Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Des réfugiés Sud-Africains blancs arrivent aux États-Unis

Des réfugiés Sud-Africains blancs arrivent aux États-Unis

Un vol transportant un groupe de 59 Sud-Africains blancs ayant obtenu le statut de réfugié par l'administration Trump est arrivé ce lundi 12 mai aux États-Unis. Ils ont été les premiers à se voir accorder le statut de réfugié par l'administration Trump et ne devraient pas être les derniers Afrikaners à venir aux États-Unis. Les Sud-Africains, dont des enfants, ont été accueillis à leur arrivée à l'aéroport de Washington Dulles par le secrétaire d'État adjoint américain Christopher Landau et le secrétaire adjoint du département de la sécurité intérieure Troy Edgar.

C’est une première, peut être d’une longue série. L’administration Trump a pris des mesures pour non seulement admettre, mais aussi accélérer la procédure conférant le statut de réfugié à plusieurs dizaines d’Afrikaners. Dans le même temps, elle a suspendu toutes les autres réinstallations de réfugiés. Cette « immigration choisie » n’aura pas tardé à faire parler d’elle, les âmes sensibles s’empressant de pousser la chansonnette de la sélection au sein de la misère. La « politique des quotas » c’est bien, tout dépend la couleur qu’on lui donne évidemment…

Reliquat de l’Apartheid

La réforme agraire de l’Afrique du Sud a été au cœur des critiques de l’administration Trump. Une loi très controversée, qui mérite une bref rappel. Véritable arlésienne du pouvoir arc-en-ciel après l’arrivée au pouvoir de Mandela dans les années 1990, la réforme agraire vient cristalliser l’une des plus importante épine ethnique dans le pied de l’Afrique du Sud : que faire des fermiers blancs ? C’est finalement le gouvernement de l’actuel président du pays, Cyril Ramaphosa, au pouvoir depuis 2018, qui viendra promulguer, en janvier dernier, une loi autorisant les confiscations de terres (des fermiers blancs s’entend) par l’État, et ce sans compensation financière. Mesure provoquant un véritable tollé dans le pays[1], notamment de la part du principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), ainsi que du Freedom Front Plus (FF+), représentant les Afrikaners. Le gouvernement sud-africain maintient que la législation est conforme à la constitution et qu’elle n’a pas encore donné lieu à des saisies de terres. A l’époque, le président sud-africain a écrit sur X qu’il s’agissait d’un « processus juridique qui garantit l’accès du public à la terre d’une manière équitable et juste, conformément à la constitution ».

Christopher Landau a déclaré aux nouveaux arrivants que les États-Unis étaient « ravis » de les accueillir, ajoutant : « Nous respectons ce que vous avez dû endurer ces dernières années ». Il a fait remarquer que nombre d’entre eux étaient des agriculteurs et les a comparés à des « semences de qualité » qui, espérons-le, « fleuriront » aux États-Unis.

« Nous leur avons souligné que le peuple américain est un peuple accueillant et généreux, et nous avons souligné l’importance de l’assimilation aux États-Unis, qui est l’un des facteurs très importants que nous prenons en compte dans l’admission des réfugiés », a renchérit le secrétaire d’État adjoint américain aux journalistes après avoir salué le groupe, affirmant que les Afrikaners avaient fait l’objet de « menaces très graves, flagrantes et ciblées », accusant le gouvernement sud-africain de ne pas avoir agi.

