Les tendances qui se sont dégagées au premier tour des municipales, celles d’un fort rejet du PS, profitant mécaniquement à l’UMP, et d’une montée en puissance d’un Front National remettant en cause l’hégémonie des deux principaux partis européistes se partageant les rôles (« bipolarisation »), ont été amplifiées au second. C’est une gifle magistrale que les Français en colère ont adressé à François Hollande et au gouvernement Ayrault, le Parti socialiste perdant plus de 155 villes de plus de 9000 habitants. Maigre consolation pour les éléphants de la rue de Solferino, des villes symboles comme Lille, Strasbourg ou Paris restent dans le giron de la gauche. Dans la capitale, comme nous le pronostiquions dés le mois de septembre, la bobo Nathalie Kosciusko-Morizet, incapable de rassembler à droite, est même lourdement battue par sa sœur jumelle Anne Hidalgo qui l’emporte avec 54,3% des voix. L’UMP sort incontestablement ragaillardie de ces élections, le mouvement de balancier gauche-droite lui ayant été profitable, mais c’est une victoire plus fragile qu’il n’y paraît. Au-delà de la guerre des chefs qui va reprendre de plus belle, son programme largement interchangeable avec celui du PS sur les questions européennes, leur commune soumission à la Commission européenne, achèvera de rendre perceptible à beaucoup la véritable alternative portée par le FN. Marine Le Pen a redit ce matin au micro de RMC sa conviction selon laquelle « il faut en finir avec le faux choix entre l’UMP et le PS, « faire exploser l’Union européenne pour retrouver notre liberté », en finir avec « l’immense souffrance » générée par notre soumission économique et sociale à Bruxelles.
« Nous allons trancher la tête du canard qui veut que le FN ne sait pas gérer des villes » a encore souligné la présidente du FN sur cette même antenne. Rappelons-le, l’opposition nationale espérait réaliser de bons résultats à ces élections afin d’engendrer une belle dynamique de campagne pour les européennes. Cet objectif est pleinement atteint, avec 1546 conseillers municipaux (nous en espérions 1000), 459 élus dans les intercommunalités, et gagne 11 mairies de plus de 9000 habitants…Il faut toute la mauvaise foi du calamiteux Alain Juppé pour affirmer ce matin au micro d’Europe 1 qu’ « il n’y a pas eu de vague Bleu Marine » !
Certes, certains des 315 candidats FN-RBM en lice pour le second tour échouent parfois de très peu. A Perpignan (Pyrénées-Orientales) notamment, la liste conduite vice-président du FN, Louis Aliot (44,89%) a perdu, après le retrait de la liste du PS, face à l’UMP Jean-Marc Pujol (55,11%). Les agents de la coalisation clientéliste UMP-PS ont su quadriller la ville pour mobiliser les abstentionnistes, notamment ceux issus de la diversité, contre l’opposition nationale. L’abstention est ainsi en baisse sensible pour s’établir à 37,25%, contre 43,01% au premier tour.
Cette même alliance objective entre partis du Système, les mêmes moyens, les mêmes procédés ont permis à Forbach (Moselle) la victoire de Laurent Kalinowski (47,73%) sur la liste FN-RBM de Florian Philippot (35,17%) . Les quartiers pluriels ont été aussi mobilisés en Avignon par les amis de la candidate socialiste Cécile Helle, qui est arrivée en tête (47,2%) devant le candidat FN Philippe Lottiaux (34,7%).
Seule contre tous, la frontiste Valérie Laupies (47,26%) s’est également inclinée à Tarascon (Bouches-du-Rhône), qui a vu le candidat DVD Lucien Limousin (52,74 %) l’emporter. Le FN rate de quelques voix la prise de la mairie de Carpentras (Vaucluse), Hervé de Lépinau (42,15%), talonnant le maire PS sortant Francis Adolphe (44,46% des voix). A Saint-Gilles (Gard), le «front républicain» et la mobilisation des « minorités » a joué aussi à plein contre Gilbert Collard. La liste UDI-UMP d’Eddy Valadier (51,5% des suffrages) l’emporte sur celle du député du RBM ( 48,50%).
