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  • Robert Ménard face au peloton de la gauche et de l’UMP

    Le jour même où l’immense majorité de l’Assemblée, gauche et « droite » confondues, vote une loi liberticide qui permet l’espionnage administratif des Français, le président de la République donne une leçon sur les principes de la République au maire de Béziers, Robert Ménard.

    Faut-il en pleurer ? Faut-il en rire ? Le jour même où l’immense majorité de l’Assemblée, gauche et « droite » confondues, vote une loi liberticide qui permet l’espionnage administratif des Français, le président de la République, de Riyad, avec en fond un drapeau saoudien, peu suspect de symboliser la tolérance religieuse et encore moins républicaine, donne une leçon sur les principes de la République au maire de Béziers, Robert Ménard.

    Cette situation grotesque est révélatrice de la mixture qui est déversée jour après jour sur la tête des Français en ersatz d’information. Où notre médiocratie de politiciens et de journaleux foncièrement bêtes et méchants se plaît aux lynchages et aux exécutions sans jugement, où la mauvaise foi fondée sur les préjugés idéologiques et l’absence de travail conduit les mêmes à prendre les Français pour des imbéciles. Dans les deux hypothèses, l’intelligence des dirigeants ou des dirigés fait problème. La synthèse est évidente : le microcosme qui entend nous conduire est assez stupide pour croire que les Français le sont.

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  • Ratification d’un fonds de 100 milliards de dollars pour les BRICS

    Un outil financier au service d’un monde multipolaire, c’est ce que viennent de mettre en place la Russie, l’Inde, le Brésil, L’Afrique du Sud et la Chine.

    Vladimir Poutine a ratifié en fin de semaine dernière un accord sur la création d’un fonds commun de réserves de change des pays des BRICS. Ce fonds s’élèverait à 89 milliards d’euros, soit 100 milliards de dollars. La Russie, l’Inde et le Brésil y participeront à hauteur de 18 milliards d’euros. L’Afrique du Sud y mettra cinq milliards, loin derrière la Chine qui promet 41 milliards.

    Pourquoi cet accord a-t-il eu lieu et que signifie-t-il ?
    Il s’inscrit dans la déclaration signée le 15 juillet 2014, à Fortaleza au Brésil, portant sur la création d’un fonds commun de réserve pour ces pays. Ce fonds commun a été signé pour éviter, je cite : « Les pressions à court terme sur les liquidités ». Fin de citation. Cette déclaration implique aussi la création d’une banque, qui se veut la base d’une nouvelle structure dont la vocation est de contrebalancer le poids des économies occidentales. Cette nouvelle banque sera basée à Shanghai. Elle représentera un capital initial de 50 milliards de dollars dont l’objectif est de financer de grands travaux d’infrastructure. Cette nouvelle institution apparaît comme une nouvelle donne dans le paysage financier mondial, et repose sur des bases solides. Rappelons que malgré une intense campagne financière et médiatique ces derniers mois, le rouble russe a réussi à se maintenir.

    Il s’agit d’un pas de plus vers un monde multipolaire ?
    Parfaitement. Cet accord entre les BRICS ouvre une solution alternative aux principales institutions financières internationales telles que le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale. Institutions traditionnellement dominées par les États-Unis, de par leur forte contribution. Si ces 5 pays émergents se détachent du FMI, l’hégémonie américaine en prendrait un coup. Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud représentent 40 % de la population et un cinquième du PIB de la planète.

    http://fr.novopress.info/187012/ratification-dun-fonds-100-milliards-dollars-les-brics-marbre/

  • Un ancien franc-maçon dévoile le pouvoir des loges

    Serge Abad-Gallardo, architecte français âgé aujourd'hui de 60 ans, a passé 24 ans au sein de l'obédience du Droit Humain, une émanation du Grand Orient de France. Il a publié Pourquoi j'ai cessé d'être franc-maçon (Éd. Pierre Téqui), après sa conversion au christianisme. Il déclare à Aleteia :

    "Au début, certaines paroles du rituel maçonnique (rite écossais ancien et accepté) m'ont fait reconnaître des liens entre la franc-maçonnerie et l'Église. À titre d'exemple, dans le rituel d'initiation on retrouve des phrases comme : « Cherchez et vous trouverez » ou « Frappez, et l'on vous ouvrira » qui sont dans les Évangiles. Petit à petit, je me suis rendu compte que le sens n'était pas le même. J'ai entendu aussi des expressions très anticléricales. Cela ne m'a pas plu, mais je me suis adapté car  j'étais éloigné de la foi, et surtout de l'Église. En outre, dans la franc-maçonnerie on parlait beaucoup de fraternité, mais j'ai pris conscience que derrière cette fraternité apparente il y avait quelques arrangements et des luttes pour le pouvoir au sein même de la franc-maçonnerie. Enfin, quand je suis revenu à la foi, j'ai compris  que le catholicisme et la franc-maçonnerie étaient incompatibles. [...]

