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[SATIRE À VUE] Un voyageur métissé échappe de peu à une incivilité commise par deux Blancs

incivilités
capture d'écran X @DRieu
La propagande mettant en scène une inversion accusatoire a encore frappé. Sur une affiche destinée à prévenir les incivilités dans les gares, un voyageur métissé manque se faire renverser par deux Blancs se déplaçant à bord d'engins roulants. 

Sur terre, sur mer, le citoyen français agresse. Il fraude dans les transports, il sillonne les quartiers sur la roue arrière de son scooter. Les campagnes de prévention contre ces incivilités nous ont montré son profil. Il est blanc, parfois vêtu d'un sage col roulé. À Clermont-Ferrand, une certaine Lucie mettait à mal le chiffre d'affaires des tramways en ne payant jamais son billet. Les affiches ont eu beau dénoncer les méfaits de ces dévoyés qui se dissimulent derrière une apparence paisible, ils continuent !

Dernier théâtre de leurs agissements : les quais de gares. L'illustrateur a saisi l'action sur le vif. Présent sur les lieux, l'artiste a eu le temps d'esquisser le portrait des deux dangers publics qui faillirent renverser un voyageur métissé. L'un arrive à toute allure sur une planche de skateboard, l'autre fonce à tombeau ouvert en trottinette vers on ne sait quel sombre projet.

Évitée de justesse, la quasi-victime sursaute et manque de tomber sur les voies où un TER l'aurait coupée en deux. Par chance, un écrivain est là. Il se saisit de sa plume et écrit sur ce qui aura valeur de constat amiable auprès des assurances : « C'est mieux de se déplacer à pied dans les gares. » Décidément très inspiré par le drame, il ajoute, au bas de l'image : « Agissons pour la sécurité de tous. » Les deux incivils sont conduits dans un bureau où le peintre va croquer leur interrogatoire musclé par un agent de la SNCF. Ce second tableau viendra compléter la nouvelle campagne lancée dans les gares.

Le coût de l'opération, frais de pinceaux et d'inversion des couleurs compris, grève le budget de la compagnie ferroviaire. Des syndicalistes insoumis proposent d'interdire les gares aux nuisibles représentés sur les affiches. L'économie réalisée permettrait de relancer l'activité. À Clermont-Ferrand, depuis que les Lucie sont refusées à l'entrée des tramways, les tiroirs-caisses des rames débordent de l'argent des voyageurs venus des jolies cités. Revers de cette mesure salvatrice : les photographes auvergnats spécialisés dans les incivilités se retrouvent sur le carreau. Eux-mêmes chassés des transports pour leur teint trop pâle, ils n'ont plus pour nourriture que leurs doigts à se mordre. Se faire complice d'une propagande éhontée n'est pas un métier d'avenir.

Jany Leroy

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