Pareillement, la liste conduite par Dominique Martin à Cluses (Haute-Savoie) progresse significativement entre les deux tours pour obtenir 37,23% des suffrages mais échoue devant le conglomérat UDI et MoDem soutenant Jean-Louis Mivel (41,19%).
Nous ne pouvons aussi que regretter que la liste DVD de Philippe Gaudin qui avait fusionné avec celle du frontiste Dominique Jolly à Villeneuve Saint-Georges (Val-de-Marne), rate d’une trentaine de voix son élection à la mairie et en déboulonne la communiste Sylvie Altman.
Mais il s’agit aussi de se réjouir, après le succès de Steeve Briois dés le premier tour à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) de très belles victoires. A Béziers (Hérault), la liste conduite par l’ex président de Reporters sans frontières, Robert Ménard, et qui bénéficiait du soutien du FN, l’emporte avec prés de 47% des voix loin devant l’UMP Elie Aboud (34,62 %), et le socialiste Jean-Michel Du Plaa (18,38 %). M. Ménard a même profité de la baisse de l’abstention dans cette commune (31,49% hier contre 36,74% le 23 mars) pour renforcer son score.
Avec une abstention également en baisse (31,53 % au premier tour, 29% hier), le frontiste David Rachline remporte Fréjus (Var) avec 45,55% des suffrages devant l’UMP, Philippe Mougin ( 30,43%) et le maire sortant Elie Brun ( 24,1% des votes). Le nouveau maire FN a aussitôt lancé un appel au rassemblement de toutes les énergies pour redresser la ville alors que des « jeunes des quartiers » (souvent venus d’autres commune avoisinantes) ont scandé des slogans de haine à l’annonce des résultats. La réaction de l’ex maire UDF de Fréjus, François Léotard en dit long également sur le décalage entre les antifrontistes rabiques et la population.
« L’élection d’un parti xénophobe et anti-européen à Fréjus ne peut provoquer pour le maire que j’ai été pendant vingt ans jusqu’en 1997 qu’une grande tristesse a-t-il déclaré. Je m’associerai à toute initiative pouvant permettre un contrôle d’opposition aux décisions du conseil municipal de Fréjus ». M Léotard, visiblement ébranlé, semble avoir oublié que ce rôle de contrôle incombe tout simplement au conseiller municipal d’opposition… ce qu’il n’est même plus.
Au Luc (Var), le frontiste Philippe de La Grange a surpris les médias locaux en emportant la ville, avec 42,02 % des suffrages, devant le DVD Dominique Lain (40,92 %), le DVG Ali Torchi (16,17 %) et le maire sortant André Raufast (0,86 %).
A Cogolin (Var) , à quelques encablures de Saint-Tropez, le frontiste Marc-Etienne Lansade l’emporte franchement avec 53,1% des suffrages devant le maire sortant, le DVD Jacques Sénéquier (46,9%) en faveur duquel les candidats du PS et de l’UMP s’étaient retirés… Ainsi dans le Var, le FN aura désormais au moins 174 élus dans les trente-quatre communes de ce département où il fait son entrée dans les conseils municipaux.
La plus grande ville conquise par le FN est… un secteur. En l’occurrence le 7e de Marseille, le plus peuplé de la capitale phocéenne avec 150 000 habitants qui a vu la liste FN-RBM conduite par Stéphane Ravier arrivée en tête avec 35,8 % des suffrages, devant l’UMP-UDI Richard Miron (32,5 %) et la liste PS-EELV-FG de Garo Hovsepian (31,7 %). La réaction abasourdie et vipérine de Jean-Claude Gaudin en dit long sur l’importance de cette victoire pour le FN…
A Beaucaire (Gard) dans une ambiance pour le moins électrique suscitée par les jeunes issus de la diversité appelés à la rescousse par certains de ses adversaires, Julien Sanchez l’emporte également de belle manière avec 39,81 % des suffrages. Il devance nettement le maire sortant sans étiquette Jacques Bourbousson (29 % des voix), le DVD Christophe André (24,31 %) et le DVG Claude Dubois ( 6,85 %).