    En 2012, j'ai expérimenté ce que l'on pourrait appeler « le Mal ». Je me suis trouvé face à la noirceur de l'âme humaine et face à la présence du diable dans nos vies avec la sorcellerie et magie. Cela peut paraître incroyable, mais je n'ai pas d'autre choix que de raconter les choses telles qu'elles se sont passées. Le monde s'est fermé pour moi. En quelques mois, j'ai perdu mon emploi, mon bon salaire, la maison où nous habitions, mon voilier de 12 mètres, ma voiture de sport, mes amis… Je me sentais totalement perdu et ne trouvais pas de réponses dans la franc-maçonnerie, qui ne pouvait pas répondre à la question de l'existence du mal dans le monde. L'idée m'est venue de faire une retraite quelques jours dans l'abbaye de Lagrasse ; et là, devant le Christ en croix, je me suis mis à pleurer et me suis rendu compte que ce Christ pleurait avec moi. Cet Amour fut comme une lumière. J'ai passé une semaine avec les moines, et mon cœur s'est ouvert totalement à l'Amour du Christ. [...]

    A-t-elle réellement le pouvoir que lui prête sa légende ?

    Oui, ce pouvoir, elle l'a ! En France, depuis 2012, de nombreux ministres sont maçons. Et les grands maîtres du Grand Orient, du Droit Humain ou de la Grande Loge veulent changer la société. Des lois comme l'avortement, l'euthanasie ou le mariage homosexuel sont des idées maçonniques. Un grand maître de la Grande Loge de France, Pierre Simon, a avoué que toutes ces lois étaient déjà pensées et mûries en loges avant d'être votées par les députés.

    Et elle conspire ?

    La franc-maçonnerie croit en l’« utopie » : autrement dit, tout ce qui est possible à un être humain, il doit et peut se le permettre. Il n'y a pas de limite dans une loi naturelle qui vienne de Dieu ; la morale provient du pacte social. Il n'y a donc pas d'autre mode de vie que l'hédonisme : le plaisir et le bonheur sont l'unique but, le Salut éternel n'existe pas, il faut jouir de la vie. La franc-maçonnerie conspire, alors, contre toute façon de penser qui n'est pas la sienne."

    Ce conflit entre la loi, dite naturelle, et la liberté est typique de l'erreur du monde moderne, héritée de la pensée cartésienne et kantienne. On croit que la loi limite notre liberté, et même certains dans l'Eglise pensent que ce strict attachement à la loi est sclérosant (pilule contraceptive, non communion aux adultères...). Cette fausse liberté s'affranchit ainsi de la réalité naturelle et décide que l'enfant dans le sein de sa mère est considéré ainsi car il est un projet parental. Sinon il est une chose avortable. De même, chacun peut vouloir choisir son sexe, en dépit de sa nature. Cette erreur a été dénoncée et corrigée par les derniers papes, notamment Jean-Paul II dans Veritatis Splendor :

    "Le prétendu conflit entre la liberté et la loi se présente à nouveau aujourd'hui avec une intensité particulière en ce qui concerne la loi naturelle, spécialement au sujet de la nature. En réalité, les débats sur la nature et la liberté ont toujours accompagné l'histoire de la réflexion morale, prenant un tour aigu au temps de la Renaissance et de la Réforme, comme on peut le remarquer dans les enseignements du Concile de Trente. L'époque contemporaine est marquée par une tension analogue, bien que dans un sens différent : le goût de l'observation empirique, les processus de l'objectivité scientifique, le progrès technique, certaines formes de libéralisme ont amené à opposer les deux termes, comme si la dialectique — sinon même le conflit — entre la liberté et la nature était une caractéristique qui structure l'histoire humaine. En d'autres temps, il semblait que la « nature » soumettait totalement l'homme à ses dynamismes et même à ses déterminismes. [...]

    La confrontation de la position de l'Eglise avec la situation sociale et culturelle actuelle met immédiatement en évidence l'urgence qu'il y a, pour l'Eglise elle-même, de mener un intense travail pastoral précisément sur cette question fondamentale : « Ce lien essentiel entre vérité-bien-liberté a été perdu en grande partie par la culture contemporaine ; aussi, amener l'homme à le redécouvrir est aujourd'hui une des exigences propres de la mission de l'Eglise, pour le salut du monde. La question de Pilate " qu'est-ce que la vérité ? ", jaillit aujourd'hui aussi de la perplexité désolée d'un homme qui ne sait plus qui il est, d'où il vient et où il va. Et alors nous assistons souvent à la chute effrayante de la personne humaine dans des situations d'autodestruction progressive. A vouloir écouter certaines voix, il semblerait que l'on ne doive plus reconnaître le caractère absolu et indestructible d'aucune valeur morale. Tous ont sous les yeux le mépris pour la vie humaine déjà conçue et non encore née ; la violation permanente de droits fondamentaux de la personne ; l'injuste destruction des biens nécessaires à une vie simplement humaine. Et même, il est arrivé quelque chose de plus grave : l'homme n'est plus convaincu que c'est seulement dans la vérité qu'il peut trouver le salut. La force salvifique du vrai est contestée et l'on confie à la seule liberté, déracinée de toute objectivité, la tâche de décider de manière autonome de ce qui est bien et de ce qui est mal. Ce relativisme devient, dans le domaine théologique, un manque de confiance dans la sagesse de Dieu qui guide l'homme par la loi morale. A ce que la loi morale prescrit, on oppose ce que l'on appelle des situations concrètes, en ne croyant plus, au fond, que la Loi de Dieu soit toujours l'unique vrai bien de l'homme »."

