Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

[POINT DE VUE] Dans Libé, une tribune en défense de la meurtrière de Lola

@tingeyinjurylawfirm/unsplash
@tingeyinjurylawfirm/unsplash
Six petits jours. La presse de gauche n’aura donc pas attendu une semaine avant de prendre la défense de Dahbia Benkired, condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible, dans l’affaire Lola. C’est, ainsi, le jeudi 30 octobre que Libération a publié une tribune signée par cinq avocats au barreau de Paris qui estiment que le châtiment infligé à l’Algérienne est vraiment trop sévère. Selon eux, il s’agirait d’« une peine de mort qui ne dit pas son nom »« Comme avocats, nous le disons clairement : la perpétuité réelle est une version moderne de la peine de mort. Elle supprime l’individu sans avoir à verser son sang, écrivent-ils. Nous refusons de participer à cette mystification et d’être plus longtemps les auxiliaires d’une Justice qui tue sans le dire, d’un système qui recycle la peine capitale sous des oripeaux républicains. Il est temps d’en finir avec ce vestige d’un autre âge et d’effacer de nos lois cet infâme substrat de la peine de mort pour proclamer enfin, sans ambiguïté, l’abolition de toute peine sans espoir. »

Dès le jour du verdict, Libération avait souligné l’exceptionnelle sévérité du jugement. « C’est la peine la plus sévère de l’arsenal juridique français. Dahbia Benkired devient la première femme à être condamnée à cette sanction rarissime en France », constatait alors le quotidien de gauche. Ce qui est un fait. Le journal précisait que « même » Monique Olivier, femme et complice de Michel Fourniret, n’avait écopé « que » de la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de vingt ans…

La seule peine de mort qui a été infligée, c'est à Lola qu'elle l'a été

Libé, qui s'est ému du « flot d’attaques contre la justice »« à droite et à l'extrême droite »après l’incarcération de Nicolas Sarkozy, allant même jusqu'à écrire « Les Républicains versent dans le complotisme », donne maintenant une tribune à des avocats qui contestent la peine infligée à une dangereuse criminelle ayant commis des actes particulièrement atroces. La remise en cause du sacro-saint « État de droit » doit être à géométrie variable. Ajoutons à ces considérations que, contrairement à ce qu’écrivent les cinq avocats, Dahbia Benkired n’a pas seulement été condamnée à la perpétuité pour « le meurtre de Lola ». Elle a également été reconnue coupable de viol, d’actes de torture et d’actes de barbarie. Excusez du peu. Quant à la « peine de mort qui ne dit pas son nom » à laquelle cette femme aurait été condamnée, il s’agit d’une vue de l’esprit que chacun est libre de ne pas partager. En effet, Dahbia Benkired aura bien la possibilité de demander la réévaluation de sa peine, et une éventuelle sortie de prison au bout de trente ans d'exécution de cette peine. En vérité, la seule peine de mort qui a été infligée, c'est à Lola qu'elle l'a été.

Au fond, la défense du laxisme judiciaire

Pour nos cinq signataires, Robert Badinter n’est pas allé assez loin dans sa doctrine laxiste. L’abolition de la peine de mort était une « victoire historique du progrès humaniste » qui n’aurait jamais dû s’accompagner de la création d’une réclusion criminelle à perpétuité incompressible, dite perpétuité réelle. « Elle transforme la prison en tombeau et le détenu en mort-vivant du droit, s’indignent-ils. On ne coupe plus la tête en public, mais on détruit pas à pas un homme, et désormais une femme, dans le silence assourdissant de sa cellule. »

À écouter ces cinq avocats, la perpétuité réelle serait le signe d’une « inflation répressive », la dérive d’un État aux « réflexes punitifs archaïques »« La perpétuité réelle illustre parfaitement le basculement de la justice pénale dans une logique sécuritaire et populiste », écrivent nos cinq juristes. Un « basculement » tellement grave que, comme ils le reconnaissent eux-mêmes, depuis 2022, cette peine n’a été prononcée qu’à six reprises : cinq fois en matière terroriste, une fois pour meurtre. On a connu répression carcérale plus radicale…

« Une lueur, une issue possible » ?

De sa première à sa dernière ligne, cette tribune ne semble se préoccuper que du devenir des pires criminels. À aucun moment elle n’évoque la réparation du tort causé par les coupables. Le mot « victime » n’y apparaît pas une seule fois. Elle ne concède pas, non plus, le moindre mérite à la perpétuité. La mise à l’écart des barbares et la protection de la société ne sont pas ses sujets. Ces avocats comptent, par ailleurs, sur les instances européennes pour contourner la souveraineté populaire (ce jugement n'a-t-il pas été rendu au nom du peuple français ?) et contraindre la législation française. « Depuis 2013, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a tenté d’imposer une limite : pour être conforme à la convention, une peine de réclusion à perpétuité doit ainsi laisser subsister l’espoir d’une libération. Une lueur, une issue possible », espèrent les signataires, qui disent voir en l’Europe un « dernier rempart ».

Jean Kast

Écrire un commentaire

Optionnel