En effet, l’emploi du temps du président américain prévoit qu’après son allocution à la Knesset, il s’envole pour Charm el-Cheikh, où il doit rencontrer « de nombreux dirigeants » - c’est ainsi que le formule le communiqué officiel - pour s’entretenir de l’avenir de Gaza. Du côté français, les communiqués officiels sont beaucoup moins sobres, puisque notre bon maître doit s’entretenir « avec ses partenaires sur les prochaines étapes de mise en œuvre du plan de paix ». Ce déplacement « s’inscrit dans la continuité de l’initiative franco-saoudienne et des travaux engagés à New York en septembre dernier pour la mise en œuvre d’un plan de paix et de sécurité pour tous au Moyen-Orient, fondé sur la solution à deux États », selon l’Élysée.
Jupiter pacificateur
On a beau avoir l’habitude de l’histrionisme macronesque, on se pince tout de même un peu. Si on lit entre les lignes de ce communiqué officiel, le président de la République va donc s’assurer avec ses partenaires que le plan de paix soit mis en œuvre rapidement, ce qui, dans l’esprit du Château, est bien normal, puisque c’est lui qui est à l’origine de tout. Un plan de Trump ? Allons, vous n’y êtes pas ! C’est la continuité de l’initiative franco-saoudienne, vous dit-on. Macron avait déjà tout prévu à New York, en septembre dernier. Cette formule de « plan de paix et de sécurité pour tous », inclusive comme on sait les faire par chez nous, ne saurait faire oublier la justice magnanime et la posture marmoréenne de Jupiter pacificateur qui serait donc, si l’on en croit le communiqué élyséen, le véritable artisan de cette paix.
Franchement, cet homme indigne ne nous aura rien épargné. Se glisser sur la photo finish en Égypte en trottinant derrière Trump comme un chihuahua sous Guronsan® ; espérer avoir l’honneur d’une petite conférence de presse, au bout de la table ; échanger avec le maître de la moitié du monde une avilissante poignée de main ; prendre un air et une voix graves, aussi faux l’un que l’autre, devant des caméras complaisantes ; préparer, à son retour, quelques photos people en essayant de ne pas se faire gifler par son épouse au moment de l’ouverture des portes du Falcon… Tout cela est aussi tristement connu que parfaitement méprisable. Et c’est sans compter le fait que le président de la République est, comme son nom l’indique, président d’une République, en l’occurrence la nôtre, et certainement pas un gentilhomme solitaire et désœuvré dont l’élégante itinérance le mènerait de salles d’embarquement en cocktails du bout du monde, de crises géopolitiques en bains de foule solaires. N’est pas Malko Linge, le héros de SAS, qui veut.
Pendant que Macron, universaliste dont l’univers se fiche éperdument, essaie d’attirer la lumière, Trump, patriote qui réconcilie les patries des autres, n’en finit pas de remporter des succès. Mais soyons rassurés : le gouvernement Lecornu II, composé de fantômes du macronisme, a promis de rediscuter de la réforme des retraites. On est au bon niveau.