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Quand la désinformation vient de médias labellisés et censés dire le vrai

Capture d'écran X
Capture d'écran X
Nouveau raté pour le JT de Léa Salamé. Mardi 2 décembre, France 2 a dû présenter ses excuses après avoir diffusé, la veille, un faux témoignage, ayant induit en erreur ses téléspectateurs. « Nous tenions à vous signaler qu’hier, lors de notre reportage sur les bons plans et les promotions dans les supermarchés, l’une des personnes interviewées a trompé une de nos journalistes en falsifiant son identité », a fait savoir la chaîne publique sur X. Il s’agissait en effet d’un « prank » de Mehdi Jibril, jeune humoriste qui s’est empressé de rire de sa performance sur ses réseaux sociaux, lui-même étonné d’avoir réussi à berner toute une rédaction malgré un jeu d’acteur quelque peu hésitant.

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« Guignols »« degré zéro de la nullité »« fumisterie »…  Les attaques en amateurisme et en incompétence ont rapidement fleuri sur les réseaux sociaux, après la diffusion de ce « fake » grossier. La colère des téléspectateurs - et actionnaires - de France 2 est d’autant plus vive, que le journal de Léa Salamé n’en est pas à sa première boulette. Parmi ses bévues les plus récentes, on peut citer cette séquence du 13 octobre dernier au cours de laquelle il avait été dit par erreur que le professeur de lettres Dominique Bernard avait été tué en 2023 après avoir « montré des caricatures de Charlie Hebdo ». Il s’agissait d’une confusion avec la mort du professeur Samuel Paty« La rédaction de France Télévisions présente ses excuses à la famille de Dominique Bernard et à ses téléspectateurs », avait ensuite plaidé la chaîne. On se souvient également de la très gênante interview de Marion Cotillard dont le film avait été annoncé avec un an d’avance par Léa Salamé.

La journaliste est également présentatrice de Quelle époque !, talk show régulièrement mis en cause pour son militantisme et ses approximations. Ainsi, en mai dernier, elle avait reçu sur son plateau le « médecin humanitaire » Raphaël Pitti en omettant de préciser qu’il était aussi un ancien candidat du mouvement politique de Raphaël Glucksmann, son propre compagnon…

La désinformation labellisée

Ces erreurs, dérapages et omissions passent d’autant moins que France Télévisions bénéficie de la certification « Journalism Trust Initiative », une nouvelle norme lancée par l'ONG Reporters sans frontières en 2021 avec le soutien notamment de l'Agence France-Presse (AFP). Une homologation qu’Emmanuel Macron a citée en exemple à suivre, le 19 novembre, pour son projet de « labellisation » des médias… Il faut croire que même les journalistes jugés « fiables » peuvent propager de fausses informations.

De même, on peut douter de la valeur de cette certification au vu des récents et nombreux dérapages de Franceinfo. On se souvient encore du bandeau mentionnant les fameux « otages palestiniens », ou encore de cet étonnant graphique présentant les intentions de vote pour l’élection présidentielle de 2027 sur lequel certains candidats de la gauche et du centre avaient été mis exagérément en valeur.

Comment s’obtient le label « JTI » ? Après une auto-évaluation en fonction de critères élaborés par une communauté de « professionnels » et la publication d'un rapport de transparence, un audit externe est mené par un organisme indépendant, permettant de décrocher la certification tant espérée. Parmi les quelque 2.000 médias qui se sont engagés dans cette initiative censée mesurer « la qualité du processus de production de l'information », on retrouve Radio France et notamment l’antenne France Inter qui, en 2015, qualifiait de « fantasme » la théorie selon laquelle des djihadistes puissent rejoindre l’Europe en s’infiltrant parmi les flux de migrants…

On y trouve également le grand groupe de presse régionale Ebra (Le ProgrèsLe DauphinéL'Est Républicain...). Cette dernière entité est-elle aussi neutre et objective que son prestigieux label le laisse penser ? Peut-être pas. Souvenez-vous : en janvier 2025, le patron d’Ebra avait été poussé à la démission par ses syndicats et actionnaires pour avoir simplement « liké » sur le réseau social Linkedin des posts de Sarah Knafo« Nous condamnons fermement la proximité affichée de Philippe Carli avec des figures d’extrême droite et demandons à notre actionnaire, le Crédit mutuel, banque mutualiste, dont les valeurs sont la liberté, la solidarité, la démocratie et l’indépendance, d’en tirer toutes les conséquences », avaient alors estimé les élus CGT du groupe de presse. Bonjour la tolérance et le pluralisme !

Fake news malencontreuses, désinformation manifeste, parti pris idéologique… Les médias étiquetés « fiables » et adoubés par RSF sont très loin d’être irréprochables. Pendant que CNews est voué aux gémonies et sanctionné par l’Arcom pour des délits d’opinion, ses concurrents poursuivent tranquillement leur propagande et se voient même attribuer un brevet de crédibilité, en dépit de leurs erreurs factuelles répétées. De quoi en déduire qu’un tel label vise moins à reconnaîre la rigueur journalistique et la pertinence intellectuelle qu’à récompenser le respect du prêt-à-penser.

Jean Kast

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