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Le cheval de Troie de Donald Trump

Les commentateurs qui s’indignent de l’attitude de Donald Trump après « l’accord » qu’il a imposé à Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, se trompent de cible. Il n’est pas surprenant que le président des États-Unis agisse dans ce qu’il pense être l’intérêt de son pays. Ce faisant, il piétine avec brutalité ceux des Européens, pas beaucoup plus que ses devanciers, mais de manière encore plus visible et humiliante. Ce faisant, il nous rappelle que l’Europe est sous protectorat américain depuis la guerre froide.

L’implosion de l’URSS aurait pu changer la donne, mais les vieilles nations européennes n’ont pas voulu en profiter pour recouvrer leur liberté. La liberté est un luxe qui coûte cher, et qui, en Europe, a envie de se serrer la ceinture ? Les « élites » politiques ont préféré rester dans le giron américain et se déposséder de leurs souverainetés au bénéfice de l’Union européenne, cheval de Troie du protecteur américain auquel elle garantit la docilité de ses vassaux (le terme de laquais convient mieux, car le vassal est noble). La présidence de Nicolas Sarkozy a été emblématique de ce double mouvement, avec la réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN et la ratification du traité de Lisbonne, contre la volonté exprimée par le peuple français lors du référendum sur le traité constitutionnel européen, en 2005. Voilà ce qui est vraiment révoltant. Ceux qui poussent aujourd’hui des cris d’orfraie ne reprochent-ils pas surtout à Trump de les placer devant cette évidence ?

Il n’y a donc pas lieu de s’étonner du nouvel acte qui vient de se jouer. Ursula von der Leyen n’a pas « capitulé », comme on a pu le lire ; domestique zélée, elle a simplement obéi. Aux termes de « l’accord », les exportations vers les États-Unis seront frappées de 15 % de droits de douane, sans réciprocité. L’U.E. va investir 600 milliards de dollars au pays d’oncle Donald, notamment en équipements militaires (si Macron, partisan zélé d’un réarmement européen, espérait en profiter pour restaurer les finances françaises, son calcul est compromis). Les Européens achèteront aussi aux États-Unis, sur trois ans, 750 milliards de dollars de pétrole, de gaz de schiste et même de nucléaire (dont la France est productrice), après s’être privés des ressources russes en s’alignant sur la stratégie américaine en Ukraine. L’intervention russe, que les États-Unis ont favorisée depuis la révolution de Maidan en 2014, a eu pour effet de restaurer le rideau de fer en Europe, avec des conséquences économiques désastreuses pour les nations de l’ouest de l’Europe (qui devaient mettre l’économie russe à genoux, selon l’inénarrable Bruno Le Maire). Ceux qui, comme Emmanuel Macron, ont surenchéri dans le bellicisme au lieu de favoriser la conciliation entre Poutine et Zelensky, cueillent aujourd’hui les fruits de cette politique. Le protectorat américain en sort renforcé et Trump nous vend son gaz au prix fort. Ursula von der Leyen est coupable de haute trahison, mais elle n’est pas la seule. Les principaux chefs d’État européens le sont aussi. Comment imaginer, d’ailleurs, qu’elle ait accepté les conditions de Trump sans leur avis ou leur aval ? Emmanuel Macron, qui partage la même idéologie européiste et fédéraliste, a donné par le passé d’autres exemples de forfaiture, par exemple en avalisant le bradage de fleurons industriels français, comme Alstom-Energie ou Technip à des entreprises américaines, à la faveur de l’extraterritorialité du droit américain – un outil de domination économique qui symbolise à lui seul l’état de vassalité des Européens. Faut-il rappeler aussi qu’il a « externalisé », en les confiant au cabinet américain McKinsey, des missions ayant trait à la Défense nationale ou à la campagne de vaccination contre le Covid-19 ? Les vaccins avaient d’ailleurs été négociés par Ursula von der Leyen au nom des pays membres de l’U.E. avec la société américaine Pfizer dans des conditions restées complètement opaques, qui ne la plaçaient peut-être pas dans les meilleures conditions pour « négocier » avec Donald Trump…

https://www.monde-vie.com/2025/09/02/le-cheval-de-troie-de-donald-trump/

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