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  • Fred, ancien boulanger : "Comment je suis devenu zadiste à Sivens"

    Ancien militaire puis boulanger à Toulouse, Fred, 35 ans, est devenu zadiste à Notre-Dame-des-Landes puis à Sivens, où le combat contre le barrage lui paraît «le plus louable qui soit». 

    C'est lui qui le dit : «Je ressemble à un flic.» Coupe militaire et blouson noir, Fred ne colle en rien à l'image chevelue qu'on se fait des zadistes. Comme quoi, il faut se méfier des clichés. Et pourtant cela fait huit mois que ce Brestois de 36 ans a intégré la «zone à défendre» (Zad) du Testet à Lisle-sur-Tarn. Le combat contre le barrage de Sivens ? «C'est le plus louable qui soit», considère le zadiste. Il ne l'a pas toujours été. Dans une autre vie, Fred fut boulanger, puis militaire (dont il a gardé la coiffure sans un cheveu qui dépasse), puis à nouveau boulanger à Toulouse. Sa prise de conscience qu'un autre monde est possible, avec le passage à un mode de vie plus pauvre, est venue «en tenant une soupe populaire à Toulouse. Le soir, je retrouvais mon appartement avec ma télé à 2000€. Je me suis dit que je n'étais pas en accord avec les gens qui sont dehors. J'ai voulu être plus utile, tout en étant plus libre. J'ai commencé par faire une marche de 800 km, en 2012. J'ai passé six mois à Madrid avec les indignados. J'ai compris qu'en étant unis, on est plus forts. Puis j'ai tenu pendant six mois une soupe populaire avec un pote à Paris.» 

    «Sans cesse expulsé» 

    Franchissant un nouveau cap, le jeune Breton a rejoint les occupants qui luttent contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes à Nantes, où il est resté six mois avant d'embrayer sur Sivens. Fred a découvert la vie à la fois «très difficile» et exaltante des Zad. «Tu es réveillé à 5 heures du matin par les flics. Sans cesse expulsé, on te détruit tout ce que tu as construit et il faut recommencer. Sans compter les poursuites judiciaires. À Nantes, j'ai été jugé pour violence avec arme et rébellion. Je n'avais que l'appareil de photo, qui ne me quitte jamais. Devant le juge, j'ai demandé : où est l'arme ? J'ai quand même pris deux mois de prison avec sursis. Parmi les zadistes, tu en as 90 % qui sont là pour construire et 10 % pour en découdre. En général, ce sont les moins violents qui se font prendre. Ceux qui font le coup de main se retirent plus vite, car ils ont anticipé. Zadiste, c'est très fatigant au quotidien. Certains ne tiennent pas et sont obligés de partir se reposer avant de revenir. En regard de ça, tu as une fraternité extraordinaire. Tous ceux qui viennent pour la première fois aiment aussitôt et veulent rester. C'est une société sans chef et qui fonctionne quand même. Il y a des petits conflits, comme partout, mais ça se gère. Autogestion et respect, ce sont les maîtres mots. Les zadistes se regroupent par affinités, il y a plein de courants : hippies, carnivores, végans, ceux qui ne veulent rien utiliser qui provienne d'un animal, etc. Moi, je ne suis ni végétarien, ni écolo. Je me considère seulement comme citoyen. Pour moi, la citoyenneté, ce n'est pas seulement voter tous les cinq ans… C'est tous les jours. Fier de ce que je fais, je pense au monde que nous allons laisser à nos enfants. Dans trente ou quarante ans, le pétrole se raréfiera. Il y aura de plus en plus de conflits, pour la nourriture, pour les ressources. Nous travaillons à une transition douce», d'abord en préservant les terres. 

    «Présence légitime» 

    Si l'occupation est illégale, Fred réplique qu'à ses yeux, «tout ce qui se fait ici à Sivens est illégal, la moitié du déboisement sans compter le conflit d'intérêts avec la triple casquette d'André Cabot (conseil général du Tarn, CAGG et agence de l'eau Adour-Garonne). C'est ce qui rend notre présence légitime. Dès que ces points seront réglés, on s'en ira. Nous ne sommes pas là pour chercher un toit.» 

