L’officier de la brigade anticriminalité, attiré dans un guet-apens pour un banal vol de trotinette, avait été roué de coups par une bande de jeunes âgés de 15 à 19 ans. Si Féris Barkat n’a pas directement applaudi l’agression, il a pris soin de la contextualiser en évoquant un « regain de violence » en « réaction à une violence policière perçue comme illégitime ». Sur les actes « anti-flics », qu’il qualifie de « cas isolés », il assure n’être « personne pour juger » de leur légitimité. Ce qui est sûr, pour lui, c’est que ce sont des « réactions naturelles ».
Des propos jugés odieux et irresponsables par de nombreux téléspectateurs, d’autant plus venant d’un représentant associatif agissant auprès des jeunes de banlieues et dont l’organisation prospère grâce aux collectivités publiques.
Une association dans les petits papiers du pouvoir
Car derrière l’image d’une asso de rue que Banlieues Climat voudrait se donner, ses actions ne se limitent pas à de petits ateliers de quartier. Son jeune co-dirigeant de 22 ans a ses entrées dans les hautes sphères de l’État. L’association a été reçue à Matignon en janvier 2023, lors des Rencontres jeunesse, et collabore avec le ministère de l’Enseignement supérieur. Ce dernier a validé les formations qu’elle dispense aux jeunes de quartiers. L’Éducation nationale, elle aussi, a ouvert ses classes aux militants de Féris Barkat qui sensibilisent, dès leur plus jeune âge, les écoliers à « l’écologie sociale ».
Le CNRS et l’Agence publique de la transition écologique (ADEME) figurent à leur tour parmi les partenaires de Banlieues Climat. Les mairies se montrent aussi généreuses, puisque la mairie de Paris a attribué une subvention de 4.000 euros en 2024 et prévoit de reconduire l’aide. La ville de Strasbourg a, quant à elle, signé un chèque de 105.000 euros pour trois ans afin que l’association dispense une « formation à cent jeunes des quartiers populaires » et forme aussi de nouveaux formateurs. Laval, Saint-Ouen et d’autres villes ont également passé contrat.
L’écologie aux couleurs de la lutte sociale
Reconnue d’utilité publique depuis 2023, l’association a donc su montrer patte blanche auprès des institutions : il s’agit de « créer une écologie émancipatrice portée par et pour les habitant.e.s des quartiers populaires ».
Par là, il faut entendre les « chibanis », anciens travailleurs immigrés maghrébins, que Banlieues Climat présente comme les « premières cibles du changement climatique ». Considérant les populations des quartiers populaires comme issues des « anciennes générations immigrées » qui auraient été « dépossédées du savoir académique et scientifique », la convergence des luttes était presque inévitable.
Car pour l’association, l’écologie ne peut se dissocier du combat contre le racisme, contre « l’extrême droite » ou encore en faveur de Gaza. L’activisme de Féris Barkat illustre cette orientation : à la veille des législatives de 2024, il projetait sur la façade de l’Assemblée nationale une fresque illégale proclamant « Chez nous », pour rappeler, selon lui, que la France appartenait aussi aux descendants de l’immigration qui l’auraient « reconstruite ».
De l’écologie à la légitimation de la violence
Invité régulier des médias du service public, Barkat tenait déjà en 2024, sur le plateau de C ce soir, un discours similaire à celui qu’il employait, ce samedi, sur BFM TV à propos de cette violence « comme seul moyen d'expression » : « Est-ce que vous êtes prêts à entendre dans cette violence une forme de revendication sociale ou bien à la décrédibiliser ? », interrogeait-il. Après ce qu’ils ont entendu, les Français, eux, risquent d’être prêts à ne plus payer, car comme l'a exprimé auprès de BV la sénatrice LR Valérie Boyer, qui interpellera le gouvernement sur les financements de l'association : « On cherche les économies, et on va finir par savoir où les faire. »