sexuellement, humiliés ou confrontés à la mort.
Ces situations – très souvent mises en avant par la propagande immigrationniste incessante (films, reportages, notes…) – masquent une réelle disparité parmi les MNA. Carole nous explique : « Certains ont – bien sûr – des parcours avec des trajets migratoires dramatiques. Mais contrairement à l’image qu’on leur donne, ils n’ont pas tous fui la guerre ou des conditions de vie dangereuses ; il y en a qui sont ici, mais on ne sait pas pourquoi, la situation dans leur pays ne justifie pas leur arrivée en France, pas de guerres ni de conflits. »
Les jeunes Français pris en charge par l’ASE ont tous un parcours familial extrêmement compliqué, voire traumatique (parents maltraitants, incestueux, violences extrêmes et répétées, drogues dès le plus jeune âge, trafics de drogues par les parents…). Aucun n’a connu une enfance saine, sans violence, ni difficulté. Pour les MNA, ces traumatismes sont soit d’un ordre radicalement différent : « Quand on a vu sa famille se faire décapiter – cas d’un jeune Afghan, rapporté par Carole –, ça laisse des traces indélébiles » ; soit totalement inexistants : une partie des MNA n’a jamais rencontré de souci particulier dans leurs pays ou pendant leur trajet vers la France.
Pour une partie non négligeable, les migrants ne fuient pas le danger ou des zones de conflit. Il s’agit évidemment d’une immigration économique rendue possible par la sollicitation du statut de MNA, permettant d’entrer, puis de se maintenir sur le territoire, et enfin de disposer d’une prise en charge administrative, sociale et financière et d’opportunités économiques.
« Ils savent pourquoi ils sont là »
Parce qu’une fois pris en charge par la protection de l’enfance et par l’ASE, les MNA bénéficient de toutes les aides financières, matérielles, administratives qui sont offertes par la France – sans distinction de nationalité. Le Conseil départemental via l’ASE alloue de l’argent pour tous les jeunes qui bénéficient des mêmes sommes. En plus de l’hébergement, les dépenses suivantes sont assurées : courses alimentaires, hygiène, vêtements, coiffure, transports en commun, forfait téléphonique, loisirs… Selon les dispositifs, ces dépenses sont soit directement effectuées par les éducateurs, soit l’argent est transmis au jeune en espèces, et les éducateurs vérifient les achats par les tickets de caisse. Même lorsque le jeune travaille et qu’il a une rentrée d’argent, ses achats et loyers sont payés. Carole nous explique : « On les oblige à mettre de côté, afin qu’ils soient préparés une fois sortis du dispositif d’aide. Mais, dès qu’ils en ont l’opportunité, ils envoient l’argent qu’ils ont à leur famille restée dans leur pays ou payent leur dette à leur passeur. Pour eux, c’est très important de gagner de l’argent, c’est l’unique raison de leur venue en France. »
Cette remarque revient inlassablement : « Ils souhaitent absolument travailler pour pouvoir envoyer au pays de l’argent. » Dans l’insertion professionnelle, les associations sont submergées par l’arrivée sans précédent de MNA stimulant les embauches dans ce secteur, c’est pour cette raison qu’Émilie – conseillère en insertion professionnelle – a été embauchée : « On les accompagne dans leurs recherches d’emploi. Le MNA veut travailler, il veut de l’argent qu’il pourra envoyer au pays. Pour la préfecture, il ne faut pas qu’il ait des liens avec sa famille. Mais on sait bien qu’ils envoient dès qu’ils peuvent l’argent qu’ils ont gagné ici à leur famille restée au pays. On a déjà eu le cas d’un MNA qui envoyait l’intégralité de son argent au pays, se mettant lui-même en difficulté ici, une fois sorti du dispositif de l’ASE. »
Au quotidien, cette volonté des MNA de gagner de l’argent est parfois difficilement gérables : « Ils veulent tout, tout de suite » ; ce qui les différencie des jeunes Français, qui sont davantage dans une logique de survie et de reconstruction psychologique que financière.
Ainsi, les mineurs non accompagnés sont plus largement scolarisés et assidus dans leur formation que les enfants français. Neuf mineurs non accompagnés sur dix sont scolarisés et préparent le plus souvent un certificat d’aptitude professionnelle (CAP), et suivent moins fréquemment un second cycle général ou technologique que les non-MNA scolarisés. Seuls 5 % des mineurs MNA scolarisés sont en situation d’absentéisme et de rupture scolaire, contre 14 % des non-MNA8.
Des éducateurs délaissés, des jeunes livrés à eux-mêmes
Encadrer, protéger, éduquer, accompagner… Le rôle des éducateurs est difficile mais ô combien primordial. Ils doivent rattraper des jeunes sans repères ni perspectives, qui souvent sont irrattrapables, avec des vécus familiaux très lourds, des situations de vie délicates, parfois déjà délinquants. Accompagner un jeune dans le droit chemin est souvent une gageure, l’impression d’essayer de remplir le tonneau des Danaïdes. Alors quand vient s’ajouter des faux mineurs de plus en plus nombreux, souvent avec des antécédents de délinquance, de violence, qui pensent que tout leur est dû ; la situation – déjà critique – empire. Chaque éducateur gère ainsi de plus en plus de jeunes, avec des situations de plus en plus complexes. Les postes vacants ne sont pas pourvus, les agents restants sont débordés et épuisés et le suivi personnalisé de chaque enfant devient impossible.