    «Toujours plus de Zad» 

    Pour lui, le phénomène zadiste n'en est qu'à ses débuts : «Les politiques ont peur de nous, et ils ont raison, car on les remet en cause dans leur pratique du pouvoir. Il y aura de plus en plus de Zad. C'est une contagion. Des Grecs, des Espagnols, des Portugais, viennent nous voir pour faire des Zad chez eux. Pour arrêter le mouvement, il faudrait que les politiques cessent de penser à court terme, et pour eux-mêmes. Si c'était le cas, les Zad disparaîtraient, d'un claquement de doigts…»

    Source

    http://www.oragesdacier.info/

  • Congrès européen du GUD à Nanterre.

    « Il y a 34 ans, c’était le 15 décembre 1980, le GUD avait organisé un tractage sur le campus universitaire de Nanterre. Ce tractage se termina par une véritable bataille rangée. Il y eu de nombreux blessés et plusieurs camarades furent arrêtés. Certains passèrent Noël en taule. Une rame de RER fut détruite et cela sembla plus offusquer les bienpensants du moment que la violence aveugle des gauchistes contre les nationalistes. Ce fut un désastre….

    GUD

    Aujourd’hui, 34 ans après cette véritable défaite militaire, le GUD tient son congrès à Nanterre. Nous sommes plusieurs centaines à ce congrès, le GUD est toujours bien vivant. Les gauchistes, eux, sont devenus des petits domestiques serviles du CAC 40. Pour nous, tenir aujourd’hui ce congrès à Nanterre, c’est une vraie victoire politique. Nos camarades blessés et emprisonnés en décembre 1980 sont vengés ! »

    Roland Hélie

    Plus d’info sur Synthèse nationale

    http://www.altermedia.info/france-belgique/uncategorized/congres-europeen-du-gud-a-nanterre_121924.html#more-121924

  • Régions : avec les Corses ils n'ont pas osé

    Les impasses dans lesquelles le régime actuel s'enfonce se confirment. Comme à plaisir. Déjà en 1898 un jeune félibre, réfléchissant sur l'Idée de Décentralisation concluait à son impossibilité dans le cadre idéologique jacobin de la Troisième république. Qu'eût-il pensé de la Cinquième expérience du nom ? N'oublions pas que son fondateur fut mis en minorité en 1969 sur son projet hardi remettant en cause une centralisation multiséculaire.

    La lecture du compte rendu des trois séances du 18 et 19 novembre à l'assemblée nationale nous livrer un exemple supplémentaire de cette absurdie. Pas facile cependant d'en résumer en quelques lignes les multiples aspects, plus choquants les uns que les autres.

    Car sous le prétexte de montrer aux marchés financiers des apparences de "réformes" le pouvoir impose ainsi une réforme de quelque chose qu'en France, réduites au nombre de 13 comme s'il s'agissait d'un douteux porte-bonheur, on persistera, quelque temps encore, à baptiser "régions".

    Notons aujourd'hui que cette appellation administrative est apparue en 1941. Les hommes de pouvoir avaient alors procédé dans un esprit pas tellement différent, quant aux textes, de celui qui continue de prévaloir. À l'époque par exemple la Provence comprenait la Corse et la Champagne avait été agglomérée à la Lorraine, Lyon administrant "Rhône et Loire". Or, à l'époque, on enrobait cela d'un discours "régionaliste".

    Suggérons donc à nos technocrates de recourir à un autre substantif, et de parler de "zones". Les numéroter comme certains le font déjà pour les départements introduirait un peu plus de cafouillage. Les 13 "zones" gagneraient dès lors à n'être désignées que par des lettres ou des sigles. Il existe déjà une "Paca", à l'assonance si exquisément républicaine, pour désigner ce qui à la Sainte-Estelle était autrefois fêté, sous le nom, tout de même plus poétique, de Provence. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Centre Val-de-Loire, cela sonne peut-être encore trop identitaire.

