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  • Le «non» des Grecs à leurs créanciers n’est plus un avertissement, c’est une menace

    Les premiers dépouillements indiquent que le «non» aux propositions communautaires pourrait l’emporter nettement ce soir en Grèce. En limiter la portée aux seules propositions européennes du 25 juin serait une grave erreur
    Vétéran des luttes syndicales et politiques au sein de la gauche radicale, Alexis Tsipras sait, de longue date, pratiquer le combat du faible au fort. Le fait d’avoir organisé un référendum à la hâte, pour demander à ses concitoyens d’approuver ou non les propositions faites par les créanciers européens de son pays le 25 juin dernier, entre dans cette stratégie. Le Premier ministre grec, au pouvoir depuis janvier en coalition avec une formation nationaliste proche de l’extrême droite, cherchait un contrepoids politique pour faire chuter l’alliance des intérêts économiques communautaires opposés aux propositions de son gouvernement. Pari gagné ce soir, avec la victoire du «non» qui semble se dessiner. Vers 20h, sur la base de 15% des dépouillements, celui-ci atteignait presque 60% des voix. Plusieurs sondages réalisés à la sortie des urnes vont dans le même sens. L’avertissement hellène semble par conséquent bien parti pour se transformer en menace.
    Menace? Le mot n’est pas exagéré. Et ceci pour au moins trois raisons.
    La première est le sentiment d’urgence à haute teneur anxiogène que ce vote va à l’évidence accélérer en Grèce d’abord, et au sein de la zone euro. Alors que les banques grecques sont fermées depuis une semaine, et que les distributeurs de billets ne délivrent que soixante euros par jour aux détenteurs de cartes hellènes, ce «gel» bancaire n’est pas tenable. Tous les commerçants qui, en Grèce, exigent désormais d’être payés en espèces le disent ouvertement aux touristes, en pleine saison estivale: impossible pour eux de continuer ainsi. Idem pour les entreprises grecques liées par contrat à des fournisseurs ou clients étrangers. Alexis Tsipras lui-même a promis de se rendre dès lundi à Bruxelles pour en ramener un accord «sous quarante-huit heures». Son ministre des finances, le tonitruant Yannis Varoufakis, a évoqué la réouverture des établissements bancaires mardi. Soit, mais comment? La menace d’un «bankrun», cette ruée des clients vers leurs comptes en euros, devient plus que jamais d’actualité.
    La deuxième raison de s’inquiéter est politique. Les dirigeants de l’eurozone auront beau, dès ce dimanche soir, dire que les Grecs n’ont pas voté contre la monnaie unique – ce qui est absolument vrai – ils ne s’en retrouvent pas moins poussés contre le mur par ce vote hellène qui, à la différence de ce qui s’est passé au Portugal, en Irlande ou en Espagne, rompt avec l’obligation tacite pour les pays débiteurs de se soumettre aux conditions de leurs créanciers. Les Grecs, et c’était le calcul de Tsipras, ont renversé le sablier. Les 240 milliards d’euros qui leur ont été prêtés depuis 2010 sont partis en fumée. Or dans cette stratégie du faible au fort, les voici en train… d’exiger de leurs créanciers de nouveaux délais, voire une annulation partielle de créances, considérée il est vrai par de nombreux économistes comme la seule issue possible. Un scénario totalement contraire aux règles de base d’une monnaie unique gérée en commun. Comment convaincre demain les Allemands et les pays nordiques de remettre au pot puisque celui-ci s’avère bel et bien percé? Et quelles seront, en Espagne où le parti Podemos proche de Syriza vient engranger de très bons résultats électoraux, les conséquences de ce «non grec»?
    La troisième raison est sans doute la plus inquiétante: avec ce vote, les Grecs lancent un défi aux institutions communautaires et soufflent à nouveau sur les braises d’une intransigeance souverainiste partout à l’œuvre sur le continent. Il ne s’agit plus d’un grain de sable dans une machine huilée. Il s’agit d’une grenade dégoupillée, d’autant plus dangereuse que son caractère explosif s’enracine dans la misère sociale, le chômage de masse, et l’impression de gâchis terrible que les fonds européens colossaux déversés en Grèce laissent aujourd’hui. Ce gâchis, il faut sans cesse le répéter est très largement dû aux dysfonctionnements des élites politiques hellènes, voire carrément à leur malhonnêteté depuis l’entrée du pays dans l’euro, en 2001. Il aurait pu aussi, sans doute, être évité si les plans mis en œuvre par l’UE n’avaient pas été si lents, si incomplets, si centrés sur l’austérité à tout prix dans un pays dépourvu de toute base industrielle pour redémarrer et se relancer. N’empêche: le résultat est là. La «fierté» retrouvée des Grecs, que le premier ministre Alexis Tsipras appelait de ses vœux, est comme une mèche allumée que personne ne sait, à Bruxelles, Paris ou Berlin, comment éteindre ce soir.