    Michel Janva http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Les Bourbon-Parme, quelle famille ! par Georges FELTIN-TRACOL

    Descendants du duc de Parme Philippe Ier, fils cadet de Philippe V d’Espagne, lui-même deuxième petit-fils du « Roi-Soleil », les Bourbon-Parme sont devenus des Capétiens européens. « Un réseau presque invisible est en suspens au-dessus de l’Europe des États-nations depuis son origine, réseau de familles qui, à partir d’un locus déterminé, a fait souche un peu partout. Ce sont les Capétiens en France, en Espagne, en Italie, au Portugal et ailleurs. Par le biais des alliances, des contrats, des mariages et parfois aussi des guerres aboutissant à de nouveaux consensus, ce réseau s’est allié à d’autres, constituant ainsi, lentement l’anima de l’Europe (p. 13) », écrit la princesse Maria Teresa, deuxième fille et troisième enfant du prince Xavier de Bourbon-Parme.

     

    Les Bourbon-Parme. Une famille engagée dans l’histoire est particulier dans sa réalisation puisqu’il relève tout autant du registre des mémoires et autres souvenirs que de l’(auto-)analyse historique, politique et sociologique. Tantôt l’auteur emploie le nous collectif, voire la troisième personne du singulier, tantôt la première personne du singulier, ce qui est déroutant. Par ailleurs, sur le plan formel, une relecture attentive aurait pu éviter non pas quelques inévitables coquilles (« Lichtenstein » p. 78), mais de regrettables erreurs sur les patronymes, les lieux, les dates sans omettre l’anachronisme. Par exemple, l’un des deux cahiers photographiques présente une photographie du roi carliste espagnol Alfonso-Carlos légendée en 1939 (p. XII) alors qu’il meurt trois ans plus tôt ! Le militant nationaliste radical italien Stefano Delle Chiaie est écrit « Della Ciae (p. 161) ». Quand le frère aîné de l’auteur est présenté aux carlistes à Montejurra en 1957, il est fait mention de « 1997 (p. 127) ». On a aussi l’impression que le premier président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, est déjà à l’Académie française : il n’y entre qu’en 1983 ! On peut croire que le socialiste Charles Hernu était en 1976 « le ministre français de la Défense (p. 230) » alors qu’il ne le sera qu’entre 1981 et 1985. Plus édifiant encore, Maria Teresa de Bourbon-Parme a rencontré quelques fois François Mitterrand. La dernière fois, ce fut à l’occasion de l’enterrement du roi des Belges Baudoin en 1993. Or on lit que Mitterrand « mourut une semaine plus tard (p. 238) ». En réalité, ce sera trois années après…

     

    Des caractères rebelles

     

    Le 24 juillet 2014, le portrait quotidien en dernière page de Libération s’ouvre à Maria Teresa de Bourbon-Parme. Stupeur et tremblement chez les ultimes lecteurs du journal trotsko-bancaire ! Et pourtant ! Qualifiée de « princesse rouge », Maria Teresa de Bourbon-Parme s’affirme progressiste. Outre Mitterrand, elle discuta avec le  président anti-gaulliste du Sénat Gaston Monnerville (1958 – 1968) et Jacques Attali. Cette fervente sympathisante de la cause palestinienne rencontra en 2000 le président bolivarien du Venezuela, Hugo Chavez. Elle fut aussi une amie de Roger Garaudy (p. 229). L’a-t-elle encore revu après son incroyable condamnation à propos de son essai, Les mythes fondateurs de la politique israélienne ?

     

    Le livre apparaît comme le plaidoyer pro domo pour son engagement à gauche tout en se voulant fidèle à l’héritage des siens. Plusieurs chapitres saluent ainsi des figures familiales marquantes : sa mère, Madeleine de Bourbon-Busset, sa sœur aînée, Françoise, qui se porta volontaire en 1956 dans des services caritatifs en faveur des réfugiés hongrois. Si sa sœur cadette, Marie des Neiges, défend l’environnement, les animaux sauvages et l’écologie, une autre sœur, Cécile, œuvra au service de l’Ordre de Malte en tant qu’infirmière au Biafra rebelle entre 1969 et 1971. Elle parle aussi de deux aïeules : Marie des Neiges de Bragance (1852 – 1941) et la duchesse régente de Parme, Marie-Caroline de Berry, la sœur aînée du dernier roi légitime de France, Henri V, qui se montra fine politique. En revanche, la princesse se montre injuste envers le roi Charles X qu’elle dépeint en reprenant les vieilles antiennes historiographiques républicaines.

