
Alors que les discussions sur le budget se poursuivent au Parlement, Christophe Machard, chef d’entreprise, s’oppose à la taxe sur les successions, dans une tribune publiée dans Le Figaro :
L’Assemblée nationale offre un spectacle infernal, un concours morbide de la nouvelle taxe. On a beau chercher, il n’existe plus une seule parcelle de création de richesse qui ne soit pas déjà visée par l’appétit sans fond de l’État. Dans ce pays, on taxe les gens qui travaillent, qui prennent des risques, qui se lèvent tôt et bâtissent, pour favoriser deux castes de parasites, les assistés chroniques, entretenus à vie par le système, et la noblesse républicaine, ces « kleptocrates » modernes qui vivent grassement du fruit du labeur des autres. Pendant qu’un salarié au SMIC peine à survivre, il découvre qu’il vit à peine mieux que celui qui ne travaille pas. Les aides sociales finissent par niveler par le bas toute motivation, créant une société où l’effort est puni et la paresse subventionnée.
Et l’État ne s’arrête jamais : sa dernière trouvaille ? Taxer davantage l’héritage. En France, chaque enfant bénéficie d’un abattement de 100 000 €. Au-delà, c’est une descente aux enfers : 5 % jusqu’à 8 000 €, 10 % jusqu’à 12 000 €, 20 % jusqu’à 550 000 €, 30 % jusqu’à 900 000 €, 40 % au-delà, et même 45 % pour les transmissions supérieures à 1,8 million d’euros. Autrement dit, presque la moitié du fruit d’une vie de travail peut être confisquée par l’État à la mort. Un travailleur, avant même de léguer quoi que ce soit, aura déjà été ponctionné trois fois : sur son salaire, sur sa consommation, puis sur sa transmission. C’est un véritable hold-up légal. Et cela, dans un pays où le revenu est déjà taxé jusqu’à 45 %, sans compter les cotisations sociales (près de 25 % du salaire brut) et la TVA à 20 % sur chaque achat.
Nous, nous sommes partis de rien. Mon épouse et moi n’avions aucun capital, rien d’autre que le courage et l’envie d’entreprendre. Nous avons connu les galères, les fins de mois impossibles, les nuits à compter les euros. Nous avons créé une entreprise, ma femme enseigne à côté, et nous travaillons sans relâche. Ce que nous gagnons, nous voulons simplement le transmettre à nos quatre enfants, ceux-là mêmes qui paieront demain la retraite de ceux qui n’ont rien voulu construire. Mais l’État, après nous avoir saigné toute notre vie, vient tendre la main au moment même où nous voulons transmettre. L’impôt sur les successions est un vol : un vol moral, un vol économique, un vol contre la famille. Ce n’est pas de la redistribution, c’est de la spoliation organisée.
En 2025, la France reste le pays développé où la taxation des successions est parmi les plus fortes. L’OCDE le rappelle : seuls 24 % des États membres imposent encore significativement l’héritage, et la France est dans le peloton de tête, loin devant l’Allemagne, l’Italie ou les États-Unis. Là où la moyenne des recettes issues de ces droits représente 0,5 % du PIB dans l’OCDE, la France dépasse 1,3 %. Autrement dit, notre pays taxe deux à trois fois plus la mort que la plupart de ses voisins. Pendant ce temps, la « noblesse républicaine » – hauts fonctionnaires, élus à vie, dirigeants d’agences publiques – s’auto-attribue privilèges, retraites dorées et salaires supérieurs à 95 % des chefs d’entreprise. Ceux qui produisent, innovent, embauchent : eux, on les taxe, on les méprise, on les épuise. Nous sommes arrivés au point où le pays tout entier fonctionne à l’envers. Les cigales triomphent : elles chantent, profitent, réclament, pendant que les fourmis croulent sous les charges, les taxes, les formulaires et la culpabilisation permanente. Ce pays, paradis des parasites, devient un enfer pour les travailleurs et les entrepreneurs. Un jour, il faudra bien que cela cesse. Un jour, il faudra rappeler que la richesse vient du travail, pas de la prédation. Et que le droit de transmettre à ses enfants ce qu’on a bâti est le dernier refuge de la dignité.