Les propos mis en cause
Quels sont les propos tenus par Marguerite Stern, qualifiés par SOS racisme d’« injures publiques » ? Cette dernière révèle, sur X, les trois citations qui ont fait l’objet de l’audience : « Proportionnellement, les personnes issues de l’immigration africaine et moyen-orientale agressent plus les femmes que les Français de culture française. » Autre citation incriminée : « On se sent en insécurité à Barbès, dans les quartiers où il y a une surreprésentation des hommes d’origine africaine. » Et, enfin, « Pourquoi les hommes de culture et issus de l’immigration africaine et moyen-orientale sont-ils plus violents avec les femmes ? Est-ce une question de nature ? Houlala, si on dit ça… Est-ce une question de culture ? Pour moi, aucune question génétique n’est interdite. On peut se poser la question mais, par contre, je n’ai pas la réponse. » Verdict : « Le procureur a demandé la relaxe concernant les deux premières citations et deux mois de prison avec sursis concernant la dernière », écrit Marguerite Stern.
Louis Cailliez, avocat de la féministe mise en cause, répond à BV : « J'estime avoir démontré par ma plaidoirie et mes écritures qu'il n'y a absolument aucune injure, a fortiori raciste, dans les propos poursuivis, au sens de la loi. J'ai été satisfait de voir le procureur valider mon argumentation en défense et abandonner ses poursuites pour les deux premiers propos. J'ai, en revanche, été consterné par la peine démesurée demandée pour le troisième propos : comment un questionnement resté sans réponse peut-il être qualifié d'injure ? » L'avocat ne désarme pas. « Toute autre décision qu'une relaxe totale serait un signal catastrophique envoyé aux défenseurs de la liberté d'expression en France. »
Les réactions de la militante féministe et de Frontières
Marguerite Stern, comme son avocat, n'acceptera qu'une relaxe totale : « Néanmoins, s’il arrivait que Erik Tegnér et moi soyons condamnés sur une ou plusieurs citations, j’annonce tout de suite qu’il y aura appel », dit-elle. Elle affirme ne pas regretter ses paroles : « Je suis toujours alignée avec les propos que j’ai tenus. » Le journaliste de Frontières Jordan Florentin exprime sa stupéfaction, sur X : « Hallucinant : la juge face à Marguerite Stern insinue qu’en parlant simplement de différences ethniques et de rapport culturel à la violence au sujet du lien entre immigration et insécurité, la militante féministe s’en référerait "à la Shoah et autres horreurs de l’Histoire". »
L’intervieweur de Frontières, en s’adressant à l’ex-Femen Marguerite Stern au début de cet entretien, en 2023, avait évoqué « un entretien qui risque de faire couler beaucoup d’encre ». Il a donc aussi mobilisé les magistrats, preuve que la liberté de la presse s'entend dans un couloir... étroit.