     

    Elle célèbre en outre la mémoire de sa tante et marraine, l’impératrice-reine Zita d’Autriche-Hongrie. Ses souvenirs personnels interfèrent cependant avec les faits historiques précis. Elle paraît méconnaître qu’en 1914, l’Italie se voulait encore neutre et que Londres entrait en guerre contre l’Allemagne après la violation de la neutralité belge. Plus grave, elle parle de « l’Italie de Charles-Albert (p. 19) » en 1833 alors qu’il régnait sur le Piémont-Sardaigne, l’unité italienne n’étant pas encore réalisée…

     

    Si Maria Teresa revient sur les tentatives de paix de son père et de son oncle Sixte en 1917 avec leur beau-frère l’empereur Charles, elle évacue les sévères contentieux qui déchirèrent sa famille. Son grand-père, Robert Ier, dernier duc de Parme, conclut trois mariages successifs. Ses deux premiers mariages lui donnèrent de nombreux enfants déficients si bien qu’Élie devînt de facto le chef de famille. En 1914, si deux de ses demi-frères, les princes Xavier et Sixte, revêtent l’uniforme belge, Élie sert dans l’armée austro-hongroise. En représailles, la République française lui confisque ses biens en 1915 et place sous séquestre le château de Chambord. Leur liquidation effective commence en 1919 en application du traité de Saint-Germain-en-Laye. C’est alors que Sixte et Xavier décident de poursuivre le prince Élie devant la justice française afin de réclamer une plus grande part de leur héritage. Le prince Élie doit finalement vendre l’ensemble de ses biens français et garde envers ses demi-frères une tenace rancune.

     

    Maria Teresa de Bourbon-Parme exalte bien sûr son père, Xavier, et de son frère aîné, Charles-Hugues. En revanche, hormis trois – quatre mentions fugaces, elle passe rapidement sur son benjamin, le prince Sixte-Henri qu’elle appelle Sixte. D’importantes divergences politiques ont rompu les liens entre frères et sœurs à propos de la question carliste en Espagne.

     

    Le carlisme en héritage

     

    En 1936, Xavier/Javier de Bourbon-Parme est désigné par le dernier roi carliste comme régent du mouvement. Il s’oppose rapidement aux menées autoritaires de Franco. Résistant en France, il est déporté à Dachau où il se lie d’amitié avec Léon Blum. Libéré en 1945, il reprend à son compte les prétentions carlistes et en relance le mouvement. Cette prétention se justifie parce que « la branche de Parme est l’unique branche qui soit restée fidèle à la branche aînée de France d’abord et d’Espagne ensuite (pp. 24 – 25) ». Très vite, Javier Ier est affectueusement surnommé « le vieux roi ».

     

    En 1833, contre la Pragmatique Sanction du roi Ferdinand VII d’Espagne qui fait de sa jeune fille Isabelle sa seule héritière au mépris de la loi semi-salique, le frère du roi, Don Carlos, inaugure le carlisme, ce légitimisme espagnol qui « milite pour la légitimité monarchique (la loi semi-salique) en faveur de la dynastie carliste, et pour la légitimité populaire (les fueros : les droits régionaux) (p. 95) ». Trois guerres civiles déchirent l’Espagne au XIXe siècle. Adversaires du libéralisme et du parlementarisme et proches des puissances conservatrices terriennes (Prusse, Autriche, Russie), les rois carlistes, véritables souverains espagnols, incarnent un esprit conservateur-révolutionnaire méconnu. Carlos VII déclarera ainsi : « Je veux être le roi des républiques espagnoles (p. 21). » Son fils, Jaime III, sera officier du tsar, puis militant de la C.G.T. à Paris !

     

    Adversaire du Caudillo, Xavier/Javier appelle ses partisans à s’opposer au franquisme. Si Charles-Hugues/Carlos-Hugo travaille un temps incognito dans les mines des Asturies, son frère Sixte-Henri s’engage dans la Légion étrangère espagnole avant d’être tous deux démasqués et expulsés ! Dès lors, Charles-Hugues et ses sœurs, en particulier Maria Teresa, se rapprochent de l’opposition démocratique et font évoluer le carlisme. Dans le prolongement de Mai 1968, ils invitent les « peuples d’Espagne, [à réclamer] à la fois une avancée sociale, le respect de leurs droits régionaux, de leurs lois traditionnelles, de leur gouvernement autonome, tout en restant dans le cadre de la nation espagnole (p. 36) ». Le Mouvement ouvrier traditionaliste se transforme en un Front ouvrier qui coopère avec les syndicats clandestins socialistes et communistes. Le carlisme devient vite le fer de lance de l’opposition anti-franquiste. « Pour les classes populaires, surtout dans certaines régions d’Espagne (Catalogne, Baléares, Valence, Pays Basque, Galice…) ce sont les libertés régionales (fueros) qui apparaissent comme plus réelles, plus immédiates. Celles qu’on appellerait aujourd’hui “ libertés sociales ”, “ libertés collectives ”, tandis que les libertés individuelles, dans ce contexte d’extrême injustice sociale, demeurent le fait de privilégiés et les libertés politiques l’instrument de “ partis de cadres ”, contrôlés justement par ces derniers (la liberté du renard dans un poulailler) (p. 17). »

     