    Ceci nous donne une belle leçon quant à la nature de la concertation démocratique à la française. Une démonstration par A plus B en quelque sorte.

    A comme Alsace. C'est ce pays qui a reçu le coup le plus injuste et, disons-le, à la fois le plus imbécile et le plus arbitraire.

    Dans l'hémicycle, plusieurs députés alsaciens ont brandi une banderole "Ne tuez pas l'Alsace..." Les huissiers de l'État les ont chassés. Remarque d'une observatrice avertie : "pour que des Alsaciens, gens disciplinés, en arrivent là c'est que c'est grave". Ils se sont donc regroupés au dehors devant le Palais-Bourbon, non loin de la statue de Sully, bien en vue des photographes. Parmi eux, le député de Colmar Éric Straumann.

    Dans le même temps, Charles Buttner, président du conseil général du Haut-Rhin, s’associait à des opérations symboliques d’habillage de statues, recouvertes d'étoles "rot un wiss", aux couleurs rouges et blanches alsaciennes traditionnelles, éventuellement suspectes sous le régime prussien, carrément subversives sous le régime jacobin.

    On doit souligner ici que 96 % des élus alsaciens refusent cette "réforme". Elle insulte de toute évidence à leur identité. Très concrètement elle se propose de vite contrevenir aux diverses libertés et législations particulières maintenues en 1918 et auxquelles les populations restent très attachées, en matière de cultes, d'école, de sécurité sociale, d'apprentissage, de droit des associations, etc. Elle fait bon marché de la démocratie dans une région qui s'était prononcée à 57 % en 2013 pour la fusion des collectivités territoriales, volonté fort claire contrariée seulement par des raisons de procédure. Tout ceci d'ailleurs a été saisi le soir même par Nicolas Sarkozy dans un discours prononcé à Mulhouse où il a promis de "défaire" cette pseudo-réforme, qui ne générera aucune économie. Souhaitons donc que cette promesse soit reprise par toute l'opposition et qu'elle soit tenue lors de la prochaine alternance.

    B comme Bretagne. Cette région conserve fort heureusement son nom. Faut-il y voir le fruit des drapeaux brandis beaucoup plus tôt et beaucoup plus massivement lors des mobilisations faites des bonnets rouges contre l'écotaxe ? On est porté à le penser.

    Elle continue de protester cependant car la Loire-Atlantique en a été séparée d'abord en 1941, en 1972 ou en 1986, sans que jamais ni les élus ni les citoyens n'aient été consultés.
Un de ses députés, élu de Nantes a souligné que "cette séparation a sans doute été le souhait d’une alliance de l’État jacobin, qui voulait casser tout ce qui pouvait ressembler à une région forte, avec les élites locales de Nantes et Rennes."

    C comme Corse. Cette collectivité territoriale restera en l'état. La raison en est, tout simplement, que le pouvoir central a reculé.

    Éric Straumann l'a jeté crânement à la figure du ministre : "Avec les Corses, vous n’avez pas osé !" Cet estimable agrégé de l'université a-t-il fait l'apologie de la violence séparatiste ? Non : il a seulement dressé le constat des limites de l'arrogance jacobine. On sait en haut lieu que les Corses, ou du moins une partie d'entre eux, n'accepteraient pas le charcutage de leur "petite" région, ou leur adjonction autoritaire à telle ou telle zone géographique. On ne s'y risque pas. Un point c'est tout. Qui s'y frotte s'y pique.

    JG Malliarakis

    http://www.insolent.fr/2014/11/regions-avec-les-corses-ils-nont-pas-ose.html

  • Emmanuel Macron : inapte à l’action publique, il s’attaque au privé

    Emmanuel Macron veut partir en guerre contre les retraites chapeau des grands PDG. La belle affaire que voilà ! Mais quelle mouche a bien pu piquer notre jeune ministre de l’Économie ?