    http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EuFyEZEpkyNzONhoMA.shtml

  • Jean-Philippe Chauvin : La crise grecque : la faute au "national-populisme" ? Ma réponse à Jean-Marie Colombani.

    Ainsi les électeurs grecs ont dit « Oxi » aux exigences de leurs créanciers européens et internationaux, malgré des sondages qui, la veille encore de ce dimanche électoral, annonçaient encore une victoire possible du « Oui » au référendum hellène, ce qui confirme ma vieille formule « Sondage n’est pas suffrage »… Cette réponse des Grecs ne plaît pas vraiment aux européistes, furieux de voir une fois de plus les peuples leur échapper et oser remettre en cause leurs présupposés : l’un des plus virulents est Jean-Marie Colombani qui, après bien d’autres, crache son venin dans la presse, ce matin dans Direct Matin, et révèle, en même temps, la cécité de cette « classe dominante » qui ne peut, ne sait, ne veut plus voir ce qui se passe en bas de l’échelle sociale, en Europe, préférant vanter les mérites d’une mondialisation « heureuse » (sic !), véritable utopie criminelle pour qui n’y consent pas, et d’une « Europe obligatoire » et, souvent, punitive.

    M. Colombani avance trois arguments, parfois de mauvaise foi, celle-ci étant la marque d’une colère mal maîtrisée et bien mauvaise conseillère, en définitive, et ceux-ci se voulant dénonciateurs de trois illusions, trois « mythes » propres à M. Tsipras et à ses soutiens, selon l’essayiste libéral. Il me semble intéressant de les évoquer et d’y répondre, en royaliste politique :

    1. « Première illusion : celle qui consiste à plaquer nos propres catégories politiques sur celle de la Grèce. La gauche française par exemple, mais elle n’est pas la seule, pense que Syriza est une partie de la gauche. Or, il s’agit d’une extrême gauche virulente alliée à une extrême droite qui ne l’est pas moins. (…) Pour constituer une majorité à l’Assemblée, Alexis Tsipras avait besoin d’un allié. Des petits partis pro-européens étaient disponibles. Il est allé chercher les « Grecs indépendants », mouvement xénophobe et antisémite. Curieusement, cette alliance, qui cache une idéologie commune, le national-populisme, est passée sous silence. » Ainsi M. Colombani s’inquiète-t-il de convergences stratégiques entre des « extrêmes » quand le règne des partis dits « modérés » qui, lui, s’applique depuis les origines de la construction européenne dans les institutions de l’Union elles-mêmes et, souvent, dans nos nations démocratiques, ne semble guère l’émouvoir : or, n’est-ce pas cette collusion apparente et sans doute bien réelle au sein de « l’Europe légale », quand sociaux-démocrates et libéraux de tout poil se partagent les postes et votent ensemble dans un Parlement européen qui apparaît moins comme une ecclésia que comme une chambre close, pour ne pas dire maison…, qui choque les citoyens, eux qui forment « l’Europe réelle », se sentant et se pensant « trahis » par l’absence de véritable alternative économique et politique ? Le « Tous pourris », qui n’est pas vraiment une politique mais bien plutôt une sorte d’abandon démocratique auquel je refuse de me laisser aller, ne prend-il pas ses sources dans cet « entre soi » des partis dits « raisonnables » ? Qui a découragé les citoyens de faire de la politique si ce n’est ce système de copinage politicien permanent, malgré les querelles électorales ? Que ceux qui n’en sont pas soient désormais applaudis par les électeurs, pour de bonnes ou de mauvaises raisons d’ailleurs, me semble plutôt logique. Qu’ils soient extrémistes, ce qui n’est pas toujours rassurant, peut-il étonner ces oligarques qui, dans leurs propos mêmes, sont parfois d’une violence, d’une arrogance, d’un mépris qui ne sont guère à l’image de leur « modération » supposée et autoproclamée ? Quand on entend les mots d’un Juncker ou d’un Martin Schulz, tous deux d’étiquette opposée mais de pensée similaire, on est en droit légitime de se demander qui sont vraiment les extrémistes ! L’article de M. Colombani lui-même n’est pas exactement une preuve de « mesure » ni d’équilibre, et son hubris (encore un mot grec : vais-je être taxé de « helléno-populisme » ?) n’est guère rassurante…