    En se débarrassant de son caractère traditionnel, le carlisme adopte des positions fédéralistes, prône l’autogestion et se réclame du socialisme ! Ces Bourbon-Parme-là visitent la Chine de Mao en 1975, séjournent à Cuba et sont accueillis en Yougoslavie par Tito en 1972. Il s’agit d’« une expérience intéressante pour un homme politique qui voit dans l’autogestion une solution d’avenir possible, point culminant des aspirations forales (p. 147) ». L’auteur parle de « l’utopie carliste (p. 233) » avant de préciser que « notre “ Utopie ” répond à un enracinement multiple, utopie “ aveugle ”, non pas aux difficultés, mais aux échecs qui ne sont qu’épisodiques; ce qu’elle proposait à l’époque est aujourd’hui à l’ordre du jour (p. 240) ». Ce tournant autogestionnaire et socialiste entraîne la rupture avec Sixte-Henri qui maintient, lui, la tradition carliste sans verser dans un conservatisme délétère. Le néo-carlisme, désormais trop marxiste-léniniste, aurait mieux fait de s’inspirer du socialisme organique ainsi que des idées de Proudhon et des « socialismes de troisième voie » promouvant le créditisme ou le distributivisme cher à Jacques Duboin (1).

     

    Des princes d’avant-hier pour après-demain

     

    La transition démocratique de l’Espagne se fit sans l’apport du carlisme qui n’obtint que de maigres résultats électoraux. C’est regrettable, car un carlisme sainement pensé aurait pu (ou pourrait) en tout cas résoudre les brûlantes tensions nationalitaires basques et catalanes inhérentes à la conflictualité propre de l’Espagne. En défendant les fueros, les carlistes anticipaient le principe de subsidiarité ! « Le pacte des nationalités avec le roi permettant […] une unité plus flexible et plus forte que le rigide schéma jacobin (p. 68). » Mieux, la pensée carliste prévoit sans crainte l’effacement programmé de la structure stato-nationale. « L’État-nation est un […] problème auquel s’intéresse Charles-Hugues. Condamné comme État à perdre une partie de ses attributions par une “ résorption interne ” (puisqu’il y a récupération par les municipalités et les entités locales d’une partie des fonctions remplies par l’État) il est aussi victime d’une “ résorption externe ”. Ainsi, dans le cadre de la nouvelle Europe, la défense, l’économie, la diplomatie, la politique extérieure sont de moins en moins nationales et chaque fois plus européennes. Un jour, elles seront du ressort européen, voire mondial. L’État-nation garde cependant de l’importance comme gardien de la personnalité, de l’identité et de la culture des vieilles nations européennes et support d’un “ supra-État ” permettant de construire une véritable “ maison Europe ” (pp. 174 – 175) ». De tels propos changent des considérations strictement nationales des Orléans…

     

    Maria Teresa de Bourbon-Parme considère que son frère Charles-Hugues fut un précurseur, voire un visionnaire même si sa démarche recoupe parfois certaines visées mondialistes… Afin d’expliquer l’impossible (?) synthèse entre les fueros d’antan et l’idée fédéraliste contemporaine, elle recourt à la figure du « gatekeeper (le garde-barrière), celui qui, s’appuyant sur le prestige que lui donnent l’histoire et le fait d’en avoir hérité, puisse lever la barrière ou la baisser. Quelle barrière ? Celle du licite, de ce qui est considéré comme tel si l’on veut rester fidèle aux règles et traditions qui conforment notre sens du devoir et notre vision de la vie. Le gatekeeper est revêtu de l’aura de la tradition, et de ce qui lui permet de l’interpréter. C’est là que réside son pouvoir qu’il peut exercer dans un sens positif ou au contraire dans un sens négatif. Dans un sens positif s’il réveille cette tradition en l’incorporant à la vie de la société, à la vie de la société en mouvement, et surtout s’il parvient à faire que ceux qui le suivent soient à leur tour capable de faire de même. Dans un sens négatif s’il ferme la barrière, c’est-à-dire s’il prétend être l’unique interprète du patrimoine historique, d’un patrimoine historique figé ! (p. 94) ». Ne s’agit-il pas d’une attitude propre à un esprit proprement révolutionnaire-conservateur, d’une forme particulière du katéchon cher à Carl Schmitt (2) ? « Le terme, qui date de la Deuxième Épître aux Thessaloniciens (2, 6 sq.), indique la Puissance qui fait obstacle à la pleine épiphanie de l’Anomos, de l’Adversaire, écrit le philosophe italien Massimo Cacciari. Hippolyte, déjà, interprétait le katéchon en termes politiques, comme image de l’Empire, et Schmitt reprend cette interprétation : pour lui le katéchon est également l’Empire médiéval, dont la fonction consisterait à “ maintenir ” le Siècle sous sa “ forme ”, en attente de sa Fin, à l’abri des “ séductions ” diaboliques (3) ».

     

    Il serait cependant vain d’espérer dans une quelconque et hypothétique restauration monarchique présente ou à venir. L’ancien monde a laissé la place à un monde moderne qui s’efface devant un univers ultra-moderne en décrépitude. Le sacrifice et l’abnégation du carlisme resteront toutefois comme des exemples fidèles de résistance aux impostures du moment au même titre que les Vendéens, les chouans, les Communards parisiens, les mutins de Cronstadt ou les commandos tiercéristes du « Commandant Zéro » Eden Pastora dans la décennie 1980 au Nicaragua ! De bien trop rares preuves historiques de fidélité à leur Idée constitutive.