    Les retraites chapeau sont l’affaire du secteur privé. Les entreprises sont en droit de rémunérer leurs dirigeants comme bon leur semble. Que les sommes en jeu puissent paraître choquantes, c’est certain, mais cela ne regarde que les actionnaires de l’entreprise, et si, après tout, ceux-ci sont assez stupides pour appointer grassement et à vie un individu qui ne fait plus rien, c’est leur affaire.

    En 2005, l’ancien patron de Carrefour, Daniel Bernard, quitta l’entreprise avec une pension annuelle de 1.240.000 euros. Les actionnaires estimant la chose infondée portèrent l’affaire devant la justice et, en 2008, la cour d’appel de Paris annula purement et simplement sa retraite chapeau. Dans ses attendus, elle estimait que Daniel Bernard n’avait pas rendu à l’entreprise des « services particuliers » justifiant une « rente viagère ». Rien à rajouter.

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  • Lettre à mes frères oligarques, par Michel Geoffroy

    « Nous pouvons d’abord nous réjouir de la déstabilisation des pays musulmans, initiée grâce à la guerre contre l’Irak puis renforcée par les « révolutions arabes » et l’élimination programmée des « dictateurs ». Elle a aussi provoqué par contrecoup la progression de l’islamisme, qui sera un puissant facteur de chaos en Afrique, en Asie et dans les pays européens. »

    Chers frères et amis,

    Permettez-moi de vous appeler ainsi puisque nous nous connaissons tous et que nous partageons les mêmes intérêts et le même projet : celui d’un gouvernement mondial, sous la direction éclairée des Anglo-Saxons.

    Chers frères, donc, je vous écris pour faire le point de la situation mondiale et pour vous assurer que nos affaires avancent très bien.

    Nous sommes en train de réussir dans la propagation du chaos mondial, qui comme vous le savez constitue le préalable à l’affermissement de notre pouvoir. Puisque le chaos détruit la confiance dans les Etats-nations, il sert aussi à terroriser les peuples et à déstructurer les communautés. Et demain, il nous permettra de nous présenter en sauveurs de l’humanité !

    Nous pouvons d’abord nous réjouir de la déstabilisation des pays musulmans, initiée grâce à la guerre contre l’Irak puis renforcée par les « révolutions arabes » et l’élimination programmée des « dictateurs ». Elle a aussi provoqué par contrecoup la progression de l’islamisme, qui sera un puissant facteur de chaos en Afrique, en Asie et dans les pays européens. Nous espérons aussi que cela contribuera à développer les tensions entre l’Inde et le Pakistan et, bien sûr, aussi en Palestine.

    L’immigration est, vous le savez, notre grande réussite chaotique en Europe : à la fois parce qu’elle a permis de réduire les salaires et aussi parce qu’elle a contribué à déstabiliser ces Etats-nations qui croulent désormais sous les dépenses sociales et les difficultés d’intégration de ces populations, ce qui nous a permis, en retour, de mettre en accusation ces mêmes Etats au titre des déficits publics que nous avons indirectement provoqués, et d’exiger les réformes que nous réclamons ! Ainsi la privatisation et la désagrégation de ces Etats, au prétexte du rétablissement des comptes publics, avancent vite, ce qui nous laisse entrevoir en outre d’intéressants bénéfices.

    Et grâce au vote de différentes législations répressives et grâce aussi aux juges européens et au soutien des Eglises, nous interdisons toute remise en cause de l’immigration de peuplement en Europe. Avec les médias que nous contrôlons, nous sommes en effet parvenus à faire assimiler le refus de l’immigration à du racisme, voire à du nazisme !