    Quant au « national-populisme », il est devenu une explication un peu facile aux velléités d’indépendance nationale mêlées de souhaits de justice sociale au sein des Etats : or, l’Union européenne ne sera viable et solide que si elle s’appuie, non sur les idéologies du Marché et de la libre concurrence, mais sur les réalités et les diversités nationales et populaires, et si elle respecte la libre souveraineté des Etats, leur indépendance qui, comme le faisait remarquer justement Maurras, est « la plus précieuse des libertés humaines », la condition première (mais pas toujours suffisante car il faut aussi un Etat digne de ce nom et de ses devoirs) de l’existence des libertés publiques et privées des citoyens.

    Quant aux royalistes français, ils n’oublient pas que, à de multiples reprises dans l’histoire de notre pays, ils ont noué alliance avec des mouvements ou des personnes fort éloignés de leurs idéaux dans le seul but de servir le pays et ses habitants, y compris avec ceux qui apparaissaient leurs plus violents contradicteurs. Déjà, dans les années 1908-1909, le républicain Georges Clemenceau s’inquiétait de l’alliance apparemment contre-nature des Camelots du Roi avec les anarchistes, et un autre Georges, Bernanos, racontait quelques temps après que, enfermés ensembles en prison, monarchistes et syndicalistes révolutionnaires entonnaient, successivement, le « Vive Henri IV » (chant traditionnel des royalistes) et « l’Internationale », tandis que d’autres se retrouvaient au sein du fameux « Cercle Proudhon » qui horrifie tant les Colombani de toutes les époques !

    Cela étant, je rappelle que, justement, je n’ai guère d’accointances idéologiques avec les marxistes grecs ni avec les helléno-nationalistes, et que le « national-populisme » ne peut être, à long terme, une situation heureuse : mais je n’hésite pas, sans doute au grand dam des Colombani à triste figure, à écouter les autres et à prendre la main qui se tend de l’autre côté de la barricade sans y perdre mon âme et mes idées. National-populisme ? Plutôt un « nationisme » (selon l’expression de Pierre Boutang, monarchiste gaulliste des années 60) raisonné et actif, en attendant le Prince capétien qui incarne la nation et ses peuples sans avoir besoin d’être ni nationaliste ni populiste...

    (à suivre, ce soir ou demain : mes réponses aux deux autres arguments de M. Colombani )

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • Les associations immigrationnistes : les Thénardiers de « Big Other »

    Le culte de « Big Other », la préférence pour l’autre, telle est l’idéologie qui nous gouverne, selon Jean Raspail.(*) « Big Other » a ses relais dans les médias. Il y a aussi les associations qui le servent et qui en… vivent. Julius Muzart présente ici un triptyque d’études démasquant le fonctionnement réel du DAL (Droit au logement), de Médecins du monde (MDM), du GISTI (Groupe d’information et de soutien aux immigrés), de SOS Racisme.

    Edifiant. Polémia présente ici ces quatre études, exposées en trois articles édités ci-après, sous le présent titre commun : Les associations immigrationnistes : les Thénardiers de « Big Other »


    C’est devenu – hélas ! – un lieu commun : entre le pays réel et l’élite autoproclamée qui le gouverne, le divorce est aujourd’hui consommé.

    Entre la société civile qui travaille, aspire à la paix, à la sécurité, à un avenir heureux pour ses enfants, et les pouvoirs apparents ou réels qui décident à sa place, on cherche en vain aujourd’hui une communauté de pensée, d’intérêt et même de langage.

    Eh bien, dans le monde associatif de notre pays, il en va de même que dans la société en général.

    Il y a, en France, peu d’institutions qui bénéficient d’un capital de sympathie comparable à celui de « l’association. » A juste titre.

    L’association, c’est à la fois l’expression et l’outil de la liberté, l’école de l’initiative, le support de toutes les formes de créativité et de l’ouverture désintéressée vers autrui. Du moins en ce qui concerne la très grande majorité des 1,3 million d’associations actives en France.

