24 millions de nuits d’hôtel financées par l’État
Des structures d’hébergement saturées. Déjà, en 2019, un rapport parlementaire confirmait « la saturation des dispositifs d'hébergement d'urgence, malgré une augmentation continue des capacités du parc et de son financement ». Six ans plus tard, la situation ne s’est pas améliorée, loin de là. En effet, selon l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), « si l’hébergement à l’hôtel était marginal, avant les années 2010, celui-ci a été massivement utilisé […] au cours de la crise sanitaire de 2020 ». Depuis, la barre des 60.000 nuitées d’hôtel payées par l’État quotidiennement est largement dépassée. Au 31 décembre 2022, l’État français s’est ainsi retrouvé contraint de réquisitionner plus de 67.000 chambres d’hôtel afin de pallier le manque de places dans les structures d’hébergement d’urgence dites généralistes. En 2024, l’IGAS comptabilise en moyenne 65.000 chambres louées, chaque nuit, par l’État. Au début de l’année 2025, 64.000.
Le calcul de la facture est simple. Chaque année, l’État finance plus de 24 millions de nuit d’hôtel pour un coût moyen de 19,09 euros par nuit. Ce à quoi il convient d’ajouter les différents frais inhérents à la réservation. Le milliard d’euros dépensé par l’État est alors rapidement dépassé…
Poids important de l’immigration
Reste la question du poids de l’immigration. Selon la loi, ces hébergements d’urgence ont vocation à accueillir « toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale ». Ainsi, toute personne sans domicile fixe peut en théorie demander un hébergement d’urgence. Mais comme le notent les auteurs du budget 2024, « dans de très nombreux départements, le dispositif d’hébergement généraliste doit faire face à des flux migratoires difficilement maîtrisables ». « L’augmentation des publics à situations administratives complexes (demande de titre de séjour en cours, déboutés de la demande d’asile ou de titre de séjour) explique le recours aux places d’hôtel, leur situation ne permettant pas de les orienter vers le logement adapté. »
Selon plusieurs sources, il apparaît ainsi que les migrants, notamment les clandestins, occupent la majorité des chambres d’hôtel réservées par l’État. Le Secours catholique, l’un des opérateurs à qui l’État délègue la gestion de ces hébergements d’urgence, note ainsi que parmi les personnes hébergées à l’hôtel en Île-de-France, 67 % sont d’origine étrangères (hors Union européenne), dont 53 % n’ont pas de titre de séjour valide. Dans une enquête menée en 2022, le SAMU social de Paris explique, de son côté, que 90 % des personnes qu'il héberge à l’hôtel ont une nationalité étrangère (hors Union européenne). Parmi eux, 45 % sont en situation irrégulière et 17 % ont une situation régulière précaire (demande d’asile en cours, titre de séjour court…).
Comme le note l’IGAS, ce système, très onéreux, ne peut être pas viable. Or, la facture pourrait continuer d’augmenter, alors que les étrangers en situation irrégulière sont de plus en plus nombreux, en particulier en Île-de-France… Lors de l’examen de la loi Immigration, les députés avaient tenté de soumettre l’attribution d’un hébergement d’urgence à certaines conditions (ne pas être débouté du droit d’asile ni visé par une obligation de quitter le territoire français). Mais le Conseil constitutionnel avait finalement censuré cet article…