Manque de personnel, insécurité, absence de reconnaissance, situations conflictuelles, violentes, menaces, coups, plaintes auprès de la police… ce métier en tension n’est pas attractif et les associations peinent à recruter. Carole nous confie : « Les derniers éducateurs embauchés ne restent pas longtemps, dès qu’ils ont l’opportunité de trouver un autre emploi, ils partent. » D’autres sont totalement démissionnaires et laissent faire les jeunes, une sorte d’achat de la paix sociale : « On sait qu’ils font des conneries dès qu’on a le dos tourné, mais on ne peut pas intervenir tout le temps, et surtout, dès qu’on intervient, ça peut vite dégénérer. »
Les conséquences pour les enfants sont terribles : manque de places d’accueil, suivi insuffisant, instabilité… faute de structures disponibles et de solutions de placement adaptées, certains enfants restent dans des environnements familiaux nocifs. Le nombre croissant de mineurs nécessitant une prise en charge met sous tension l’ensemble du dispositif de protection, les structures d’accueil fonctionnant au-delà de leur capacité.
Confrontés à cette situation critique, les associations, syndicats et institutions de la protection de l’enfance (dont le collectif les 400 000 créé il y a quelques mois) proposent des solutions qui se résument à une seule : davantage de budget. Ils refusent de voir l’évidence, le fonctionnement de l’ASE et ses coûts ont déjà explosé, la raison principale : l’accueil toujours plus massif de faux MNA. Les chiffres sont sans appel : la prise en charge d’un MNA coûte en moyenne 50 000 euros par an et par individu aux départements. Face à une augmentation constante des arrivées – plusieurs dizaines de milliers chaque année –, les budgets explosent et pèsent lourdement sur les finances locales. Des départements comme celui du Doubs ou de Loire-Atlantique se retrouvent en situation de crise, contraints de revoir à la baisse leurs autres missions sociales. D’autres départements, comme celui de Haute-Garonne, devant la liste des enfants en attente de placement, trouvent des solutions de placement dans d’autres départements.
Les conséquences ne sont pas seulement financières : les centres d’accueil eux-mêmes deviennent des foyers d’insécurité, rendant le travail des éducateurs de plus en plus difficile. Dans le même temps, des milliers d’enfants français en difficulté, qui ne sont pas considérés comme prioritaires, voient leurs conditions d’accueil se détériorer.
Face à cette situation, la réponse de l’État est largement insuffisante. Les départements, asphyxiés, réclament un soutien financier et un encadrement plus strict de l’accueil des MNA, sans succès. Pendant ce temps, l’immigration clandestine s’intensifie, alimentée par l’attrait d’un système social en libre accès. Devant cette violation incontestable de la loi, mettre fin à ce système complètement dévoyé est urgent. Il est absolument indispensable de modifier le système d’accès au statut de mineur protégé, de mettre en place des procédures de vérification strictes, et d’envisager des sanctions pour ceux qui fraudent et aident à cette fraude.
L’ASE ne remplit plus son rôle. Il est temps de reconnaître que l’accueil sans limite ni contrôle strict des MNA met en péril l’ensemble du système de protection de l’enfance. À force de fermer les yeux sur les abus et les dérives, la France sacrifie ses propres enfants sur l’autel d’un humanisme dévoyé. Une réforme profonde s’impose pour préserver l’ASE et lui permettre de remplir sa mission première : protéger les plus vulnérables, les véritables enfants en détresse.
1. Selon le collectif les 400 000 (www.les400000.org) : Défenseur des droits, décision-cadre 2025-005 relative à la protection de l’enfance, janvier 2025 ; Caisse des dépôts, « Des solutions innovantes pour les acteurs de l’enfance protégée. Une approche écosystémique qui peut changer la donne », janvier 2025 ; Gepso, « Livre Blanc de la protection de l’enfance : 70 propositions pour qu’enfin les choses avancent ! », novembre 2024 ; CESE, « La protection de l’enfance est en danger : les préconisations du CESE », octobre 2024 ; CNCDH, « Avis sur les morts violentes d’enfants dans le cadre familial (A-2023-6) », décembre 2023 ; CIIVISE, « Violences sexuelles faites aux enfants : on vous croit », novembre 2023 ; IGAS, « Mission aux fins d’amélioration de la prise en charge et de l’accompagnement des victimes de faits d’inceste et de violences sexuelles pendant leur minorité », novembre 2023 ; Apprentis d’Auteuil, Chanteclair, la Croix-Rouge française, La Vie au Grand Air, SOS Villages d’Enfants, « La protection de l’enfance à l’horizon 2030-2035 », octobre 2023 ; Bernard Bonne, Rapport d’information n°837 (2022-2023) « Application des lois relatives à la protection de l’enfance », juillet 2023 ; Comité des droits de l’enfant, ONU, Observations finales relatives aux 6e et 7e rapports périodiques de la France, juin 2023 ; Rapport parlementaire, « Plan rouge VIF – Améliorer le traitement judiciaire des violences intrafamiliales », mai 2023 ; IGAS, « Mission de contrôle interministérielle suite au décès d’un enfant suivi en assistance éducative », août 2022.
2. Rapport annuel 2024 d’activité de la mission mineurs non accompagnés (MMNA) du ministère de la Justice.
3. Décision n° 2018-768 QPC du 21 mars 2019.
4. Proposition de loi, n° 798, visant à instaurer une présomption de minorité et à interdire les tests osseux, n° 798, déposée le mardi 21 janvier 2025.
6. DREES, enquête Aide sociale, Les bénéficiaires de l’aide sociale à l’enfance – séries longues (1996-2023).
7. Note Terra Nova : « Santé mentale des jeunes placés de l’Aide sociale à l’enfance ».
8. DREES – Études et Résultats février 2023 • n° 1256 Un quart des mineurs non accompagnés (MNA) dormaient en centre d’hébergement ou dans la rue avant leur entrée en établissement de l’aide sociale à l’enfance (ASE)