    L’isolement stratégique de la Russie, suite à l’opération de déstabilisation de l’Ukraine que nous avons lancée, est aussi en très bonne voie. Je crois que nous pouvons dire que nous avons atteint notre objectif de découpler durablement la Russie de l’Europe occidentale. Plus la Russie se rapprochera de la Chine ou de l’Iran, plus cette coupure s’approfondira, en outre. Les Français, qui ont rallié l’OTAN grâce à Nicolas Sarkozy, n’osent même plus honorer les commandes russes de matériel militaire ! Nous avons bon espoir enfin que les sanctions économiques contre la Russie finissent par provoquer aussi le chaos économique là-bas, voire la guerre civile dans la Fédération.

    De même nous pouvons nous réjouir de l’orientation prise par l’Union européenne : elle nous a permis de bloquer toute velléité d’indépendance vis-à-vis des Etats-Unis. L’élargissement continu de l’Union la rend de toute façon ingouvernable, comme nous l’avions souhaité. Cet élargissement marginalise au profit de nos fidèles alliés les pays fondateurs de l’Europe et notamment la France qui était l’opposant le plus dangereux à notre projet. Vous savez aussi que la Banque centrale européenne veille à maintenir la zone euro en dépression, ce qui nous garantit durablement contre la concurrence européenne. Et d’une façon générale la progression du chômage et de la précarité, la désindustrialisation que nous initions et les rumeurs persistantes que nous entretenons autour de la solvabilité des Etats et des banques nous assurent aussi de la docilité des Européens.

    Le prochain Traité transatlantique permettra enfin de mettre en tutelle définitivement les Etats de l’Union européenne en soumettant leurs législations aux règles d’arbitrage qui préserveront nos intérêts et nos bénéfices.

    Nous notons aussi avec satisfaction la situation chaotique du continent africain, qui ne parvient pas à maîtriser la croissance de sa population et qui – plus de 60 ans après la fin des empires coloniaux – ne parvient toujours pas à un développement pacifique. Le chaos africain nous est en tout profitable : il reste en effet le principal moteur de l’immigration en Europe et de la culpabilisation des Européens. Il procure aussi à nos entreprises des matières premières et des débouchés précieux. Il ne permet pas, enfin, à nos concurrents de s’appuyer durablement sur ce continent instable.

    La Chine, qui s’obstine à vouloir préserver son identité et ses intérêts stratégiques, reste bien sûr notre principal souci. D’autant qu’elle est en passe de rattraper les Occidentaux au plan militaire et technologique. Aussi nous suivons avec un particulier intérêt tous les facteurs de déstabilisation interne : comme les conflits sociaux, les actions des défenseurs des droits de l’homme ou bien les menées séparatistes de certaines communautés. Nous soutenons tous ces mouvements et nous espérons aussi que les différends frontaliers en Asie, notamment avec le Japon, vont s’amplifier.

    Nous avons, bien sûr, encore quelques soucis avec les populations qui refusent l’orientation que nous voulons donner au monde. Il y a encore trop de peuples qui veulent préserver leur identité et leur souveraineté ! Vous savez que sur ce plan notre souci principal concerne l’Europe, qui reste en tout notre priorité.

    Mais si certains d’entre nous se sont inquiétés de la progression des sentiments nationaux en Europe comme le montrent toutes les études d’opinion, je crois cependant qu’il nous faut rester optimistes.

    D’abord, la population européenne autochtone vieillit très vite, et vous savez que ce ne sont pas les vieux qui font les révolutions ! La jeunesse européenne pourrait constituer une menace ; mais vous savez que la destruction de l’enseignement et la soumission des jeunes aux médias ont permis leur déculturation rapide – et leur reprogrammation dans le sens que nous souhaitons.

    Ensuite, l’ensemble de la classe politique européenne nous est acquise. Car nous la tenons du fait de ses innombrables compromissions, que nous avons su encourager habilement au moment de la libéralisation et de la dérégulation de l’économie.

    Enfin, nous avons beaucoup investi dans les neurosciences et les nouvelles technologies.

    Des dispositifs extrêmement sophistiqués de surveillance de toutes les communications, mis en place au prétexte de garantir la sûreté, nous permettent aujourd’hui de détecter tout mouvement d’opinion qui nous serait hostile – et donc de réagir en temps utile.