     

    Georges Feltin-Tracol

     

    Notes

     

    1 : Le socialisme distributiste. Jacques Duboin 1878 – 1976, présentation et choix de textes par Jean-Paul Lambert, L’Harmattan, préface d’Alain Caillé, 1998.

     

    2 : Sur le katéchon, cf. aussi Théodore Paléologue, Sous l’œil du Grand Inquisiteur. Carl Schmitt et l’héritage de la théologie politique, Cerf, coll. « Passages », 2004.

     

    3 : Massimo Cacciari, Déclinaison de l’Europe, Éditions de l’Éclat, coll. « Philosophie imaginaire », 1998, p. 121.

     

    • S.A.R. Maria Teresa de Bourbon-Parme, Les Bourbon-Parme. Une famille engagée dans l’histoire, Éditions Michel de Maule, coll. « Histoire » (41, rue de Richelieu, 75001 Paris), 2014, 251 p., 22 €.

    http://www.europemaxima.com/?p=4116

  • Communautarisme : l’analyse de la revue d’Eléments

    Retrouvez la Chronique de la vieille Europe de Radio Courtoisie avec François Bousquet et Olivier François qui analysent le phénomène communautaire, dans le cadre du dossier de la revue Eléments.

    Les communautés, qu’elles soient anciennes ou récentes, de nature ethnoculturelle, linguistique, religieuse, sexuelle ou autre, sont des dimensions naturelles d’appartenance. Pourtant de la droite à la gauche, en passant par toutes les nuances politiques intermédiaires, le « communautarisme » semble aujourd’hui faire l’unanimité contre lui, pourquoi ? La réponse de la revue Eléments…

    http://fr.novopress.info/

  • Loi Renseignement : Valls dénonce les "pressions" de la société civile

     


    Valls dénonce des "pressions" sur les députés... par LCP 

    Pour Manuel Valls, les nombreuses associations, personnalités et simples citoyens qui ont appelé les députés à voter contre le projet de loi Renseignement ont mis une "pression" à laquelle "heureusement peu de députés ont été sensibles". Ils ont succombé à une autre pression : celle du Premier ministre. 

    "Chacun a pu le constater hier (lundi), il y a eu beaucoup de pression", a condamné Manuel Valls mardi soir, après l'adoption de la loi renseignement par 438 voix contre 86. Le Premier ministre faisait allusion à la manifestation organisée à l'appel de nombreuses organisations de la société civile près de l'Assemblée nationale, et de l'opération "24 heures avant 1984" qui visait à convaincre un maximum de députés de voter contre le texte (ils n'ont été que 86).

    "Mais je constate que peu de parlementaires, heureusement, ont été sensibles à ces pressions", s'est-il aussitôt réjoui. "C'est une très large majorité qui vient apporter le plus net démenti. Sur ce type de texte notamment, c'est important que les forces politiques se retrouvent ; celles qui ont gouverné, ou celles qui gouvernent le pays. Souvent sur ce type de texte, c'est la notion-même de responsabilité, c'est l'idée que l'on se fait de l'exercice du pouvoir, et c'est l'idée-même du sens de l'État qui sont en cause. Et c'est pour cela que je me réjouis de cette très large majorité qui nous conforte dans l'action de sécurité, dans la lutte contre le terrorisme, qui conforte l'action du gouvernement".

    Ainsi donc pour Manuel Valls, lorsque des citoyens expriment leur inquiétude et leur opposition au texte, et appellent les députés à y faire barrage, il s'agit de"pressions".

    Mais alors s'il s'agit de pressions, comment qualifier l'attitude du Premier ministre qui s'est rendu en personne à l'Assemblée nationale pour défendre lui-même le projet de loi lors de l'ouverture des débats parlementaires, en reconnaissant qu'il "est exceptionnel qu’un Premier ministre présente un texte devant la représentation nationale" mais qu'il le fait "pour insister sur son importance" ? Ne sont-ce pas des pressions ? 

    Comment qualifier ce même discours qui prévenait les députés que "la menace terroriste est aujourd’hui – ai-je besoin de le rappeler ? – le défi le plus redoutable, un défi auquel nous devrons faire face pendant longtemps, très longtemps" ? Manière de dire que les députés qui voteraient donc seraient complices par négligence des prochains attentats.

    Comment qualifier l'attitude du Gouvernement qui diffuse un vrai/faux pour le moins simpliste, ou qui déforment gravement ce que dit la jurisprudence européenne ? Peut-être pas des pressions, non. Mais des mensonges.

    "Un mensonge d'État", comme l'a qualifié l'avocat des avocats, Pierre-Olivier Sur.
     
  • En haut lieu, on sait. Et les Français n'en ont pas le droit ?

    Robert Ménard répond à Valeurs Actuelles :

    VA. Comment êtes-vous arrivé au chiffre de 64,6% d’élèves musulmans à Béziers ?

