À écouter ces cinq avocats, la perpétuité réelle serait le signe d’une « inflation répressive », la dérive d’un État aux « réflexes punitifs archaïques ». « La perpétuité réelle illustre parfaitement le basculement de la justice pénale dans une logique sécuritaire et populiste », écrivent nos cinq juristes. Un « basculement » tellement grave que, comme ils le reconnaissent eux-mêmes, depuis 2022, cette peine n’a été prononcée qu’à six reprises : cinq fois en matière terroriste, une fois pour meurtre. On a connu répression carcérale plus radicale…
« Une lueur, une issue possible » ?
De sa première à sa dernière ligne, cette tribune ne semble se préoccuper que du devenir des pires criminels. À aucun moment elle n’évoque la réparation du tort causé par les coupables. Le mot « victime » n’y apparaît pas une seule fois. Elle ne concède pas, non plus, le moindre mérite à la perpétuité. La mise à l’écart des barbares et la protection de la société ne sont pas ses sujets. Ces avocats comptent, par ailleurs, sur les instances européennes pour contourner la souveraineté populaire (ce jugement n'a-t-il pas été rendu au nom du peuple français ?) et contraindre la législation française. « Depuis 2013, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a tenté d’imposer une limite : pour être conforme à la convention, une peine de réclusion à perpétuité doit ainsi laisser subsister l’espoir d’une libération. Une lueur, une issue possible », espèrent les signataires, qui disent voir en l’Europe un « dernier rempart ».