    Bientôt aussi, grâce à l’ingénierie psychique, nous serons capables de contrôler étroitement les représentations mentales de la population, ce qui renforcera l’effet sidérant de la télévision mondiale et nous permettra d’écarter définitivement toute velléité d’opposition.

    Bref, mes chers frères et amis, nous avons toutes les raisons de regarder l’avenir avec optimisme ! Les gouvernements que nous dirigeons « n’échouent » pas, comme disent les naïfs : au contraire, grâce à eux, nous avançons chaque jour un peu plus vers la réalisation de notre grand projet.

    Votre dévoué oligarque.

    P.S. N’oubliez pas de détruire ce courrier, comme à l’habitude, afin de préserver notre confidentialité.

    Michel Geoffroy

    http://fr.novopress.info/178777/lettre-mes-freres-oligarques-michel-geoffroy/

  • Scandaleuses gesticulations autour du budget

    Mieux vaut rouiller que dérouiller. À la faveur du vote du budget, on pourrait redécouvrir, ou comprendre enfin le sens profond d'une très vieille réplique. Quelque peu mystérieuse, elle était apparue en 1960 dans l'inoubliable "A bout de souffle" sous la direction de Jean-Luc Godard.

    Prononcé par Jean-Paul Belmondo, l'apophtegme aura mis un demi-siècle à s'appliquer à l'échiquier politique de notre pays.

    Car une gesticulation scandaleuse est ici à souligner. Elle émane d'une force que l'on croit "rouillée" alors qu'elle n'a jamais "dérouillé". Elle est donc venue, à nouveau, ce 18 novembre de l'appareil communiste. Les médias, y compris ceux du prétendu "service public", service public du bourrage de crânes serait-on tenté de le qualifier, y ont contribué. Ils l'ont évoquée à l'avance, comme un événement important. Une telle manifestation "des fonctionnaires", sans qu'on nous dise lesquels, devant l'assemblée nationale, était annoncée en boucle toute la matinée. Et on s'est bien gardé revenir, depuis, sur la minceur de son écho véritable.

    Or cela s'accomplissait au nom des personnels de ce qu'on appelle la fonction publique.

    Leurs délégués invoquent des sujets corporatifs de mécontentement. Certains thèmes les concernent, et eux seuls face à leurs diverses administrations. Ainsi on conçoit que la CGT des finances publiques se soit rassemblée devant la citadelle de Bercy. Ses porte-parole affirmaient au porte-voix, que la concertation ne sert à rien. Seule la grève leur semble efficace. On se doute qu'il en résulte la plus grande joie des hauts fonctionnaires de ce ministère.

    Mais le symbole antidémocratique par excellence aura constitué dans l'autre rassemblement. Il était programmé contre le vote du budget par les bureaucrates subventionnaires de Montreuil. Il s'opérait donc au nom de ceux qui bénéficient de l'impôt, prétendant faire pression sur les députés supposés eux-mêmes représenter les contribuables qui le subissent.

    Que leur mobilisation ait relevé de l'acte rituel ne peut échapper à personne. C'est donc au sein de cet espace mythique que l'on doit s'interroger, non sur la légitimité nulle, non même sur l'audience médiocre, mais sur l'obscénité du propos.

    En théorie, en effet, la constitution de 1958 fait de la France une démocratie parlementaire. Dans un tel régime, le vote du budget de l'État représente l'acte constitutionnel majeur puisqu'il évalue la consistance de la majorité sur laquelle s'appuie le gouvernement.

    Et, ce 18 novembre, intervenait en première lecture le vote de l'assemblée nationale sur l'ensemble de la loi de finances pour l'année 2015. L'aller-retour à venir avec le sénat, certes, ne doit pas être négligé. La chambre haute n'est plus acquise à l'équipe en place. Mais a priori son intervention ne peut porter que sur des questions plus ou moins secondaires.