    Très simplement. Il existe dans toutes les mairies de France un listing des élèves des écoles maternelles et primaires. A la faveur de réunions sur la rentrée scolaire, j'ai vu passer ce listing. J'ai eu la curiosité de le parcourir.Le nombre considérable de noms à consonance non-européenne m'a surpris. Durant toute la campagne électorale de 2014, j'avais affirmé sur la foi d'informations parcellaires, qu'il devait y avoir 30 % d'enfants musulmans dans les écoles de Béziers. Ce que je découvrais avec ce listing m'a incité à faire un calcul rapide. Je ne prétends pas à l'exactitude. Mais à peu de choses près, c'est ce que j'ai trouvé, avec des pointes à 88 % dans certaines écoles. Du reste, il suffit à n'importe qui de faire la sortie de ces écoles pour se faire une opinion. Sans listing et sans calculette...

    Je suis certain que de nombreux autres maires font la même chose que moi. Mais eux ne le disent pas. Je ne suis pas un politicien professionnel. Je n'ai pas de carrière à ménager. Je ne supporte plus ce sas de décompression entre les institutionnels, « ceux qui savent », et le peuple. En haut lieu, on sait. Et les Français n'en ont pas le droit ?

    VA. Vous êtes cerné par les médias et les politiques qui vous reprochent de relancer le débat sur les statistiques ethniques…Que vous inspire la polémique ?

    Quelle hypocrisie ! Quelle médiocrité ! Quelle hystérie !

    Hypocrisie d'un Valls qui en janvier annonce qu'il faut dénoncer un « apartheid social » mais qui attaque un maire lorsque celui-ci donne un chiffre révélateur sur l'apartheid que subit Béziers depuis des années.Tout le monde sait dans l’Hérault que Montpellier a longtemps considéré notre ville comme la destination idéale pour les immigrés clandestins, les allocataires RSA etc...

    Quelle médiocrité d'un François Hollande qui dirige la 5ème puissance mondiale et qui parle de ce tout petit sujet en visite officielle en Arabie Saoudite ! Y-a-t-il une malédiction sur la Vème république que chaque président soit pire que le précédent ?

    Enfin l'hystérie d'une classe médiatique dont chaque membre écoute les aboiements de son voisin pour vérifier que lui-même aboit assez fort.

    J'ai défendu durant vingt ans des journalistes dans le tiers-monde pour les protéger d’États plus ou moins démocratiques. Aujourd'hui, je pose la question : qui protégera le peuple français de certains journalistes ?

    VA. Vous dénoncez le deux poids, deux mesures, pensez-vous qu’on ne peut plus parler de ces sujets quand on est de droite ? Vous sentez-vous victime d’une cabale de la bien-pensance contre vous ?

    Il est permis en France de parler de tout à condition d'être d'accord avec la gaucheC'est ce qui nous donne cette droite conservatrice, parfois rebelle dans l'opposition, toujours lâche au pouvoir.

    Il n'y a pas de cabale contre moi. Il y a un déni de réalité, un mensonge permanent et, désormais, une épouvante au sein d'une gauche qui, après avoir renié sa pensée économique, voit agoniser sous ses yeux toutes ses utopies sociales, comme le fameux « Vivre-Ensemble » (...)

    Philippe Carhon  http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Éditoral de L’AF 2908 : RESTER FIDÈLE À SES RACINES

    DESSINE-MOI UN ROI…. La question institutionnelle, en ces périodes de remise en cause sociale et culturelle, voire identitaire de notre nation, pourrait paraître inactuelle, surtout s’il s’agit de proposer rien moins que le recours, d’aucuns diraient le retour, à une forme politique qui semble appartenir de manière irrémédiable au passé de notre pays.

     

    D’autant que ce passé, le volontarisme politique actuel cherche à l’éloigner de nous et de nos enfants à une vitesse plus rapide que celle de l’écoulement paisible des siècles, dont le tort, aux yeux de nos idéologues, est de permettre au passé de devenir héritage. La volonté de nos actuels dirigeants de couper définitivement le peuple français de son histoire et de dissoudre la civilisation française elle-même n’a d’autre objet que d’absorber ce même peuple dans un trou noir : par définition le grand effacement rendra sans objet la question de l’insécurité culturelle. Et, par la même occasion, celle du politique, c’est-à-dire du gouvernement des hommes. La gouvernance suffit à la gestion des choses.

    La révolution française avait été une tentative, qui a échoué, de créer un peuple nouveau. La révolution russe en avait été une seconde, qui a elle aussi échoué. Dans les deux cas, les révolutionnaires ou leur héritiers ont, comme une leçon du vice à la vertu, fini par recourir au passé honni, nié, aboli, pour ressouder le peuple. Michelet a créé le roman national en y intégrant son passé monarchique, y compris la figure de Jeanne, même si ce fut pour la réinterpréter, en vue de participer à la construction d’un « peuple républicain » qui ne fût pas totalement hors sol ; Staline, face à l’envahisseur allemand, invoque les mânes de Pierre le Grand et soulage, momentanément, l’église orthodoxe du joug criminel sous lequel il l’avait placée. La question des institutions est comprise dans celle de l’unité d’un peuple.