    Mais le monde associatif présente également certains aspects plus troubles. C’est le cas, par exemple, quand des associations oublient que leur caractère devrait demeurer non lucratif.

    Les associations « agents d’influence »…

    C’est le cas également quand une partie du monde associatif se met au service exclusif d’un parti politique, et en devient le porte-parole occulte, ou quand il se met au service d’une ligne idéologique et se mue en « agent d’influence ».

    Les exemples foisonnent dans notre pays. Les associations que l’on pourrait appeler « d’influence et de combat » sont sur tous les fronts : en premier lieu l’éducation, mais aussi le « social », le domaine culturel, et, bien sûr, la question de l’immigration.

    Leur outil principal : médiatisation et désinformation

    Sous le couvert d’objectifs humanitaires ou de l’ « antiracisme », plusieurs associations se consacrent, depuis une quarantaine d’années, aux combats idéologiques et à l’action d’influence politique, avec, comme outil principal, la médiatisation et la désinformation.

    Pour le plus grand profit des formations politiques de gauche ; pour le plus grand profit, aussi, des acteurs de la mondialisation économique.

    Accessoirement, pour le plus grand profit… des associations concernées elles-mêmes, dont les liens avec les pouvoirs qu’elles servent ne sont pas seulement intellectuels : en France, 20% seulement des associations monopolisent la totalité des subventions publiques.

    Nous nous sommes donc efforcés d’y regarder de plus près, en premier lieu en ce qui concerne les associations d’influence et de combat immigrationnistes.

    Julius Muzart, 3/07/2015

    Note :

    (*) Le « Camp des Saints » (de Jean Raspail) plus que jamais assiégé

    Voir aussi :

    Les associations immigrationnistes : les Thénardiers de « Big Other » (1/3) – (SOS Racisme)
    Les associations immigrationnistes : les Thénardiers de « Big Other » (2/3) – (GISTI et MDM)
    Les associations immigrationnistes : les Thénardiers de « Big Other » (3/3) – (DAL

    http://www.polemia.com/les-associations-immigrationnistes-les-thenardiers-de-big-other/

  • À l’Éducation nationale, les cancres boursiers passent devant les bons élèves

    Les ravages de l’égalitarisme relèvent de l’innommable.

    Pour les élèves sortant tout juste du collège, l’affectation dans un lycée ou dans un autre constitue un moment décisif et hautement compétitif – une dure et néanmoins saine initiation à cette société hyper-concurrentielle où ils atterriront bientôt.

    Jusqu’à une date récente, l’affectation reposait sur deux critères majeurs : les notes et la localisation géographique du domicile familial. Cette époque semble, hélas, révolue. Un troisième critère s’est imposé en 2008 : les revenus du foyer. Selon un proviseur dont Le Figaro rapporte les propos, un élève boursier avec 10 de moyenne en 3e peut ainsi passer devant un « nanti » qui a 16 lorsqu’il s’agit d’intégrer les établissements les plus prestigieux. On mesure, là, le degré de faillite extrême où notre pays est parvenu.

    Les ravages de l’égalitarisme relèvent de l’innommable. Sous l’impulsion de la gauche comme de la droite (faut-il rappeler qui était au pouvoir en 2008 ?), éprises toutes deux de cette chimère qu’est la mixité sociale, on s’est attaqué au caractère salutairement concentrationnaire de la géographie scolaire. Il était pourtant indispensable, pour former l’élite, que certains grands lycées rassemblent en leur sein une excellence homogène, immêlée d’une médiocrité nécessairement pernicieuse et, osons le dire, intellectuellement contaminante.

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  • L’art contemporain est un mécanisme provocateur et financier

    Aude de Kerros, artiste et auteur de Sacré art contemporain, répond à L'Homme Nouveau à propos de la réalisation d’Anish Kapoor dans les jardins du château de Versailles : le « Vagin de la Reine ». Extrait :

    "C’est un piège, comme d’habitude. C'est un chef-d'œuvre dans son genre puisque son but est de piéger les médias et le spectateur. Cela implique de générer un scandale, de créer de l'événement et un intérêt médiatique : le « Vagin de la Reine » fonctionne très bien. Lorsqu’une œuvre contemporaine est fabriquée, l'artiste pense « les Français seront blessés si l’on s’attaque à leur patrimoine ». Celle-ci a été faite il y a longtemps, et elle a changé de nom pour l'occasion, afin qu’elle ait un rapport avec son contexte.