    Comment ne pas mesurer la force émotionnelle des revendications fonctionnariales qui se substituent désormais à la cause prolétarienne d'autrefois. Dans un pays qui compte 5 millions de chômeurs, il s'agit d'une population qui se trouve à l'abri de ce risque. Dans un pays où l'équilibre des caisses retraites se trouve à la merci de la capacité d'emprunt d'un État exsangue surendetté et irréformable auprès des marchés financiers, les pensions des intéressés sont payées directement par le Trésor public. On pourrait continuer longtemps sur le scandaleux décalage.

    Rappelons que le statut de la fonction publique d'État en France a été institué par Maurice Thorez, son ministre en 1946. Les post-gaullistes d'aujourd'hui contribuent par leur ignorance à une approximation fâcheuse : on accole le nom de De Gaulle à cette période, alors que celui-ci avait démissionné en janvier, et qu'il ne porte donc aucune responsabilité dans les actes législatifs de cette année funeste. Une partie du statut de 1946 a été, faussement et partiellement, étendue, lors des années 1980, aux personnels des hôpitaux et aux salariés des collectivités locales. Depuis le passage d'Anicet Le Pors, successeur de Thorez dans les deux gouvernements Mauroy, cette population est ainsi assimilée à la fonction publique.

    Leur public était donc appelé à se rassembler de façon symbolique devant le Palais Bourbon. Par cette présence, nos bons vieux "stals" prétendaient dicter le vote, sinon celui, comme aux temps de la Convention et de la Terreur, de la représentation nationale dans sa globalité, du moins celui de la frange la plus sensible à la survivance d'union de la gauche, et au reliquat marxiste de ses réflexes pavloviens.

    Or, si l'on veut bien analyser le résultat du scrutin, malgré la "rouille", en dépit du recul, et parfois même du ridicule, la mission de ce qui pourrait ne paraître qu'une misérable agitation a été en partie remplie.

    "L'Humanité" du 18 novembre, présentait ce scrutin, n° 955, comme "le vote le plus contesté depuis 2012". Or, son résultat ne fait apparaître désormais de façon stable qu'une majorité assez courte. Elle est devenue tributaire du soutien des radicaux dits de gauche car, sur un nombre de votants de 569, si 266 députés ont voté pour, 247 députés ont voté contre et 56 députés se sont abstenus.

    Les abstentions représentent une force de bascule appelée à se détacher de la gauche proprement dite, et à constituer à partir de 37 supposés "frondeurs" et de 14 prétendus "écologistes", – ces deux impostures nous imposant l'usage de guillemets – l'enjeu des prochaines batailles politiques qui seront menées par l'extrême gauche. Celle-ci est actuellement assumée par les 12 députés communistes qui ont voté "contre" . Si "rouillés" soient-ils, mais n'ayant jamais "dérouillé", ils peuvent en être considérés comme l'avant-garde.

    Aujourd'hui ils agissent sans doute en fonction d'une urgence. Elle est essentielle pour eux car ils se préoccupent des élections syndicales chez les fonctionnaires du 4 décembre, par les deux centrales d'obédience communistes, c'est-à-dire dans la pratique par les deux principales forces syndicales de notre pays, par la CGT que l'on ne présente plus et par la FSU majoritaire depuis 20 ans dans l'éducation nationale. Le PCF, la CGT, la FSU et le lectorat de "L'Humanité" constituent, faut-il le répéter une fois encore, une seule et même force politique.

    Comme pour les manifestations de rue, une erreur de parallaxe consiste à ne mesurer l'audience de celle-ci que dans le temps. Si on la compare avec les masses que le PCF et la CGT pouvaient mobiliser autrefois, dans des circonstances très différentes, certes on peut considérer que, même dans notre pays, le stalinisme semble déclinant.

    Il dispose encore pourtant, et de loin, comparée à celle des autres, de la plus solide capacité d'organisation. Et, à cet égard, il reste fort dangereux de ne pas en voir la menace permanente pour la majorité, désormais relative, dont dispose encore le pouvoir d'État.

    JG Malliarakis

    http://www.insolent.fr/