Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

[POINT DE VUE] Ukraine : les Européens prêts à s’enliser dans les « garanties de sécurité »

Capture d'écran © Radio-Canada Info
Capture d'écran © Radio-Canada Info
Jeudi 4 septembre, Volodymyr Zelensky sera reçu à l’Élysée par le président de la République en présence d’un certain nombre de ce que l’on appelle (au choix) « les partenaires européens » ou la « coalition des volontaires » - soit en « physique », soit en « distanciel », comme au temps apocalyptique du Covid-19. Au cours de ce sommet, qui devrait leur permettre d’annoncer qu’ils sont prêts pour donner des « garanties de sécurité » à l’Ukraine, les Européens et leur alliés (une trentaine de pays en tout) risquent fort, à rebours de ce qu’ils voudraient, de donner une nouvelle preuve de leur impuissance collective.

« Nous sommes prêts »

Il suffit, pour s’en convaincre, d’écouter parler les sherpas : « Au niveau politique, le message essentiel qui sera passé jeudi est, compte tenu de l’avancement des travaux aujourd’hui, que nous sommes non seulement volontaires et capables, mais que nous sommes prêts. C’est le message clé », affirme ainsi un conseiller d’Emmanuel Macron. Mais prêts à quoi, au juste ? Eh bien, une fois qu’un hypothétique cessez-le-feu sera signé, cette coalition serait en mesure d’appuyer l’armée ukrainienne, cet appui pouvant aller jusqu’à l’envoi de troupes au sol. Le but de ce déploiement ou de cet appui serait alors de s’assurer que la Russie respecte l’accord qu’elle aurait conclu avec le régime de Kiev. Mais de la coupe aux lèvres… Écoutons la suite des propos du même conseiller d’Emmanuel Macron : « Ce que nous rechercherons jeudi, c’est la confirmation de ce schéma que la "coalition des volontaires" a bien le soutien des Américains pour garantir la sécurité de l’Ukraine. »

Nous y voilà. Les Européens sont prêts, ils sont déterminés, ils se disent capables d’offrir des garanties de sécurité à l’Ukraine… mais seulement avec un soutien des Américains. Ah ! Et ce soutien, alors, quelle forme prendrait-il ? Nos confrères du site canadien La Presse affirment qu’il pourrait s’agir de « renseignement, soutien logistique, communications ». En d’autres termes, si les « volontaires » y vont tout seuls, ce sera sans renseignement, sans soutien logistique, sans communications. Pas évident de garantir la sécurité de l’Ukraine si on n’a ni nourriture ou essence ou munitions, ni liaison radio ou satellite… et que l’on hésite, faute de renseignement exploitable, sur le dispositif de son ennemi.

Grands enfants

Disons les choses telles qu’elles sont : malgré leur volontarisme affiché, les « volontaires » qui font les fier-à-bras n’ont aucune allonge militaire. Juchés sur leur vélo de guerre, actionnant la sonnette des garanties de sécurité, ces grands enfants que sont les gouvernements européens attendent tranquillement que les adultes américains installent les petites roulettes à l’arrière de la bicyclette pour pouvoir s’élancer comme des champions. Il n’est pas certain que cela contribue à rassurer collectivement les habitants du Vieux Continent sur la capacité de leurs dirigeants à les défendre sans le parapluie otanien.

En ces temps de rentrée scolaire, pendant que l’on joue à la guerre dans le bac à sable des maternelles, le sommet de Tianjin, qui vient de se terminer par un impressionnant défilé chinois, matérialisait - et de quelle inquiétante manière - la cour de récréation des grands. « La Chine est invincible », a dit Xi Jinping, qui n’a peut-être pas tort. En face, en apnée dans les abysses de l’impopularité, Emmanuel Macron songe à remplacer son Premier ministre par un autre et espère que la scène internationale suffira à lui donner un semblant de stature présidentielle. Deux salles, deux ambiances.

Arnaud Florac

Écrire un commentaire

Optionnel