    Chaque réaction augmente la valeur de cet objet, qui n'est en réalité qu'un produit financier. L'art contemporain se résume à ça. [...] C’est pour l'artiste la seule manière de créer un produit financier : il faut choquer. [...] Le scandale ne réside pas dans le « Vagin » lui-même, mais dans la complicité de l’État français. L’art contemporain n’en est pas un : il est conceptuel, et veut profiter de son contexte, mais l’œuvre en soi est sans intérêt. Tout cela constitue un vaste montage financier et mondain entre le grand collectionneur, les institutions et l’artiste, ou devrais-je dire le producteur car en lui-même et sans les autres acteurs il n'existe pas. Il n'a aucune autonomie.

    L’artiste dit lui-même qu’il voulait mettre du "chaos" dans l'ordre : la provocation est-elle une caractéristique de l'art contemporain ?

    L’art contemporain est effectivement un mécanisme provocateur et financier. Le but est de fabriquer de la médiatisation pour avoir de la cote. Lorsque les gens l’auront compris, ils pourront faire la différence avec l'Art. [...]

    Tout cela relève d'une entreprise de destruction de la civilisation, au sein d'un marché financier gigantesque. Et ça continuera aussi longtemps que les gens ne voudront pas comprendre.

    [...] Le problème est qu’il faudrait démonter intégralement le système, et se tourner vers le gouvernement : il doit se justifier ! Combien est-ce que cela coûte aux contribuables ? Pourquoi les artistes français ne sont-ils pas sollicités, si ce n’est parce que leurs œuvres n'atteignent pas le million de dollars ? Nous devons leur demander des comptes. Et pourquoi Anish Kapoor a-t-il eu droit à la légion d'honneur ? Pourquoi lui a-t-on livré Versailles sur un plateau d’argent ? [...]"

    Michel Janva

  • Référendum et démocratie directe, de l'antique Athènes à la Grèce

    La question grecque rappelle, d'une certaine manière, le débat autour de la Constitution européenne de 2005, avec les mêmes tensions, les mêmes slogans, les mêmes peurs... A lire ou entendre les européistes, le référendum grec est un scandale, voire une forfaiture, et certains parlent même de « déni de démocratie » : toujours le même problème de la définition et de la compréhension du terme de démocratie !

    Quelques éclaircissements me semblent nécessaires pour comprendre de quoi l'on parle : l'étymologie du mot, d'origine grecque, et l'histoire même d'Athènes peuvent y aider. Le mot signifie « le pouvoir du peuple », nous dit-on dans les cours d'éducation civique, mais il faut préciser les choses : le grec « démos » désigne le peuple, mais non la population entière d'un lieu, seulement les citoyens de la cité, et ces derniers, dans l'histoire antique d'Athènes, dans le court laps de temps où elle se veut démocratie (environ un gros siècle), ne seront jamais plus de 15 % des habitants de l'Attique (les 85 % restants comprenant les femmes, les enfants, les étrangers pourvus du statut de « métèque », et les esclaves, moteurs de l'économie antique). Ainsi, la base de la démocratie athénienne est fort étroite, purement interne (ce que renforcera encore Périclès avec un droit du sang très restrictif). Mais elle est la source de tout pouvoir politique et de toute légitimité, pense-t-on alors, malgré la faible proportion de citoyens, et même de citoyens actifs, l'abstention étant déjà un problème que Périclès essaiera de résoudre en créant une indemnité, le misthos, qui devait permettre à tous (y compris les plus pauvres), dans l'idéal, de participer aux réunions de l'ecclésia (l'assemblée du peuple) et aux institutions politiques et judiciaires de la cité.

    En fait, le verbe « kratein », qui forme l'autre partie du mot démocratie, est assez ambigu : il signifie « dominer » ou « l'emporter sur », si j'en crois les hellénistes, et non seulement « diriger » comme pourrait laisser entendre une traduction un peu trop rapide. Ce qui signifie que la démocratie, dans son sens littéral, serait « la domination du peuple des citoyens » : mais, sur quoi ? Sur la cité, certes, et donc sur sa ligne de conduite, sa stratégie, son destin. En ce sens, le référendum grec de dimanche ne déroge pas à la tradition issue de l'Athènes de Clisthène et Périclès, puisque c'est le corps électoral du pays (les électeurs autochtones), le « peuple des citoyens », qui va voter et décider de son propre destin, indépendamment des décisions prises à Bruxelles ou à Berlin par des experts, par des représentants des institutions européennes et par les représentants (parfois issus de votes démocratiques dans leur pays) des autres démocraties de l'Union européenne.