Le candidat FN Joris Hébrard, au Pontet (Vaucluse) a lui aussi viré en tête au soir du second tour dans une triangulaire, avec 42,62 % des voix, devant l’ UMP Claude Toutain (42,52 %) et la liste divers droite de Frédéric Quet (14,84 %). Le faible écart de voix entre M. Hébrard et M. Toutain laisse présager un recours de l’UMP…
A plusieurs centaines de kilomètres du Vaucluse, c’est dans l’Aisne que le FN emporte aussi une mairie, à Villers-Cotterêts, célèbre pour l’Ordonnance éponyme qui en août 1539 imposa la rédaction des actes officiels et notariés en français en lieu et place du latin. Le candidat FN Franck Briffaut a creusé l’écart avec 41,53 % des suffrages, loin devant la liste du maire sortant, le socialiste Jean-Claude Pruski (34,66 %), et la liste DVD de l’UDI Jean-Claude Gervais (23,80 %).
A Hayange (Moselle), ville de l’acier, commune sinistrée et ravagée par les politiques de désindustrialisation menée main dans la main par le PS et l’UMP sous influence bruxelloise, le candidat frontiste, l’ex cégétiste Fabien Engelmann, l’a emporté hier soir. Il totalise 34,70% des suffrages devant la liste DVD de Thierry Rohr (28,32%) et le maire sortant, le PS Philippe David (27,23%).
Autre symbole de taille, autre coup de tonnerre à Mantes-la-Ville (Yvelines), commune dans laquelle Jean-Marie Le Pen en 1997, lors d’un déplacement de soutien à la candidature de sa fille Marie-Caroline pendant la campagne des législatives, tomba dans un véritable traquenard tendu par la gauche, l’extrême gauche, les soutiens de l’époque de la socialiste d’Annette Peulvast-Bergeal. Justice immanente, le candidat frontiste Cyril Nauth l’emporte avec 30,26 % des suffrages, devant la maire PS sortante, Monique Brochot (29,35 %), la liste DVG d’Annette Peulvast-Bergeal (28,29 %) et celle du DVD Eric Visintainer (12,09 %).
Relevons aussi que Philippe de Beauregard (Ligue du Sud), soutenu par le FN, a emporté la ville de Camaret-sur-Aigues (Vaucluse), et que Marie-Claude Bompard, la femme du maire d’Orange qui lui a été élu dés le premier tour avec près de 60% des voix, a gagné hier la mairie de Bollène avec 55,35 % des voix, devançant le candidat de la gauche Jean-Pierre Lambertin.
Un mot encore pour noter que s’il existe comme nous l’avons vu d’assez fortes disparités entre les communes, le niveau de l’abstention a battu un nouveau record sous la Ve République, avec un taux hier de 36,3% (36,45% au premier tour). Au deuxième tour de 2008, l’abstention était de 34,80%.
Cette grève du vote est un signe du désarroi de nos compatriotes devant les promesses non tenues de la classe politicienne, Français désabusés qui renoncent ainsi à faire entendre leur voix…laissant ainsi les autres décider à leur place. C’est bien évidemment une erreur profonde répète Bruno Gollnisch, qui rappelle que tous les Français pourront voter le 25 mai aux européennes pour confirmer leur refus d’être pris en otage, de subir la désastreuse politique jumelle des euromondialistes de l’UMP et du PS.
Le député FN considère de la même façon qu’un simple remaniement ministériel ne répondra pas aux attentes de nos compatriotes, à la crise de confiance aiguë qui frappe cet exécutif. Le sondage Tilder/LCI/OpinionWay publié en fin de semaine en apporte s’il était nécessaire la confirmation : 87% des Français sont favorables à un changement de politique économique et non de personnel politique. C’est en effet tout l’enjeu du combat que nous menons et mènerons dans les mois et les années à venir !
http://gollnisch.com/2014/03/31/victoires-municipales-les-elections-europeennes-lancees-belle-maniere/