« Ni réfugié, ni victime »

Plus tôt dans la journée de lundi, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a déclaré que les personnes qui se rendaient aux États-Unis « ne correspondaient pas à la définition d’un réfugié ». M. Ramaphosa a indiqué qu’il avait dit à Donald Trump que ce qui avait été dit au président américain au sujet de la persécution de la minorité blanche n’était pas vrai. « Les personnes qui ont fui ne sont pas persécutées, elles ne sont pas traquées, elles ne sont pas mal traitées », a-t-il déclaré lors d’une table ronde organisée dans le cadre de l’Africa CEO Forum en Côte d’Ivoire et animée par Larry Madowo de CNN. « Ils partent ostensiblement parce qu’ils ne veulent pas accepter les changements qui ont lieu dans notre pays conformément à notre constitution », a ajouté M. Ramaphosa. Interrogé sur les commentaires du président Ramaphosa, le secrétaire d’État adjoint américain déclare : « Il n’est pas surprenant, malheureusement, qu’un pays d’où viennent les réfugiés ne reconnaisse pas qu’ils sont des réfugiés ». Jeremy Konyndyk, président de Refugees International, a qualifié cette politique de « programme d’immigration racialisé se faisant passer pour une réinstallation de réfugiés, alors que les vrais réfugiés restent bloqués ».

« Le principal problème consiste à refuser la protection à tout autre réfugié, où qu’il se trouve dans le monde », a-t-il déclaré. « Il y a des millions de réfugiés dans le monde – des personnes qui ont dû fuir leur pays d’origine à cause de la guerre ou de la persécution – qui ont bien plus besoin de protection que n’importe qui dans ce groupe – dont aucun, à ma connaissance, n’a été forcé de fuir l’Afrique du Sud ».  Choisir qui entre chez soi n’est-il pas l’une de bases fondamentales de tout pays souverain ? Apparemment non…

Inextricable situation ?

Depuis le début du second mandat de Donald Trump, les États-Unis ont pris une série de mesures punitives à l’encontre de l’Afrique du Sud, dont le gouvernement a suscité l’ire non seulement du président américain, mais aussi de son allié Elon Musk, qui est né et a grandi dans la nation arc-en-ciel.

M. Trump et M. Musk, milliardaire spécialisé dans la technologie, ont tous deux affirmé que les agriculteurs blancs du pays étaient victimes de discrimination dans le cadre des politiques de réforme agraire que le gouvernement sud-africain juge nécessaires pour remédier à l’héritage de l’apartheid. A l’époque, les Noirs ont été dépossédés de leurs terres au profit des Blancs. Aujourd’hui, quelque trente ans après la fin officielle de la ségrégation raciale dans le pays, les Sud-Africains noirs, qui représentent plus de 80 % de la population de 63 millions d’habitants, ne possèdent qu’environ 4 % des terres privées. Et malgré quelques tentatives concluantes, comme L’Association de propriété communale de Matsamo (CPA), les exploitations « désapatheidisées » se soldent très souvent par des échecs[2].

En février dernier, le président américain a suspendu l’aide à l’Afrique du Sud, alléguant une discrimination à l’encontre des fermiers blancs. Dans ce même décret, le président a déclaré que les États-Unis allaient « promouvoir la réinstallation de réfugiés afrikaners fuyant la discrimination raciale parrainée par le gouvernement, y compris la confiscation de biens à des fins de discrimination raciale ».

Début Mai, Donald Trump annonce dans un message publié sur les médias sociaux que « tout fermier (avec sa famille !) d’Afrique du Sud cherchant à fuir ce pays pour des raisons de sécurité sera invité aux États-Unis d’Amérique et bénéficiera d’une voie d’accès rapide à la citoyenneté. » Le président Donald Trump et le président sud-africain Cyril Ramaphosa doivent se rencontrer à la Maison Blanche d’ici quelques jours à la suite des allégations du locataire du bureau ovale – démenties par l’Afrique du Sud – selon lesquelles un « génocide » est commis à l’encontre des fermiers blancs dans le pays à majorité noire.

1 https://www.bbc.com/news/articles/cvg9w4n6gp5o

2 https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20250328-afrique-du-sud-r%C3%A9forme-agraire-tardive-n%C3%A9e-sur-les-cendres-de-la-d%C3%A9possession

https://www.revue-elements.com/des-refugies-sud-africains-blancs-arrivent-aux-etats-unis/

Écrire un commentaire

Optionnel