    De plus, le référendum renvoie à la pratique démocratique ancienne d'Athènes du vote sur la Pnyx, cette colline qui recevait l'ecclésia et sur laquelle se prenaient, par un vote direct des citoyens présents, les décisions qui engageaient la cité, des grands travaux publics jusqu'à, même, la guerre ! Une forme de démocratie directe (fort différente de la démocratie représentative qui domine largement en Europe) qui, à dire vrai, n'a pas toujours été la plus lucide mais qui avait au moins le mérite de responsabiliser les citoyens et de leur donner l'impression (pas toujours fausse, loin de là) de détenir une part du pouvoir de la cité, au risque, aussi, d'en menacer même la pérennité : la démocratie d'Athènes a, disent quelques historiens, « consumé brillamment ce que les siècles aristocratiques avaient engrangé », consumé sans doute par une arrogance « démocratique » malvenue mais encore très répandue aujourd'hui dans nos propres démocraties, pourtant représentatives (c’est-à-dire, en fait, oligarchiques), persuadées d'avoir raison et d'être « le Bien absolu et universel ».

    Néanmoins, cette forme de démocratie est indéniablement créatrice, qu'on le veuille ou non, d'une certaine légitimité, au moins populaire (même si celle-ci n'est ni la seule ni la plus sûre...) : d'ailleurs, peut-on gouverner sans que les citoyens soient, périodiquement, appelés à se prononcer sur tel ou tel aspect de la politique générale ? Personnellement, je ne le pense pas, surtout aujourd'hui. Cela étant, se prononcer ne veut pas forcément dire commander, et c’est aussi pour cela que je suis royaliste, pour établir un équilibre nécessaire entre l’Etat lui-même, arbitre suprême et grand décideur, et le peuple, que je souhaite co-souverain plutôt que souverain unique, en particulier par des institutions d’expression et de décision politiques largement « décentralisées ». Mais la démocratie directe, par le référendum, indique quelques tendances lourdes de l'Opinion ou quelques inquiétudes, plus rarement des propositions, qui sont plutôt l'apanage des politiques.

    Aussi, même si la démocratie directe ne « fait » pas la vérité, elle créé ou incarne, au moins provisoirement, une réalité qui ne peut pas être si facilement contournée sans risquer d'affaiblir toute volonté ou toute pratique de l’État en place. Le danger serait d'y voir la source de toute légitimité ou de s'en servir comme moyen d'étouffer toute opposition : l'exemple napoléonien et la pratique hitlérienne, entre autres et aussi différents soient-ils (je ne confonds évidemment pas les deux époques, les deux hommes, les deux histoires !), ont montré que les citoyens peuvent aussi être tentés, en certaines circonstances, de valider des politiques qui se parent d'un « bouclier » démocratique pour faire accroire qu'elles sont justes... Là encore, la nature même de l’État (dictatorial ou représentatif, républicain ou monarchique, etc.) ou de l'organisation de la Cité « légitime », ou non, la démocratie directe et l'emploi de « l'appel au peuple ».

    Pour ce qui est de la Grèce, le recours au référendum me semble tout à fait intéressant pour dénouer une situation, dans un sens ou un autre, et partir sur des bases qui ne méconnaissent pas les réalités humaines et sociales quand l'économique a trop prévalu et ensauvagé le dialogue politique : la colère des dirigeants de l'Union européenne et de ses institutions qui a accueillie l'annonce du référendum, l'autre jour, est très révélatrice de la peur qu'éprouve « l'Europe légale » à affronter les souffrances et les inquiétudes de « l'Europe réelle ».

     

    Ce référendum va-t-il, pour autant, tout régler ? Évidemment non ! Mais il va peut-être bien forcer les élites et les peuples à repenser le politique au sein de l'Union européenne et de ses pays, et à refonder la politique à travers les États, les nations et les peuples... Et, sur ce sujet, les royalistes ont tant de choses à dire, à proposer, à faire, à fonder, qu'il serait dommage de ne pas les écouter : à eux, désormais, de se faire entendre !

    (A suivre : 1. La démocratie directe et les royalistes ; 2. la démocratie directe possible en Monarchie)

    http://nouvelle-chouannerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1234:referendum-et-democratie-directe-de-lantique-athenes-a-la-grece-contemporaine&catid=49:2015&Itemid=60