Interrogée sur RTL quant à la pertinence d’une telle proposition, la comédienne a laissé parler sa fibre humaniste. « Oui, bien sûr, a-t-elle répondu à Anne-Sophie Lapix, donnant le point à Clémentine Autain qui avait exprimé cette revendication, quelques heures plus tôt, sur la même antenne. La société a toujours été inégalitaire, bien sûr, donc il faut faire tout pour qu'elle le soit le moins possible. Mais elle l'est par essence, on n'est pas tous égaux devant la vie… »
Sur les réseaux sociaux, cette prise de parole convenue n’a pas convaincu tout le monde. « Le culot de ces nantis », a commenté un utilisateur de la plate-forme X, tandis qu’un autre qualifiait l’actrice de « grande bourgeoise du VIe, fille d'un industriel fortuné, femme d'un producteur fortuné ».
D’autres n’ont pas manqué de pointer le secteur professionnel d’Isabelle Huppert, un petit milieu artistique gavé d’argent public où certaines économies pourraient sans doute se trouver sans peine : « Elle a raison, arrêtons de subventionner la culture et supprimons le statut particulier des intermittents du spectacle ! » « Il faut effectivement plus imposer le monde du cinéma français qui vit essentiellement de fonds publics. »
La « bouc-émissarisation » du « riche »
Sur le même réseau social, Max Guazzini a, lui aussi, vivement réagi aux propos de Mme Huppert. « Il y a longtemps que les vrais riches, hors fortune professionnelle, ont quitté la France, pays le plus taxé au monde », a rétorqué l’ancien patron de NRJ et du Stade français, avant de lancer à la comédienne un féroce « pauvre cruche ». « Je trouvais un peu idiot ce genre de propos, tempère-t-il au micro de BV. Ces gens-là ne se rendent pas compte que les vrais riches sont déjà partis depuis longtemps, compte tenu de la pression fiscale qu’il y a dans ce pays. Or, les riches sont une richesse : ils consomment, ils achètent, etc. Et ce n’est pas parce qu’il y a moins de riches qu’il y a moins de pauvres ! Surtout dans un pays où il y a une redistribution très importante… »
Alors que le Premier ministre François Bayrou a décidé d’engager la responsabilité de son gouvernement sur l'endettement de la France et le cap budgétaire à fixer pour 2026, la gauche, elle, propose de redresser les finances du pays en taxant davantage les plus aisés. Clémentine Autain, citée par Isabelle Huppert, est en effet à la pointe de ce combat. Début juillet, déjà, la députée de Seine-Saint-Denis expliquait qu’une plus forte taxation des « ultra-riches » permettrait de recueillir « 20 milliards d'euros à l'échelle de la France, 50 milliards au niveau européen et 250 milliards au niveau mondial ».
L’idée d’un impôt plancher sur la fortune, ou « taxe Zucman » - votée en février à l'Assemblée nationale, puis rejetée par le Sénat -, se retrouve aujourd’hui au cœur des revendications de la journée du 10 septembre. « Le 10 septembre, bloquons tout, sauf la taxe Zucman, peut-on ainsi lire, sur le blog d’extrême gauche Mediapart. Cent fois sur le métier, remettons notre ouvrage. Tou.te.s ensemble ! »
Le pervertissement d’un mouvement né à droite
Initialement, pourtant, la journée du 10 septembre n’avait pas pour objectif la création d’impôts supplémentaires. Bien au contraire. Il s’agissait, à l’origine, d’un mouvement plutôt libéral, lancé par des citoyens qui entendaient y exprimer leur ras-le-bol fiscal. « À la base, c’était un mouvement créé par ceux qu’on appelle les "Nicolas", analyse Max Guazzini. Et comme toujours, la gauche - et plus particulièrement LFI - a récupéré le mouvement. C’est une vieille tactique… Ce mouvement lancé par des Français qui en avaient assez d’être taxés a finalement été récupéré par des gens qui veulent encore plus taxer ! » Cherchez l’erreur, en effet.