    Nos dirigeants actuels sont malheureusement des révolutionnaires plus radicaux encore que leurs grands ancêtres. Il ne s’agit plus pour eux de créer un peuple nouveau, mais de dissoudre la notion même de peuple, et plus encore de « peuple français », qu’ils ont abandonnée pour celle, apparemment neutre, de « société ». Quant aux « valeurs républicaines » et à la République comme concept autoréférent — la République, pour nos hommes politiques, n’est plus française, elle EST, tout simplement — elles constituent les éléments de langage de cette substitution ontologique. Il s’agit désormais de « faire société commune dans une société diverse », selon le titre d’un rapport fameux, commandé en 2013 par le gouvernement, puisque, tout aussi bien, « c’est au nom des valeurs fondatrices d’une République effective qu’il faut une reconnaissance franche du pluralisme de la société française et d’une république de la diversité », que « le sens de l’intégration nationale a changé et que le lien social relève moins aujourd’hui d’une mise en forme et en conformité à des normes institutionnelles que de l’inventivité des acteurs sociaux, leur capacité à transformer la société française ». D’ailleurs, la France « est déjà un pays pluriethnique et pluriculturel ; elle le sera de plus en plus à l’avenir, et un pluralisme harmonieux reste à construire ». Pathétique logorrhée ! Si ce texte fut écrit quatorze mois avant l’« inventivité » dont firent preuve en janvier 2015 les frères Kouachy et Coulibaly, il le fut en revanche quelques mois à peine après les crimes inventifs de Mehra qui visaient, déjà, des militaires et des juifs. Comment plaider la naïveté ? « “Faire France” pour défaire la France », condamnait alors sans appel le comte de Paris [1].

    Pourquoi y revenir ? Parce que les nouveaux programmes scolaires, qui rendent notamment obligatoire en 5e l’enseignement de l’islam, aux dépens explicites du christianisme et de la chrétienté, sont une étape dans la réalisation par nos élites de cette déconstruction méthodique du peuple français par la voie du déracinement. Il en est de même de la relégation de l’enseignement du latin et du grec, désormais intitulé « Langues et culture de l’antiquité », dans ce nouveau machin pédagogiste que sont les Enseignements pratiques interdisciplinaires : là encore, s’exprime la volonté de couper les Français de leurs racines. Il est vrai que si la gauche n’a jamais aimé l’enseignement des humanités, la droite l’a puissamment aidée à l’éradiquer de notre système scolaire depuis plusieurs décennies. Déjà le 27 septembre 1922, le député royaliste Léon Daudet, qui les défendait contre le « moderniste » Herriot, déclarait : «  Il y a de l’or dans les enfants du peuple. Cet or, il faut l’amener à la surface », allant jusqu’à réclamer un enseignement général des bases du latin dès le primaire pour leur valeur formatrice. Quant à l’enseignement du français, le SNALC parle de « boucherie ». Mais la gauche, par son goût de la médiocrité qu’elle a toujours confondu avec la « démocratisation », n’a jamais souhaité un peuple trop instruit. S’il se mettait à ne plus voter pour elle...

    Ce qu’il a déjà commencé à faire. Voilà pourquoi elle souhaite en changer. Voilà pourquoi le peuple français vit à l’heure actuelle sa métamorphose ou plutôt sa défiguration en « république de la diversité ». Parler de peuple français est devenu pire qu’une incongruité : c’est une Marianne marquée au fer rouge sur le front des malpensants. Alors que l’unité historique — je ne dis pas ethnique — d’un peuple autour de son héritage est évidemment la condition sine qua non de son existence comme nation, les Français sont poussés vers leur effacement en tant que peuple. La question se situe non plus au plan des divisions politiques comme par le passé mais au plan existentiel. Ses élites cherchent à dissoudre les Français comme peuple pour le faire émerger comme « société commune dans une société diverse  ».

    Hier encore, l’Action française pouvait poser la question en termes strictement institutionnels : instabilité gouvernementale, centralisation politicienne, captation oligarchique des pouvoirs, non-représentativité du pays réel dans un système parlementaire partisan. Nous n’en sommes plus là, d’où la nécessité de notre colloque apparemment inactuel du 9 mai 2015 : oui, face à la victoire toujours plus éventuelle du « pire des pires », évoquée par Maurras à la fin de sa vie, il nous faut dessiner un Roi, à savoir l’image de l’espérance, contre l’entreprise de déracinement du peuple français par le double recours à une laïcité hostile à sa source spirituelle qu’est le christianisme et à un multiculturalisme aussi artificiel que programmé — la dernière réforme du collège ne faisant que mettre en application les préconisations du rapport de 2013.

    Nous devons, grâce à la figure royale, affirmer l’essence à la fois du peuple français et du souci politique. Comme le souligne le Prince Jean : « Le souci d’un prince français est de s’associer à tous ses compatriotes et de les rassembler dans une même affection. C’est aussi en restant fidèle à ses racines que le peuple français pourra relever les défis du futur. » [2]

    Face à la désagrégation de la France en « république de la diversité », réaffirmer que seul le Roi peut aujourd’hui faire peuple, c’est envoyer à nos compatriotes le message à la fois le plus prometteur et le plus subversif qui soit.

    François Marcilhac - L’AF 2908

    [1] Le Figaro du 18 décembre 2013 [2] Un Prince français, Pygmalion, 2009.

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Editoral-de-L-AF-2908-RESTER